Chapitre 26 - Amour

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Tiliana avait fini par s'endormir, complètement épuisée. Il chevaucha pendant près de six heures sous une chaleur écrasante, avant de faire une pause. Il fut obligé de la réveiller pour pouvoir mettre pied à terre. Elle réussit à descendre toute seule, mais il dû l'aider à marcher pour aller se mettre à l'ombre. Il plia la couverture et l'attacha à l'arrière de la scelle.

— Je vais amener le cheval s'abreuver, il y a une source un peu plus loin. Tiens, avale ça, je ne sais pas depuis combien de jours tu n'as rien avalé, mais tu dois avoir faim.

Elle récupéra le bout de pain dur qu'il lui tendait, et le regarda s'éloigner, avant de découper un petit bout de mie et de le fourrer dans sa bouche en mâchant doucement afin de ne pas s'étouffer.

Lucas laissa les animaux boire, avant de les attacher à un arbre en leur laissant la bride assez longue pour qu'ils puissent brouter. Tiliana avait presque finit la maigre portion qu'il lui avait donné. Il aurait voulu faire plus mais ne sachant pas combien de temps ils allaient être en fuite, il fallait qu'il économise les rations.

— Comment tu te sens ? Demanda-t-il en s'accroupissant pour se mettre à sa hauteur.

— Sale, transpirante, mais je crois que je vais un peu mieux.

Bien qu'elle ait toujours le teint aussi pale et d'énormes cernes, ses yeux avaient retrouvé une petite étincelle de vie. Il commença à examiner ses plaies une à une, les égratignures qu'arboraient sa peau étaient nombreuses mais superficielles. Il se maudit en voyant les plus récentes qui avaient sans aucun doute étaient causées par la manière dont il l'avait traité pour la faire sortir de sa prison. Quatre blessures semblaient plus importantes, dont deux aux jambes, plus profondes, mais pas mortelles. Elles l'avaient autant affaiblies que les privations et les mauvais traitements qui lui avaient été infligés. Tiliana n'eut aucune réaction, et se laissa faire jusqu'à ce qu'il essaye de la déshabiller pour examiner son dos. Lucas sentit la main sur sa joue avant même de la voire partir. La brulure le surpris autant que la réaction vive de la fille qu'il pensait presque amorphe l'instant d'avant.

Le visage de Tiliana s'était fermé. Elle se recula encore contre le tronc d'arbre. Stupéfait, il porta la main à sa joue et caressa la trace qu'elle y avait laissée. Prudemment, il refit une tentative, et essaya de la tirer vers lui, mais elle se débattit de plus belle, repoussant chacune de ses tentatives.

— Arrête ça ! Je veux juste regarder tes blessures ! Lui ordonna-t-il d'un ton ferme.

— Ne me touche pas !

— Qu'est-ce qu'il y a ? C'est parce que c'est ton dos ? J'ai déjà vu tes cicatrices, et tu le sais !

— Ce n'est pas une raison pour que tu les vois à nouveau, ni pour que tu me vois nue !

Il ferma les yeux, et tenta de se calmer.

— ça suffit ! Ne fais pas l'enfant ! Je veux m'assurer que tout va bien.

— Oh que non ! Je n'ai rien, alors laisse moi tranquille !

Il ne supportait plus son entêtement. Tiliana se sentit soulevée de terre, une fois de plus. Elle essaya de griffer et de frapper, sans vraiment viser, mais il n'eut pas l'air de se rendre compte de la moindre de ses attaques, et continua à avancer.

— Oh non, non, non ! Cria-t-elle en voyant la rivière se rapprocher dangereusement.

Elle vola un instant dans les airs avant que l'eau froide ne la saisisse complètement. Elle refit surface en toussant et en crachant, et essaya de se mettre debout sans succès. Ses blessures lui faisaient mal, et ses forces n'étaient pas revenues en quelques heures. Elle bu la tasse à plusieurs reprises, et paniqua en voyant Lucas rentrer à son tour dans l'eau. Il avait enlevé sa tunique et ses bottes et semblait plus déterminé que jamais. Elle se retrouva collée contre son torse aux muscles parfaits, et s'agrippa à son cou, pour réussir à garder la tête hors de l'eau, en continuant à toussoter après avoir avalé plusieurs fois de travers. Il enroula les jambes de Tiliana autour de sa taille, et d'un coup sec, tira au niveau de la nuque sur l'habit de la jeune fille qui se déchira de haut en bas, dévoilant ses épaules et son dos. Il repoussa les morceaux de tissus qui le gênaient pour apercevoir ce qu'il recherchait. Son doigt suivit la courbe de l'une des longues marques qui lui zébraient le dos, jusqu'à la courbe de sa hanche, en passant sur son omoplate. Les cicatrices étaient anciennes, mais la peau abimée était restée sensible, et elle était beaucoup trop délicate, pour vivre comme elle le faisait.

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant