Tiliana d'Ovra - Les Sans Peuple

Chapitre 17 - Sauver l'enfant

Tiliana ne ressentait aucune peur. Elle avait réussi à dénicher une monture négligemment attachée devant une auberge de la ville basse, et avait chevauché jusqu'ici. Elle l'avait attiré à elle, et n'avait pas abaissé sa lame pour rien.

— Et maintenant, Votre Altesse, que va-t-il se passait ?

Elle avait parlé d'une voix si calme et si posée que Lucas desserra automatiquement sa poigne, et elle en profita pour finir de se dégager en lui frappant l'intérieur du coude d'un petit coup sec. Il prit son temps pour répondre, il ne pouvait s'empêcher de se demander comment elle avait fait pour se rétablir en si peu de temps après avoir pris une flèche. Son visage était certes un peu plus pale que d'habitude, mais elle semblait en forme.

— Je vais relâcher l'enfant, et vous disparaitrez tout les deux. Je ne veux plus le revoir. Quand à vous, lorsque nous nous retrouverons, je ne vous laisserai plus vous échapper.

— Je vais donc à mon tour vous dire ce qu'il va se passer. Je vais libérer mes hommes. Chacun d'entre eux. Et lorsque ce sera fait, nous disparaitrons.

Lucas sentit ses muscles se tendre. Il lui offrait une porte de sortie, alors pourquoi ne l'acceptait-elle pas, pourquoi lui en fallait-il toujours plus ?

— Vous savez pourquoi. Vous feriez de même s'il s'agissait de vos soldats.

Elle tourna vers lui un regard énigmatique.

— Et vous ne me laisseriez pas les libérez.

— Tout dépend des circonstances.

Elle se rapprocha de lui, et fixa son visage aux traits nobles.

— Quoi qu'il en soit, vous ne pouvez libérer Tory. Si l'un de vos soldats vous voit faire, votre accession au trône et votre avenir pourrait en être compromis, et cela ne doit pas arriver.

Lucas baissa la tête vers elle. Leurs visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

— Vous semblez beaucoup vous intéresser à mon avenir, jeune Princesse d'Ovra.

Elle se mit sur la pointe des pieds, collant son nez à celui de Lucas, elle murmura dans un souffle.

— Vous semblez l'ignorer. Votre avenir nous concerne tous, Lucas d'Arcin. Vous êtes bien plus important que ce que vous pensez. Et vous prenez bien trop de risques.

Le cœur de Lucas s'était accéléré au moment même où elle avait rapproché sa bouche de la sienne. Il ne pouvait détacher ses yeux des lèvres délicatement charnues sur ce visage aux traits réguliers.

— En ce moment, je ne saurais dire qui de vous ou de moi prend le plus de risque.

— Je vais vérifier ça tout de suite.

Ses lèvres étaient douces et chaudes. Lucas les embrassa avec une fougue contenue, et elle mit fin à ce baiser bien trop vite pour qu'il ait pleinement le temps de le savourer. Elle posa une main sur son torse, le repoussa, et prit un air moqueur.

— Comme je vous le disais à l'instant, vous devriez faire plus attention à vous, Votre Altesse. Voilà que vous vous laissez embrasser par votre ennemie sans même chercher à vous défendre.

— Si ce n'est que ça. Le risque était mesuré.

— Je ne crois pas non. Vous ne connaissez pas vos amis de vos ennemis, et vous devriez vous méfier de tout le monde, en particulier des vôtres.

— Qu'entendez-vous par là ? Demanda-t-il, à nouveau sérieux.

— La flèche qui m'a atteint ne m'était pas destinée. C'était vous qu'il visait. Et cela ne provenait pas de mes hommes.