Chapitre 16 - Tory

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Lucas attrapa Tory par le col et le remis sur pied en le soulevant à la force d'un seul bras. Sur les habits du garçon, la boue se mélangeait maintenant au sang qui coulait de son nez et des différentes écorchures qui ornaient ses jambes et ses joues. Il eut un haut le cœur. C'était un gosse. Il n'avait rien à faire là. Comment s'était-il retrouvé dans ce maudit chariot ?

Il l'avait pourtant bien vu partir se cacher bien avant l'attaque. Si des soldats entrainés avaient peu de chance de s'en sortir, lui n'en avait aucune. Vu son âge et sa corpulence, il ne survivrait même pas à son passage par les cachots. Lucas relâcha brusquement son étreinte en remarquant qu'il tenait le jeune garçon depuis un peu trop longtemps et que les regards commençaient à se porter sur eux.

— Tu vas bien mon garçon ?

Tory lui jeta un regard mauvais.

— Je ne suis pas votre garçon. Laissez-moi passer, je veux aller avec les autres.

— Bon, très bien ! Mais avant, dis-moi ce que tu fais là. Je t'ai pourtant vu partir, dit-il à voix basse.

— Je n'abandonnerai jamais Tiliana ! Je vous déteste !

— Et bien au moins c'est dit. Viens avec moi.

Il lui attrapa le bras et le tira sans difficultés un peu plus loin, dans un endroit moins exposé, à l'abri des regards. Les récriminations de Tory n'y firent rien, il fut obligé de suivre Lucas. Arrivée derrière un arbre au tronc assez épais pour les dissimuler tous les deux, le jeune prince le laissa se dégageait d'un coup d'épaule et reçu un coup de pied dans le genou sans se plaindre.

— Calme-toi ! Finit-il par dire enfin. Je ne vous ai pas apporté à manger en douce à ta sœur et à toi pour te laisser mourir ici. Tu es encore jeune, tu n'as rien d'un soldat.

— Je suis assez dangereux pour vous tuer si vous essayez de me toucher. Et Tiliana m'a toujours dit que j'étais un excellent guerrier.

Lucas étouffa un juron. Pourquoi fallait-il toujours que la présence de cette fille complique les choses.

— D'accord. Alors, mettons les choses au clair. Je vais essayer de te faire partir d'ici. Si tu t'évades, personne ne le remarquera. Tu passes quasiment inaperçu. Je ne peux pas t'aider tout de suite. Les gardes m'ont vu te relever. En revanche je peux t'aider à quitter le convoi la nuit avant que nous n'arrivions à Erramore. Tu n'auras qu'à rejoindre la ville et te faire discret pendant quelques temps.

— Jamais ! Je ne ferai pas ça ! Ecoutez, je vous suis très reconnaissant de nous avoir aidés à survivre, mais je n'abandonnerai pas les autres. Je reste avec eux. Maintenant, ramenez-moi là bas.

Il ne pouvait se résoudre à le laisser marcher vers sa mort. De grès ou de force, il arriverait à le faire partir du convoi. Cet enfant était décidemment beaucoup trop entêté.

— Tu n'aurais pas un lien de parenté avec ta précieuse Tiliana ? Ironisa-t-il.

— Non pourquoi ? Demanda Tory un peu surpris.

— Oh pour rien. C'était juste une question.

Il le ramena en le tirant et le poussant jusqu'au groupe de prisonniers, et le fit s'assoir avec les autres, qui regardait le déblaiement du chariot en tremblant de froid, de peur et de fatigue.

— Que te voulait-il ? Demanda un jeune homme au visage poupin à Tory lorsque Lucas se fut éloigné.

Coulant un regard en coin vers les gardes qui les surveillaient afin de vérifier qu'ils ne les entendent pas, il prit son temps pour répondre.

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant