Chapitre 4 - Promenade d'anniversaire

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Dans la semaine, le prince entreprit de renforcer la garde du château, dispersant un plus grand nombre de soldat sur les murailles et dans les rues de la cité. Chacun eut pour consigne de rester vigilent jusqu'à nouvel ordre. Dans le même temps, il lança de nombreuses expéditions dans la forêt de Torcil et affecta des équipes à la surveillance de la frontière, le long de la grande rivière Corail et des chutes d'eau de Banrock qui traversaient la foret d'Est en Ouest. Si un nouvel ennemi se cachait réellement sous ces arbres, ils le trouveraient.

Sur ordre du roi, qui prit des mesures suite aux révélations de son fils, la surveillance de la zone noire fut elle aussi renforcée. Chaque Sans Peuple devait s'identifier et fournir une raison valable à chaque déplacement, avant de quitté cette partie de la ville.

Les patrouilles ne mirent pas longtemps à revenir en rapportant d'inquiétantes nouvelles. Des éclaireurs du royaume d'Ovra étaient régulièrement aperçus sur leurs terres et pourchassés, ce qui n'empêcha pas le peuple d'Arcin de continuer à vaquer tranquillement à ses occupations sans que la vie paisible qu'ils menaient ne connaisse aucune perturbation.

Comme il l'avait promis à sa sœur, Lucas s'employa à passer plus de temps avec elle. Il l'emmena aux écuries, lui permettant de s'amuser à tresser les crinières de Krigan, qui n'apprécia que moyennement de se retrouver transformé en poupée. Il lui proposa même de grimper sur le devant de sa scelle et l'emmena faire une promenade en ville. La petite fille s'émerveillait de chaque nouveauté qui était portée à sa connaissance, une nouvelle étoffe, un bracelet, un collier de fleurs tressées, tout lui paraissait merveilleux. Rien ne pouvait être plus pure que les yeux pétillants de cette enfant.

Son anniversaire approchait, et elle ne manquait pas une occasion de le rappeler à son frère afin qu'il se remémore la promesse qu'il lui avait faite dans la bibliothèque. Ce dernier éluda le sujet tant qu'il le put, mais vint un jour où il ne put plus l'éviter. Il finissait l'entrainement à l'épée quotidien et était en train de discuter avec le soldat le plus méritant lorsque deux bras tout fins lui enserrèrent la cuisse. Il baissa la tête pour rencontrer le regard vif et pétillant de sa sœur.

— C'est demain, tu sais. Lui dit-elle en interrompant sa conversation, un immense sourire sur le visage.

— Quoi donc ? Répondit Lucas en faisant mine de ne pas comprendre.

— Mon anniversaire. C'est demain que tu dois m'emmener en dehors de la cité, tu me l'as promis.

Il soupira et souleva la petite fille, la prenant dans ses bras, il caressa affectueusement ses fins cheveux bruns.

— Tu ne me rends pas la tache facile Astride. Mais je n'ai qu'une parole. Nous irons nous promener, mais seulement sous bonne escorte, et nous ne nous éloignerons pas trop. C'est compris ?

— D'accord. Est-ce que Sir Valentin pourrait venir avec nous ?

Lucas réprima un fou rire. Sa sœur avait le don de choisir ses amis. Valentin était l'un de ses plus fidèles soldats, l'un des meilleurs, aussi. Il lui aurait confié sa vie sans aucune hésitation.

— Je lui demanderai s'il serait d'accord pour nous accompagner.

— Oh oui ! C'est le plus beau ! Et il est tellement gentil !

Cette fois-ci, le prince ne put se retenir et partit d'un rire franc et sonorre. Et dire que sa sœur allait sur ses huit ans, elle ne se rendait pas compte du sens de ses propos.

Astride obtenait toujours plus que ce qu'elle pouvait espérer. Ils partirent le lendemain matin à l'aube, pour ce qui s'annonçait être bien plus qu'une sortie d'une heure. Lucas avait prit la petite fille en croupe, et deux gardes, en plus du fameux et tant désiré Valentin les accompagnaient. Ils chevauchèrent une bonne partie de la matinée. Encore une concession de dernière minute qui avait été faite. Ils faisaient maintenant route vers la haute plaine bordant la lisière Sud Ouest de la forêt. Cette partie était la plus éloignée du Royaume d'Ovra, ce qui les mettait en sécurité. Le chemin de terre qu'ils suivaient depuis trois bonnes heures déboucha bientôt sur une immense prairie verdoyante, où poussait une quantité impressionnante de coquelicots. Toute excitée par cette liberté relative qui s'offrait à elle, la fillette mit pied à terre en sautant avant même que son frère n'ait esquissé un geste pour l'aider à descendre du grand étalon.

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant