Chapitre 28 - Les bandits

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Lucas avait essayé de faire abstraction du corps de Tiliana collé contre le sien, mais son regard était irrémédiablement attiré par la naissance de sa poitrine bien trop dévoilée par la chemise trop grande qui lui tombait sur les épaules. Elle ne s'était pas rendormie, mais ils n'avaient plus échangé un mot depuis qu'ils étaient partis. La jeune fille était plongée dans ses pensées, et Lucas n'avait aucune envie de briser le silence qui s'était installé.

La nuit commençait à tomber, et le cheval de guerre qu'ils chevauchaient avait diminué sa vitesse de moitié. Il était temps pour eux de faire une nouvelle halte. Au loin, à travers les cimes des arbres, les hautes silhouettes des montagnes leurs apparaissaient, nettes et majestueuses. La pointe blanche des sommets tranchée avec la verdure environnante et les lueurres d'un petit village qui rayonnaient à flan de colline. Seule une cinquantaine de kilomètres se dressaient encore entre eux et le relief montagneux. Tiliana s'occupa d'amasser un petit tas de branche et d'allumer un léger feu de camp, pendant qu'il s'occupait de la monture.

Elle était en train d'alimenter la faible flemme lorsque la couverture dans laquelle elle avait passé la mâtiné l'enveloppa à nouveau, et la bouche de Lucas se posa à l'arrière de sa nuque. Il s'installa assis derrière elle, et elle se cala contre lui les yeux fixés sur le fruit de son travail qui luisait maintenant dans la nuit.

— Louve est plus confortable que toi, finit-elle par dire, et son pelage est beaucoup plus doux.

— Est-ce que tu es en train de me comparer à un animal ?

— J'en ai assez de cette couverture !

Elle tenta de l'écarter et de se lever, mais il la retint par le bras et elle retomba sur les fesses.

— Tu permets, j'aimerai faire quelques pas et me dégourdir un peu les jambes.

— D'accord, mais il est hors de question que je te laisse debout seule. Ce matin encore tu étais trop faible pour faire plus de dix pas. Je ne veux pas prendre de risque.

Tiliana inclina légèrement la tête sur le côté, hésitante. Elle était heureuse qu'il se montre aussi attentionné, mais elle avait le sentiment de n'avoir que trop baissé sa garde. Elle commençait à perdre de vue son plan initiale, et elle ne pouvait pas se le permettre.

— Je ne suis pas une petite fleur sans défense que tu dois protéger. Je peux faire un tour seule.

— Non, effectivement, tu n'en es pas une, mais ça ne m'empêchera pas de le faire quand même, répliqua-t-il en accompagnant son mouvement lorsqu'elle se mit debout.

Il lui prit le bras de force, et se mit à marcher à côté d'elle.

— Lucas, qu'est-ce que tu comptes faire exactement une fois que tu auras vu le livre ?

— Rentrer à Erramore, et aider mon peuple, répondit-il sans hésiter.

Elle laissa ses pensées dériver, essayant de se persuader qu'elle était soulagée qu'il ait de telles intentions, mais une part d'elle avait espéré qu'il évoque leur relation naissante, qu'elle n'arrivait pas à définir. Au moins, cela aurait le bon côté de lui éviter de faire un choix.

Un craquement tout prêt brisa le calme de la nuit qui les entourait. Ils tournèrent la tête de concert dans la direction d'où était venu le bruit. Il faisait trop sombre, et la forêt était trop dense pour qu'ils parviennent à discerner quelques choses. Tiliana plissa les yeux. Son quatrième sens, décuplé par l'animal qui vivait en elle était complètement éveillé, ils étaient épiés.

— Nous ne sommes pas seuls, murmura-t-elle pour elle-même.

La main de Lucas s'était portée instinctivement sur le pommeau de son épée attachée à sa ceinture. Il la lâcha et s'avança prudemment entre les troncs.

Tiliana d'Ovra - Les Sans PeupleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant