Trono - Parte Due

L'origine del male - L'origine du mal

Deux jours après le mariage, nous sommes toujours à Messine dans la maison de famille des Giovanelli.
La fête s'est terminée hier avec seulement une petite centaine d'invités, au retour de la merveilleuse soirée en l'honneur de ma belle-sœur et mon collaborateur. Ils étaient conviés à un repas simple dans l'immense véranda de la maison où le soleil d'avril nous a réchauffés tout l'après-midi. Les jeunes mariés étaient magnifiques quoique simplement habillés, mais cette petite fête qui a eu rôle d'épilogue était délicieuse. Francesca ne nous a pas « honorés » de sa présence pour mon grand plaisir : après mon geste lors du mariage elle ne m'a plus adressé un seul mot mais son regard n'est plus provocateur. Elle a compris de quoi j'étais capable pour le bien de ma famille et ne s'amuse plus à me provoquer.
Cependant, je me suis à nouveau sentie mal hier soir puis ce matin vers les cinq heures. Anna et Paolo étaient dans un hôtel pas très loin alors ma cousine s'est déplacée pour venir m'apporter son médicament magique et j'ai suivi les mêmes conseils que la dernière fois : ne pas trop manger, se reposer, ne pas boire d'alcool. Pourtant, je me sens bien plus mal maintenant à quatre heures de l'après-midi.

Je me trouve sur le canapé de notre chambre qui n'est autre que celle de Cristiano étant enfant. Mon dos est appuyé dans le coin que forme l'accoudoir avec le reste du siège tandis que mes jambes sont à demi pliées sous une couverture moltonnée. Cristiano est à côté de moi, sa main gauche me passant sans cesse sur les jambes pour les masser. Il vient de m'apporter un chocolat chaud avant que nous ne commencions notre film : « Au nom du peuple italien ». Un grand classique du cinéma du siècle dernier. Nous aimons tout ce qui est classique, rétro ou vintage peu importe l'appellation, du moment que cela nous rappelle la période de vie de nos grands-parents.
Voilà trente minutes que le film défile sur la télé posée en face de nous. Cet après-midi simple est un moment peu fréquent de tranquillité dans nos vies et ça fait du bien. Simplement mon ventre se décide encore à tout gâcher en gargouillant, se tordant, bouillonnant, et se contractant sans prévenir. Malgré mes règles souvent douloureuses, je ne me rappelle pas qu'elles le furent un jour autant. Devant une nouvelle grimace de ma part, Cristiano soupire.

Cristiano: Tu ne penses pas appeler un médecin ?
Moi: Ce n'est rien, juste un coup de vent ou mes règles qui arrivent bientôt sans doutes.
Cristiano: Tu risques de mal supporter le voyage et d'être encore plus malade une fois chez nous.
Moi: Mais non... rentrer à la maison a de grandes chances de me guérir.

Au moment même où j'ai prononcé le mot « guérir », je suis prise d'un spasme horrible qui me fait me lever d'un bond pour aller aux toilettes, heureusement attenantes à notre chambre. Cristiano qui me tient les cheveux et m'aide à retourner au canapé, bien emmitouflée sous la couverture, me sert contre lui à présent en passant sa main dans mon dos. Il embrasse mon front pourtant d'une température normale puis dit :

Cristiano: J'appelle le médecin dans une minute. Il viendra ici, inutile de te faire déplacer.
Moi: Je t'ai dit que ce n'était rien.
Cristiano: Peut-être mais tu as mal et les médicaments de ta cousine ne font plus effets. Je ne veux pas te voir comme ça une semaine en attendant que cela passe.

Son ton est sans appel. Il appuie sur le bouton de la télécommande qui stoppe le film un instant et sort de la chambre pour aller près de la console dans le couloir sur laquelle il y'a le téléphone fixe et un annuaire. Quelques secondes plus tard je l'entends parler de mes symptômes et de mes maux puis convenir d'une heure avec une secrétaire. Il raccroche et revient aussitôt en fermant la porte derrière lui. Il me reprend dans ses bras, ce qui me réconforte face à la douleur et fait repartir le film.

Cristiano: Le médecin va arriver vers dix huit heures.
Moi: Merci de t'occuper si bien de moi.
Cristiano: Je t'ai fait une promesse.