Chapitre 6

5.3K 571 431
                                    

Kristal passa les deux nuits suivantes à examiner sa robe sous toutes les coutures, afin de déterminer pourquoi personne ne l'appréciait à sa juste valeur. Dame Miranda et Alisée se moquaient d'elle en silence tandis que Lyssandra était constamment obligée de passer le balai pour ramasser les brins de fil éparpillés partout. Finalement, l'apprentie couturière en vint à la conclusion qu'il lui fallait de la dentelle, ce qui fit franchement s'esclaffer Alisée.

— Nous n'avons pas besoin de nouveaux rideaux, tu sais, déclara-t-elle en s'imaginant certainement le vêtement si on le ridiculisait davantage.

— Peut-être que si, justement, rétorqua Kristal en considérant Alisée de la tête aux pieds. Étant donné que tu t'es visiblement servi de ceux de ta chambre pour ta robe...

Lyssandra devait avouer que lorsque les chamailleries des filles ne la concernaient pas, cela pouvait être assez divertissant de les suivre... surtout lorsque Dame Miranda était absente et que sa présence ne jetait pas un souffle glacial sur la pièce.

— Quand ta si sublime robe sera terminée, lança Alisée, je te défie d'aller au village avec, dès que nous pourrons à nouveau y aller.

— Parfait ! Mais je maintiens qu'il me faut de la dentelle. Lyssandra, fit-elle avec dédain, tu iras dès demain m'en chercher vingt mètres.

— Vingt mètres ? pouffa Alisée. Je ne savais pas que tu te mariais...

— Je vais de ce pas demander à Dame Miranda si tu pourras prendre le cheval, s'enthousiasma Kristal en ignorant sa pseudo soeur. Il ne faudrait pas que tu sois encore dehors s'il se mettait à pleuvoir, cela risquerait de mouiller ma dentelle...

Le lendemain matin, Lyssandra était en selle avec quarante pièces d'argent dans sa poche. Elle n'aimait pas vraiment monter à cheval, surtout que celui de Dame Miranda n'était pas la sécurité incarnée. Galbot se cabrait quand bon lui semblait et même au pas, la Neutre était si crispée sur ses rennes que faire le chemin à pied ne l'aurait pas plus fatiguée.

Quand elle arriva au croisement où elle avait trouvé Julian deux jours plus tôt, elle manqua de chuter, mais pas à cause de son canasson : elle apercevait au loin le jeune homme, avançant à pied, sans son chariot cette fois.

— Salut ! lança-t-il avec un magnifique sourire dès qu'il vit Lyssandra. Toi aussi, on t'envoie au village ?

La Neutre voulut lui répondre mais son cheval ne trouva pas meilleur moment pour faire une petite ruade. Elle retint un cri et s'accrocha piètrement à son encolure avant qu'il se décide enfin à se calmer.

— Cette bête est vraiment aussi insupportable que sa propriétaire, grommela-t-elle avant de mettre pied à terre, histoire de s'épargner une grotesque chute devant Julian. J'ai toujours détesté monter à cheval et c'est en grande partie à cause de lui.

— Je t'aiderais bien, mais je dois avouer que je n'ai pas une grande passion pour les chevaux non plus, reconnut Julian. Je n'ai rien contre ces pauvres animaux, mais eux ne m'apprécient pas tellement...

En effet, l'apparition du jeune homme semblait perturber Galbot. Ses grandes oreilles pointues étaient plaquées en arrière et il martelait le sol de ses sabots. Instinctivement, Lyssandra baissa les yeux vers le bracelet de Julian. En général, les animaux détectaient la présence des loups-garous et agissaient bizarrement en leur présence. Mais le bracelet était toujours blanc.

— Galbot est assez particulier, déclara la Neutre en espérant que son moment de doute soit passé inaperçu. Je dois aller au village acheter de la dentelle pour une de mes maîtresses et elle ne tient pas à ce que son tissu arrive trempé s'il se met à pleuvoir. Tu vas encore chercher des ingrédients pour faire des tartes aux pommes ?

Cendres de Lune [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant