Chapitre 20

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Lyssandra hésitait à se rendre chez Hilda. Elle n'était même pas certaine de parvenir à retrouver le chemin jusqu'à sa demeure, mais elle avait besoin de parler à Julian. Elle devait savoir s'il avait pu obtenir des informations sur la famille de l'alpha du Topaze.

Aucune vieille chaussure n'était déposée au pied de l'arbre du croisement. La jeune fille était pourtant adossée contre le tronc. L'écorce s'enfonçait dans sa chair, traversant le fin tissu de sa robe. Elle ne faisait pas attention à la douleur. Ses yeux étaient braqués vers la route, là où Julian avait l'habitude d'arriver. Avec un peu de chance, il allait quand même venir. Lyssandra avait décidé d'attendre au moins une demi-heure. Ses travaux au manoir pouvaient attendre, ce n'était que le début de la matinée.

La nuit passée, elle avait eu beau se coucher juste après avoir brûlé son contrat, le sommeil s'était fait désirer. Elle ne regrettait pas son geste, ce n'était pas de cette manière qu'elle voulait s'en sortir. Sans savoir pourquoi, ses pensées s'étaient malgré elle tournées vers ses parents. Elle était si proche d'en apprendre sur eux ou du moins, sur son père.

Après de longues minutes d'attente, elle allait se résoudre à partir quand elle entendit du bruit en provenance de la route. Pas du côté dont Julian serait arrivé, mais de l'autre, en provenance du village. C'étaient les martèlements de sabots d'un cheval au galop.

Se dégageant de son arbre, Lyssandra fit mine de revenir vers le sentier menant au manoir de Dame Miranda. Une Neutre n'avait rien à faire désoeuvrée et appuyée contre un arbre, par-dessus le marché. Cependant, le cheval noir se retrouva à son niveau avant qu'elle n'ait pu quitter la route. Elle s'attendit à ce que lui et son cavalier la dépassent sans ralentir, or le contraire se produisit.

— Doucement, Kat, fit le cavalier d'une voix ferme.

Levant la tête vers ce dernier, elle fut surprise de découvrir que son visage était entièrement dissimulé sous un capuchon. À sa carrure, la Neutre devina qu'il s'agissait d'un homme. Il était vêtu d'un long manteau agrafé par une broche brillante au niveau du cou. Rien d'exceptionnel, hormis le fait que les broderies au bas de la cape bleue semblaient avoir été cousues avec de l'or.

— Êtes-vous mademoiselle Lyssandra ? demanda le mystérieux inconnu d'un ton solennel.

L'intéressée avait l'impression d'avoir raté un épisode de sa vie. Qui était-il et comment pouvait-il la connaître ? Elle jeta un coup d'oeil furtif aux mains qui tenaient fermement les rênes. Son poignet droit était orné d'un bracelet rouge et chacun de ses annulaires portait une bague du Diamant. Un loup-garou, donc.

— Euh... Cela dépend... Qui la demande ? hésita-t-elle.

D'un geste assuré, le cavalier ôta son capuchon. Le visage qu'elle découvrit était d'une beauté que la Neutre aurait qualifiée de "froide". Le jeune homme ne devait avoir que quelques années de plus qu'elle. Ses cheveux étaient d'un brun très foncé et contrastaient avec son teint pâle. La plupart des gens l'auraient qualifié de très séduisant, mais il dégageait cependant quelque chose qui rebuta Lyssandra. Une froideur et un sérieux durcissaient ses traits au point qu'elle avait hâte de le voir reprendre sa route.

Ce qui la troubla le plus furent ses yeux. Des yeux d'un bleu glacier extrêmement pâle, à la limite du transparent. Elle sut immédiatement sur quelle personne elle les avait déjà vus.

— Je suis un ami de Julian, déclara-t-il d'un air bourru, comme s'il n'était pas habitué à ce qu'on lui demande des explications. Il vous a peut-être parlé d'un certain Marcus, non ?

Cendres de Lune [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant