Eil était stressée. Tout simplement stressée, au bord de la panique pure. Ses derniers jours, une bonne partie de la cour de Morglas était arrivée au palais. Le palais grouillait de visiteurs.
C'était aujourd'hui. Ses fiançailles. Dans un premier temps, elle avait été comme sur un petit nuage grâce à ce baiser partagé avec Pesket. Mais à présent elle avait cette étrange sensation que leur relation avançait trop vite. Les fiançailles, déjà ? Après seulement un seul baiser ? C'était absolument ridicule, elle le savait bien. Elle n'avait pas choisi cette union.
Elle était dans sa chambre avec des servantes qui ajustaient sa robe émeraude pour qu'elle soit sur mesure. Tor-pen, qui avait la responsabilité d'une bonne partie de la cérémonie, la rouspétait une fois de plus.
-N'oublie pas de te tenir droite. Surtout aucune improvisation. Tu fais exactement ce qu'on a répété et nom de dieu arrête de faire cette tête d'enterrement. On ne te marie pas de force non plus !
-Alors c'est plutôt amusant parce que c'est bien un mariage forcé. Ce n'est pas parce qu'on appelle ça un mariage arrangé que ça change quoi que ce soit. Tu le saurais si tu n'étais pas la treizième de ta fratrie. Tu serais plus facile à refourguer.
-Qui m'a mis dans les pattes une insolente pareille ! J'ai encore tous les gardes de cérémonie à aller voir, vérifier la décoration, finir d'organiser le buffet et la liste est encore longue ! Mais non je suis en train d'éduquer cette sale morveuse ingrate !
-Eh bien je ne te retiens pas, face de phoque ! Vas donc vaquer à d'autres occupations qui te semblent plus gratifiantes.
Tor-pen s'en alla en claquant la porte. Les servantes semblaient encore plus soulagées que leur princesse. Un peu de calme, enfin !
Quelqu'un frappa à la porte. C'étaient ses parents. Le couple royal entra sans que Eil leur donne son accord.
-Tu as intérêt à bien de tenir aujourd'hui ! Toute la cour de Morglas est là. Énormément de contrats internationaux reposent sur tes épaules. Je te préviens ! Si jamais on perd les droits de douane sur les produits pharmaceutiques, je t'en tiendrais personnellement pour responsable.
-Je ne suis pas d'humeur pour vos caprices mère ! Si on perd cet accord ça sera probablement à cause de vos piètres compétences en diplomatie !
Effectivement la princesse n'était pas d'humeur. Elle ne laissait rien passer.
-J'ai pu parler avec Pesked à l'occasion, ajouta calmement son père. Ça a l'air d'être un jeune homme très bien. Avec beaucoup de caractère si j'en crois son père. Je suis sûr que vous allez bien vous entendre.
Le roi de Wezenn essayait de désamorcer la dispute, mais ça ne calmait pas la princesse.
-Dehors tous les deux ! Vous êtes le mariage le plus raté à des milliers de kilomètres à la ronde alors ne commencez pas à me dire ce que je dois faire ou ce que je dois penser !
Déstabilisé, le couple royal rebroussa chemin en silence. Bon là, elle était peut-être aller un peu fort. Mais tant pis c'était sa journée. Une promesse de mariage contre un caprice. Finalement elle était plutôt raisonnable. Une des couturières soupira de bonheur. Du calme. Juste du calme.
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Lorsque Les Arbres Auront Des Crocs
FantasyEil, princesse cadette de Wezenn, aurait préféré vivre dans la merveilleuse forêt où vit son peuple plutôt que dans le palais où la solitude la pèse tous les jours un peu plus. Qu'à cela ne tienne, elle ne laisserait plus sa vie entre les mains des...