Lorsque Les Arbres Auront Des Crocs

Chapitre 47 : Politique et village de pêcheur

Pour garder le pouvoir, les royautés de Wezenn et de Morglas avaient choisi deux politiques différentes. Rouanezh avait prit le parti de faire disparaître subtilement son statut de déesse, mais en prenant soin de ne pas détruit complètement la religion, en donnant l'envie aux habitants de s'accrocher à leurs traditions eux-mêmes.

Comment se battre contre la science ? Ça finirait bien par se savoir. Elle avait préféré légitimer son pouvoir en se mettant le plus en retrait possible, en limitant un maximum les apparitions publiques et celles de sa famille, en faisant semblait de ne pas trop toucher à la politique sauf dans les domaines où elle semblait exceller et en contrôlant le reste par les ficelles. Un numéro d'équilibriste parfaitement exécuté.

Était-elle une bonne reine ? Objectivement oui. Personne n'avait rien à redire. Elle avait en quelques courtes décennies amélioré les conditions de vies des habitants. Donc le peuple s'en fichait pas mal qu'elle soit une déesse ou non. Son seul problème était l'arbre des dieux qui permettait à quiconque d'avoir des capacités neuronales égales aux siennes. C'était le dernier obstacle à son pouvoir.

Comment conserver le pouvoir à Morglas ? La famille royale avait opté pour l'aspect religieux. Éloigner un maximum la science, tout contrôler, garder le peuple dans l'ignorance et créer un culte toujours plus puissant pour la famille royale. Ça avait marché un temps. Mais la mondialisation et la montée des technologies de communications avaient réussi à s'immiscer peu à peu dans un rouage qui marchait depuis des siècles. Le peuple était en colère d'avoir été berné et demandait à présent sa part du gâteau.

Eil pestait intérieurement contre Pesked pour ne lui avoir rien dit ou presque sur la situation politique compliquée de Morglas. La voilà à courir pour sauver sa vie sur une île qu'elle ne connaissait pas, parce qu'elle avait choisi la mauvaise couverture, parce ce qu'une fois de plus on ne lui avait rien dit. Bon d'accord, on lui avait fermement interdit de quitter le palais. Elle était en grande partie responsable de la situation dans laquelle elle se trouvait, mais quand même ! Informer convenablement la future reine sur la crise politique actuelle était trop demander ? Jamais elle ne se serait présentée comme une prêtresse si on l'avait convenablement informée de la situation.

Bon, ce n'était pas une île bien grande donc évidement Ael et la princesse se retrouvèrent rapidement face à de l'eau. Une autre île se trouvait à une cinquantaine de mètres plus loin. Ils avaient probablement pied tout du long.

-Le palais se trouve sur l'île juste après celle-ci ! montra Ael envoyant leurs poursuivant les rattraper.

-Non ! Eil l'attrapa par l'épaule et continua de courir sur la plage. On sait à peine nager contrairement à ces orques ! Au mieux on perd toute l'avance qu'on avait et ils nous rattraperont en un rien de temps, au pire ils nous noieront dans l'eau avant qu'on atteigne l'île !

Leurs poursuivants étaient de plus en plus nombreux. Heureusement les deux amis étaient habitués à courir et gardaient une avance plus que respectable.

-Une prêtresse ! continuaient leurs poursuivants. À mort le roi !

Ils distinguèrent bientôt les abords d'un village de pêche qui occupait plusieurs îlots minuscules.

-Ça va attirer encore plus de fous furieux ! protesta Ael en voyant Eil déterminée à continuer sa course de ce côté.

-Peut-être, mais c'est notre porte de sortie.

Ils couraient vite certes, mais ils excellaient encore plus dans un autre domaine. Un homme sortit de chez lui bien déterminé à stopper leur course. Eil lui donna un violant coup dans la gorge avec son coude, puis prit appui sur l'homme pour sauter et se retrouva en un rien de temps sur le toit de l'habitation. Ael grimpa au mur presque aussi rapidement qu'elle. Ayant vécu dans une ville composée d'arbres, cet exercice physique était un des rares qui ne leurs demandaient que très peu d'effort.