Chapitre 21 : Pique-nique

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Lorsque Eil se leva le soleil était déjà haut dans le ciel. Il recouvrait sa chambre d'une douce chaleur. L'odeur des noyettes qui se récoltaient en ville remplit les narines de Eil. Elle se réveilla calmement, encore épuisée par la soirée qu'elle venait de passer. Elle n'était pas vraiment inquiète pour Ruz et pour sa famille.Elle savait que ça irait. Elle culpabilisait néanmoins de les avoir mis dans cette situation. Une boule se format dans son ventre. Pouvait-elle espérer revoir Ruz un jour ? Ses inquiétudes s'adoucirent quand elle imagina Mouk raconter tout fier comment il avait sauvé sa famille des vilains rebelles qui les avait séquestrés. C'était tout à fait son genre après tout.

Ses lentilles lui faisaient mal à force de les avoir laissées aussi longtemps. Elle se déshabilla enfin, retira ses lentilles, son cache-joues, ses habits de ville sales qu'elle emporta avec elle sous la douche pour les laver. Le prêtre Yaouank l'avait inquiétée hier. Plus qu'inquiété en réalité. Il faudrait qu'elle trouve le moyen d'en parler à la reine, ainsi que des émeutes, sans qu'elle soupçonne qu'elle file en douce la nuit. Car bien que la rein dût être déjà probablement au courant de ce genre d'agissements, des mots écrits sur des rapports et les voir c'était une expérience très différente.

-Zut je ne me suis pas levée à temps pour mes cours. Réalisa-t-elle.

Eil n'avait pas vraiment de cours à proprement parler. Ses percepteurs lui donnaient des livres et des devoirs à faire en début de semaine et vérifiaient une fois de temps en temps qu'elle était bien là entre deux copies à corriger.

Elle sortit de sa douche un peu en panique, manqua de glisser sur ses vêtements sales et choisit ses habits à la va-vite. Devant sa porte, deux lettres avaient été glissées. La princesse fut étonnée. Il était rare qu'elle en reçoive. Deux en plus ! Elle en recevait presque autant à son anniversaire. Elle se baissa, les ramassa, curieuse. La première venait de ses percepteurs qui l'incendiaient, la menaçant de prévenir sa mère de ses absences en cours. Eil soupira. Au moins à son anniversaire, les gens restaient polis. La deuxième venait de sa sœur Kentan. Eil sauta de joie malgré la fatigue.

« Une bonne nouvelle j'espère ! ».

« Chère Eil,

Ma tendre petite sœur. Voilà longtemps que nous n'avons pas pu passer quelques instants ensemble. Je serais comblée de bonheur de partager un repas avec toi. 12H15 aux jardins royaux. Ceci est non négociable ! Lâche un peu tes livres que tu aimes tant et viens me rejoindre !

PS : J'ai une bonne surprise pour toi et j'ai commandé les premières noyettes de la saison (grillées à l'huile de tournelune comme tu les aimes).

Kentan, ta grande sœur qui t'aime ».


Une lettre sans protocole, sans prise de tête comme elle les aimait ! Eil vérifia sa montre : 12h04. Aie. Pas étonnant que ses percepteurs soient furieux. Tant pis pour les cours, direction les jardins royaux !

-Gwarz ! Archerien ! Arrêtez de dormir sur place, le contribuable ne vous paie pas pour faire la sieste !

-Vous venez de mettre vos profs au chômage technique. Pas sûr que vous soyez bien placée pour nous parler de sieste. Lui répondit Gwarz en se levant du sol en s'étirant.

Son collègue ricana entre deux bâillements. Ils puaient l'alcool de migrabeille. Leur soirée avait dû être mouvementée pour eux aussi.

-Décidément on ne peut pas vous faire confiance ! Où étiez-vous hier soir au lieu de garder ma porte ? Est-ce que l'un de vous deux est conscient que votre travail consiste à assurer ma sécurité ?

Lorsque Les Arbres Auront Des CrocsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant