Chapitre 19 : Faible surhumaine

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Ruz se leva sans un mot, se dirigea vers la porte. Il posa une main incertaine sur la poignée. On frappa à la porte une fois de plus avant que celui-ci n'eut le temps d'ouvrir. Une once d'hésitation. N'était-il pas dangereux par les temps qui couraient d'ouvrir à des inconnus ? Ruz se jeta un regard interrogateur à sa mère puis à Eil. Après quelques secondes de réflexion il fit un signe discret à cette dernière pour qu'elle monte à l'étage. Eil n'avait pas vraiment peur, elle savait se battre et la curiosité commençait à la dévorer. Mais elle obéit malgré tout en se demandant une fois de plus pourquoi Ruz avait l'air d'avoir si peur pour elle. Elle se leva à son tour de sa chaise et grimpa les premières marches de l'escalier. Elle resta dans l'ombre et plissa ses yeux pour ne pas être repérée dans le noir.

-Il se passe quoi ? murmura une voix dans l'obscurité.

C'était Glas, le plus jeune des quatre frères. Pour seul réponse Eil posa son index sur sa bouche, l'insistant à garder le silence. Ruz fit enfin tourner la poignée. La porte s'ouvrit violemment, claqua contre le mur et manqua de se briser. Ruz fut brutalement projeté en arrière. Sa tête cogna le bord de la table. Complètement sonné, il restait hébété sur le sol de la cuisine devant les visages horrifiés de ses parents.

Sur le seuil le jeune prêtre qui les regardait durant la cérémonie. Une demi-douzaine de personnes se trouvait derrière lui dont le jeune garçon croisé précédemment à la sortie du tunnel. Le sang de Eil ne fit qu'un tour. Elle sauta de sa cachette prête à en découdre.Un saut prodigieux, précis. Son pied gauche n'était à quelques centimètres du visage de cet homme. Elle n'aurait plus qu'à distribuer quelques coups de poings à ses acolytes et le tour serait joué.

Mais rien ne se passa comme prévu. L'homme dévia violemment sa jambe avec son bras. Eil perdit son équilibre et se fracassa sur le sol. La douleur dans son dos fut si intense qu'elle ne put exprimer qu'un cri vide de son. Elle roula sur le sol pour éviter son adversaire, faisant abstraction de sa colonne vertébrale en état de bouillie. Contre toute attente le jeune prête fut plus rapide qu'elle. Plus rapide que la déesse qu'elle était censée être. Plus rapide qu'une surhumaine, génétiquement modifiée pour être plus forte que les simples humains.

Il la plaqua au sol, appuya ses doigts contre son cou si fin. Eil chercha à se défendre, à se libérer de son emprise. Mais rien n'y faisait,elle semblait aussi faible que toutes les autres jeunes filles de son âge. Pendant que des points noirs dansaient devant ses yeux, pendant qu'elle tentait désespérément de respirer, elle put distinguer les compagnons du prêtre habillés de vert maîtriser les habitants de la maison. Mammig, Larundra et Ruz. Attachés et bâillonnés.

Eil ne comprenait pas. Elle avait déjà mis à terre des soldats de la garde royale avant ses douze ans. Ce qui l'avait d'ailleurs amenée à se faire détester par eux. Pourquoi n'arrivait-elle pas à se défendre ?

Lorsque Les Arbres Auront Des CrocsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant