Chapitre 38 : Premiers pas

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Bon, elle n'était pas en retard à ses propres fiançailles.

Mais dire qu'elle était en avance, c'était franchement exagéré. Surtout avec son maquillage qui s'était mêlé à la sueur et sa robe déjà toute froissée. Les femmes de chambre tentaient désespérément de la rendre de nouveau présentable pendant que Tor-pen lui cassait les pieds à lui répéter qu'elle était irresponsable et qu'on ne pouvait décidément pas lui faire confiance. Kentan, qui était là aussi, n'avait pas la force de la contredire.

Eil s'enfichait pas mal. Elle était complètement paniquée. C'était sa première représentation officielle depuis les fiançailles de Kentan. Toutes les caméras, toute la cour traîtresse de Wezenn était présente dans la salle du trône rien que pour elle. Cette pièce où elle allait rarement était absolument splendide. Elle se trouvait dans un immense arbre creux millénaire, où la nature avait repris ses droits. Sur tous les murs les fleurs poussaient. C'était le cœur de Wezenn. La maison des dieux.

Malgré toute l'admiration qu'elle avait pour cette pièce, elle ne voulait pas y entrer. Elle ne souhaitait que courir dans la forêt.

Partir loin, au fin fond des galeries, au plus haut des cimes. Pourquoi était-elle une princesse ? Elle se serait tellement bien accoutumée à la vie dans les arbres.

Elle appréciait Pesked, mais elle aimait d'un amour fou les arbres qu'elle avait si peu l'occasion de toucher. Elle ne voulait pas aller vivre à Morglas, sur ses îles paradisiaques qui n'avaient rien d'un paradis pour elle.

La princesse frôlait la panique pure, prête à tourner les talons pour s'enfuir à tout jamais parmi les arbres.

-Ça va bien se passer, lui dit Kentan avec sa voix si douce.

-Je ne veux pas partir de Wezenn.

Kentan ne lui répondit pas tout de suite. Comment pouvait-elle comprendre ? Eil ne lui avait jamais partagé ses escapades nocturnes entre les arbres. Son aînée n'avait jamais connu la forêt. Kentan au contraire devait penser qu'elle devait être bien heureuse de quitter ce palais qu'elle détestait tant. Alors elle se contenta de la serrer fort dans ses bras en lui répétant que ça irait.

Lorsque Les Arbres Auront Des CrocsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant