Chapitre 24 : Direction l'infirmerie !

60 16 33
                                    


-Aller viens, il faut qu'on te soigne.

-Je vais me débrouiller tout seul merci.

Eil s'agenouilla en face de son ancien ami. Il fallait qu'elle arrange les choses.

« Il faut savoir se montrer vulnérable en amitié »

-Je sais que je t'ai blessé Ael et j'en suis sincèrement désolée. Tu étais mon ami et...

-On n'est pas du même monde, la coupa-t-il.

-J'aimerais faire partie du tien et te faire entrer dans le mien. Laisse-moi arranger les choses. Laisse-moi juste une chance, tu ne le regretteras pas, promis.

-Et tu comptes faire quoi exactement ?

-Pour commencer, te remettre à mon service. T'éloigner le plus possible de cette bande de brutes incultes.

-Comment ?

-En te confiant mon plus grand secret.

Elle se leva et marcha jusqu'au mur du palais le plus proche. Ael la suivait de quelques mètres derrière, méfiant. La princesse cherchait la faille. Il y en avait toujours une. Chaque mur ici avait une sorte de passage, un endroit où s'accrocher et grimper. Dans la plupart des lieux même un enfant pouvait le faire, surtout dans l'enceinte du palais. Les murs extérieurs du château avait tendance à être beaucoup plus subtiles. Elle remarqua rapidement les petites statues de fleurs qui étaient taillées profondément dans la pierre. Le chemin se dressait jusqu'à un jardin un peu plus haut. Elle grimpa. En quelques secondes elle était déjà dans le jardin en question. L'herbe et les fleurs sauvages dansaient au gré du vent, comme si plus personne ne s'en occupait. Un jardin abandonné entre les milliers d'autres que contenait le palais.

-Qu'est-ce que tu attends ? Monte ! cria Eil à son compagnon.

-Ça a l'air super dangereux ! protesta-t-il. Et puis j'ai l'épaule à moitié déboîtée.

-Je le refaits avec juste mes pieds si tu insistes !

Ael soupira et grimpa à son tour. Malgré son état il atteignit assez rapidement la princesse.

-Direction l'infirmerie !

-Comment ça ?

-Tu ne croyais tout de même pas que je t'ai fait monter ici pour te montrer ce jardin miteux !

-Alors, de un : tu vois cette fleur ? C'est une Drabennag, c'est extrêmement difficile à faire pousser. Donc oui, il mérite bien un petit débroussaillage mais ce n'est en rien un jardin miteux ! De deux : je ne vois pas en quoi monter ici était censé me faire penser qu'on allait à l'infirmerie. Par les grands arbres ! C'est à l'autre bout du palais !

Eil lui montra les gorgones qui étaient non loin d'eux et qui ouvraient le chemin vers une nouvelle terrasse.

-Euh... on va traverser tout le palais comme ça ? C'est une blague ?!

-Du tout !

Ils traversèrent des jardins, des chemins plus tordus les uns que les autres. Ils passaient même parfois par une fenêtre pour en ressortir par une autre. Eil fit mine de tomber une fois ou deux. Ael accourait à chaque fois à sa rescousse.

-Merci mon preux chevalier !

-Qu'est-ce qu'on se marre votre altesse. Je vois que vous n'avez pas perdu votre sens de l'humour douteux durant mon absence.

Ils arrivèrent enfin à l'infirmerie, plus égratignés que lorsqu'ils s'étaient mis en route. L'étrange duo eut la politesse de passer par l'entrée principale et non par une énième fenêtre. Eil ne prit pas la peine d'interpeller un infirmier. Elle s'installa dans une chambre de vide et farfouilla dans les placards en quête de bandages et autres instruments médicaux.

-Tu sais faire ça toute seule ? lui demanda Ael lorsqu'elle examina ses multiples bleus.

Beaucoup d'entre eux était moins récent. Elle appliqua de la pommade sur chacun d'eux. Et lui donna des cotons pour son nez qui saignait.

-Il m'est souvent arrivée de me blesser au cours de mes escapades. Je me soignais toute seule pour que personne ne se doute de rien. Un jour j'ai même volé un de leurs livres sur les premiers secours. Tu peux me poser n'importe quelle question sur le fonctionnement de la circulation sanguine. Enlève ton haut.

-Pourquoi ? s'inquiéta Ael.

-Tu es stupide ou quoi ? Pour voir ton épaule !

Sur le coup elle n'avait pas pensé que ça aurait pu être gênant. L'attitude pudique de Ael lui faisait monter le sang dans les joues.

-C'est bon je n'ai plus mal.

-Arrête de faire l'enfant Ael !

Il enleva son haut à contre cœur en prenant soin de le plaquer le plus discrètement possible contre son torse.

-Tu as de réels complexes d'autorité.

-Ouais, ouais, c'est ça.

À part d'autres bleus il n'y avait pas grand-chose. Elle prit le pot de pommade et lui donna.

-Tiens. Mets-en tout de suite et garde le pot pour plus tard. Appliques en sur les bleus régulièrement.

Il en appliqua grossièrement et remis son haut.

-C'est quoi le plan maintenant ? Pour rester à ton service je veux dire.

-On va aller farfouiller dans les papiers de ton général.

-Bonne idée. Le général Pimor ne se rendra probablement compte de rien, crois-moi.

Lorsque Les Arbres Auront Des CrocsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant