Chapitre VII

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Par contre, Wattpad commence à me casser les coquillettes : tout mes chapitres sont dans le désordre (c'est la troisième fois que je les replace et ils changent encore !). J'espère que ce n'est pas le cas pour vous, en tout cas, j'en suis désolée.

Nous marchions. En silence, sans prononcer un mot, avec seulement, de temps à autres, un chuchoti de Nessimelle ou de Tauriel.

J'avais tenté de me mettre loin derrière le groupe, si loin que personne n'aurait pu me voir, mais Targen ne m'avait pas laissé le choix. Il s'était placé derrière moi, ignorant mes protestations en me regardant fixement de ses yeux noirs. J'avais dû céder, et il marchait à quelques pas derrière moi, ne commentant pas sur la distance respectable qui nous séparait du groupe.

J'avais trop honte pour les rejoindre. J'étais trop effrayée par ce que j'avais fait, trop terrifiée à l'idée de blesser quelqu'un seulement en pensées. J'avais trop honte de ce que j'avais fait, et de ma réaction. J'avais honte d'avoir eu honte, de m'être protégée comme une enfant craignant une tape de ses parents. J'avais l'impression d'être revenue à l'époque où j'étais petite, et où Uriel me frappait lorsque je n'étais pas sage.

J'avais agi comme une idiote, et maintenant la honte brûlante me collait à la peau. Et, de toutes les émotions, celle-ci avait toujours été celle que je parvenais le moins à maîtriser. Sans doute parce que je la méritais.

Oui, elle était mon châtiment, ma punition, mes chaînes que je devais porter en silence. Jamais je n'aurais pu demander à Aggur de me pardonner, comment aurais-je pu le permettre ? Il l'aurait fait de bon cœur, c'était certain. Mais jamais Earine ne l'aurait accepté.

Elle n'avait pas daigné tourner une seule fois la tête dans ma direction, agissant comme si je n'avais jamais existé. Je ne l'avais pas regardée non plus, trop effrayée à l'idée de croiser son regard par inadvertance, mais je connaissais ma sœur.

Nessimelle, quant à elle, me lançait tantôt des regards désolés, tantôt des vagues de franche fureur. Elle oscillait entre sa fidélité à l'égard d'Earine et sa pitié envers moi. Elle avait passé autour d'elle ma sacoche contenant mes cahiers, raison supplémentaire pour m'empêcher de partir seule. J'ignorais si elle en était consciente elle-même, si elle avait pris mes affaires dans ce but.

Nos autres compagnons semblaient ne pas savoir comment agir et, dans le doute, ne faisait rien, nous laissant en espérant que le temps apaiserait notre différend. Mais nous étions les filles d'Acarohtar et Sarie, et nous étions sans doutes les créatures les plus têtues qui existaient.

Nous avions entré une forêt dont les arbres laissaient percer largement la lumière, ne laissant pas le sous-bois dans l'obscurité. En d'autres circonstances, cette forêt m'aurait enchantée. Mais, alors que mon esprit était si tourmenté, elle me paraissait simplement ennuyeuse, brûlante de banalité et tout à fait désagréable. On aurait dit que le temps avait décidé de se mettre contre moi, se faisant le plus radieux possible afin de contredire mon humeur.

Ce n'était pas la première fois que je devais faire face à de telles tourments, à une telle honte, ou à la colère violente d'Earine. Oh que non, cela était déjà arrivé des dizaines de centaines de fois, même s'il semblait que nous nous étions réconciliées ces dernières années.

Je marchais sans un mot, brûlante d'une étrange fièvre qui n'avait rien d'une maladie, le visage rouge. J'aurais voulu m'endormir pour de bon, peut-être dans la fraîcheur de la terre humide du sous-bois, allongée et immobile pour toujours. Plus de problèmes ainsi, plus de douleur et de malheur, plus de honte et de colère. Rien que moi et le silence rassurant de mon sommeil.

J'aurais préféré que Targen me laisse seule à mes pensées. J'aurais ainsi pu plus aisément m'enfuir. Mais pour aller où ? J'aurais dû m'enfuir avant, lorsque j'en avais encore la possibilité. J'aurais pu courir dans la plaine, encore, encore, jusqu'à me laisser tomber dans un champ d'herbes hautes et d'y reposer en paix.

Malheureusement, il semblait que je ne le méritais pas, et je devais continuer mon voyage, mes pensées envahissantes m'embrouillant l'esprit et faisant naître un poids écrasant sur mes épaules.

La terre disparut sous mes peids au profit de la roche, des buissons bordant le rocher immense et poli qui constituait notre chemin. Au dessous, un étang à l'eau bleue mentholée clapotait calmement, sa berge opposée formant une petite plage, les rayons du soleil se reflétant à sa surface avec des scintillements.

Intriguée, je ralentis et observai avec attention le phénomène de la lumière qui semblait s'être intensifiée grâce à cet étrange miroir. Devant, j'entendai vaguement les voix de nos compagnons qui avait entamé une conversation que je ne comprenais pas. Ce fut étrange, car j'étais à la fois hypnotisée par cette vision et en même temps complètement dégoutée d'une telle beauté dans un moment si désagréable que celui-ci.

Un craquement me fit sursauter violemment, amenant une vague de panique dans tout mon être. Mon pied dérapa, je trébuchai, tentant en vain de me rattraper et de rétablir mon équilibre. Peine perdue, je basculai en avant et chutai.

J'entendis des cris, mon prénom hurlé, mais je ne reconnus pas les voix de ceux qui le prononçaient.

Je heurtais l'eau fraîche avec fracas, et m'enfonçai dedans.

Trois paires d'yeux... bleues -Le royaume du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant