Prologue

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Je les entends qui crient.

Pour une raison ou pour une autre, ils sont encore en train de se disputer. Je ne me souviens plus pourquoi exactement, mais maintenant, ils parlent de nous. De moi et de mes sœurs.

J'enfonce mon visage dans mon oreiller en me bouchant les oreilles, les larmes commençant à se former dans mes yeux. Je n'aime pas quand ils crient. Et je n'arrive pas à dormir.

J'entends un drôle de bruit et je retire mes mains de mes oreilles pour écouter si quelque chose a changé. À la place, j'entends un chuchotis dans le noir.

- Finwë. Finwë, réveilles-toi ! Chuchote la petite voix.

- Je ne dors pas, je réponds sur le même ton.

- Je peux venir dormir avec toi ? Demande la voix de ma petite sœur, qui dort dans une couchette jumelle à la mienne, en face de moi.

- D'accord, je chuchote.

J'entends ma petite sœur qui bouge ses couvertures, puis ses petits pas sur le sol de toile. Elle traverse l'espace qui nous sépare puis grimpe dans mon lit, passant au-dessus de moi en m'écrasant au passage pour se mettre du côté de la toile de la tente. Elle n'aime pas être du côté du vide, ça lui fait peur. Ma sœur se glisse sous les couvertures avec moi, son animal en peluche dans les bras. Il fait noir, mais je vois l'éclat de ses yeux brillants et sa chemise de nuit blanche lorsqu'elle s'installe sur le ventre, ses yeux bleus me fixant sans un mot.

- J'aime pas quand ils crient, murmure-t-elle.

- Moi aussi.

Un gémissement un peu plus loin nous fait nous figer. Ce gémissement recommence, suivi d'autres plus saccadé. Ma cadette se redresse sur les coudes.

- Ils ont réveillé le bébé, chuchote-t-elle.

- Je sais, je réponds.

Je me lève dans le froid, posant mes petits pieds nus sur la toile glacée. Je grimace et avance jusqu'au berceau de ma plus jeune sœur, qui est à présent éveillée. Avec précaution, je la soulève dans mes bras, calant mes bras autour et en dessous d'elle comme Nana me l'a appris. Elle geint un peu, mais ne pleure pas. En frissonnant, je reviens jusqu'au lit et la tends à ma cadette qui la tiens maladroitement contre elle le temps que je fasse cette manœuvre qui me demande mes deux mains.

- Fais attention, je chuchote en me ré-installant à côté d'elle.

Je reprends le bébé et m'allonge dans le lit, posant ma sœur sur le ventre contre moi comme j'ai parfois vu Nana le faire. Elle marmonne un peu, mais au bout de quelques secondes, elle tète son poing en silence alors que je lui tapote le dos.

Ma cadette approche sa petite main et commence à caresser gentiment la joue de notre petite sœur en chuchotant doucement :

- Chhht, chhht, bébé Nessimelle.

Elle se tourne vers moi.

- J'ai peur, murmure-t-elle.

Et je fonds tout doucement en larmes. Ma sœur se met elle aussi à pleurer doucement alors que nous nous blottissons toutes les trois les unes contre les autres, sanglotant dans le noir et le froid.

À l'extérieur, nos parents crient.

Trois paires d'yeux... bleues -Le royaume du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant