Nolwe. Ma chère Nolwe, mon amie d'enfance.
Nos mères étaient sœurs, et le reste de leur fratrie avait quitté ces terres pour Valinor. Seule était resté la sœur de ma mère, son époux et leurs filles. Nolwe était leur dernière. Nous étions nées à un mois d'écart, et nous avions donc grandis ensemble avant que la tragédie ne nous sépare. Sa famille avait été tuée. Et je la croyais morte avec eux, à présent en Valinor.
Mais il semblait que je m'étais trompée. Que nous n'étions pas les seules rescapées de ces nuits de terreur. Son visage dansa dans ma mémoire.
Nous nous dirigions vers une entrée dérobée dans la muraille qui entourait la ville, guidés par Rávo et ses hommes. Nous faisions le moins de bruit possible, mais j'entendais Earine chuchoter à l'intention d'Aggur. J'ignorais ce qu'elle lui disait. Je ne voyais même pas où je mettais les pieds, mon esprit répétant encore et encore les mêmes paroles. Nolwe. Nolwe était vivante.
- Je croyais que toute votre famille avait quitté la Terre du Milieu ? Chuchota Legolas à côté de moi, me tirant de ma litanie mentale. Par choix ou imposition.
- C'est ce que je croyais aussi, murmurai-je. Dites, dis-je à l'intention de Rávo, comment est-ce possible que ma cousine s'en soit sortie ?
Il soupira.
- C'est une longue histoire. Je pense qu'elle vous la racontera elle-même. Je m'en voudrais de lui voler ce plaisir.
- Êtes-vous son prétendant ? Demanda Earine de but en blanc.
- Earine ! Sifflai-je, les joues brûlantes.
Mais les hommes de Rávo s'étaient mis à rire, tentant de faire le moins de bruit possible. Legolas lui même pinçait les lèvres pour retenir un sourire traître. Rávo lança un regard noir à ses compagnons, mais un sourire se dessinait sur son visage.
- Non, dit-il. Nous sommes amis.
Je ne pus m'empêcher d'échanger un regard avec Earine. Elle haussa un sourcil, j'écarquillai les yeux en désignant le dos de Rávo de la tête. Derrière elle, Aggur leva les yeux au ciel et Nessi pouffa. Nous étions d'accord. Et ce fut avec plaisir que je me rendis compte que notre complicité avait été restaurée.
- Vous nous emmenez à elle ? Demandai-je.
- Oui.
- La porte principale est gardée ? Demandai-je.
- La porte principale est fermée, me répondit-il. Un couvre-feu à été instauré. Et nous sommes surveillés jour et nuit. Le temps du règne de votre famille est loin.
Je serrais les dents. Qui, oui, qui étaient l'imbécile qui avait pris ma place pour persécuter mon peuple ? Qui les avait obligé à se cacher afin de lever le regard vers les étoiles ? La fureur pulsa dans mes veines. J'allais le tuer. J'allais tuer celui qui avait fait assassiner ma famille après avoir gagné la confiance de mon père.
Je jetai un regard au mur qui entourait la ville. Ma ville. Je ne pouvais même pas rentrer chez moi par la porte. Je devais me faufiler avec mes sœurs par la fenêtre. C'était décevant, et désagréable, et en même temps cela avait un goût d'aventure et de complicité qui me plaisait beaucoup.
Les hommes que nous avions trouvé devant la forêt faisaient partie d'un petit groupe de résistants, qui agissaient dans l'obscurité, résistant à la tyrannie de celui qui siégeait sur notre trône. Ils allaient intercepter un message d'un des seigneurs des alentours qui cherchaient à faire éliminer un pauvre paysan innocent. C'était sur nous qu'ils étaient tombés.
- Et vous n'avez pas essayé de supprimer l'intendant ? Demanda Earine. Je veux dire... Vous vous faufilez et vous....
Elle mima un étranglement, et je vis le groupe échanger des regards gênés. Elle s'arrêta, jeta un regard autour d'elle et réalisa que seul Targen semblait se poser la même question.
- Ah ouais, il vous manque vraiment un grain, dit-elle.
- Earine, chuchotai-je.
Mais Rávo éclata de rire, et ses hommes en firent autant.
- Cette fois-ci, nous sommes sûrs que c'est vous. Nolwe utilise cette expression tout le temps.
- Nous l'avons inventées. Je ne me souviens plus qui exactement, mais c'était tard dans la nuit, dis-je avec un sourire.
- Il y en a des tas d'autres, ajouta Earine.
J'aperçus soudain une tour de garde, et un grille, sans doute pour évacuer les égouts, mais qui semblait vide de toutes ordures.
- Par ici, commanda Rávo.
Il se dirigea vers la grille, et je vis un silhouette, de l'autre côté, s'approcher. Rávo chuchota ce qui semblait être un mot de passe, et le nouveau venu, hochant la tête, déverrouilla la grille et la fit pivoter sur ses gonds, nous la faisant traverser. Nous gardâmes le silence en entrant dans la ville.
Les maisons étaient silencieuses et plongées dans le noir, les collones ouvragées et les balcons de pierre blanche brillant sous la lune. Il n'y avait pas un bruit. Sur les remparts, de petites lumières se déplaçaient de temps à autre, indiquant la présence d'un garde.
Silencieux, nous nous faufilames dans les rues, avant que Rávo ne nous entraîne dans une ruelle plongée dans l'obscurité. Je pouvais entendre le souffle saccadé de Nessimelle nous loin de moi. Rávo frappa à la porte, sur un rythme précis, et celle-ci s'ouvrit. Nous entrames.
L'intérieur semblait être celui d'une taverne, des tables disposées dans l'espace exiguë. Un feu brûlait dans un cheminée. Un homme se tenait assis à l'une d'elle, rédigeant un parchemin que je ne pouvais lire. Il releva la tête dans notre direction.
- Rávo. Je pensais que la mission de ce soir prendrait bien plus de temps.
- Nous avons fait un rencontre inattendue. Où est Nolwe ? Demanda-t-il.
L'homme désigna le feu, et je remarquais une petite silhouette assise devant l'âtre, enroulée dans plusieurs couvertures. Une touffe de cheveux roux s'en échappait.
Alors que les hommes semblaient repartir, ou se séparer comme il le leur avait été ordonné, Rávo s'approcha du tas de couvertures et secoua doucement ce qui me semblait être une épaule. La personne endormie se redressa brusquement, puis sembla se détendre en voyant que ce n'était que lui. Rávo murmura quelques mots.
Mon cœur battait la chamade. Était-ce vraiment qui je croyais ? Était-ce un rêve ?
Brusquement, la personne bondit sur ses pieds, les couvertures tombèrent sur le sol. Ma cousine se dressa devant nous.
- Finwë ! Cria-t-elle.
Nous nous jetâmes dans les bras l'une de l'autre.
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Trois paires d'yeux... bleues -Le royaume du Nord
Fanfiction"Je marche dans la nuit. J'ai froid et j'ai faim. Dans mes bras dort ma petite sœur, si petite et si fragile que j'ai peur de la briser. Elle est plongée dans le sommeil, tout comme mon autre sœur, sanglée dans mon dos. Elle aussi s'est endormie, ap...