Chapitre XXVIII

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- Êtes-vous sûr que c'est raisonnable ? Demandai-je en descendant les jardins du palais. Vous n'avez été ici que si peu de temps...

- Serait-ce de l'affection ? Me taquina Legolas, à mes cotés.

Je roulais les yeux, secouai la tête.

- Je sais, dit-il. Mais mon père m'a rappelé, et je n'essaierais pas de discuter avec lui, si vous voyez ce que je veux dire.

Je grimaçais. Oh, oui, je voyais parfaitement ce qu'il voulait dire. Legolas n'avait que trop désobéi à son père. Certes, il était mon ami, mais la tolérance de Thranduil avait tout de même ses limites, et son fils ne voulait pas les franchir. Nous savions tous les deux que j'avais dépassé ses limites en courant et lui adressant un pied de nez. Nous n'évoquions pas le sujet, et j'avais jugé préférable de me faire oublier dans l'esprit de Thranduil, du moins, pour quelques siècles.

Nous descendions les jardins en direction des écuries. J'avais revêtu une robe noire et sobre avec bonheur, pas mécontente d'enfin retrouver des vêtements derrière lesquels me cacher. À ma grande surprise, mon pantalon et ma chemise me manquaient légèrement, cependant. Mes sœurs arboraient les plus jolies robes qu'elles avaient pu dénicher, et je voyais plus des princesses que des filles de fermes sur leurs visages.

- Vous reviendrez, tout de même ? Lança Earine devant nous.

- Vous n'avez pas le choix, ajouta Nessi sans le laisser finir, ses joues se colorant délicatement. Vous devez revenir au moins un fois tout les siècles.

- Je ne sais pas si-

- On fera un gâteau, déclara Nessi.

Je haussai un sourcil à l'intention de mon ami, attendant sa réaction.

- Eh bien, ce serait idiot de ma part de ne pas en profiter, répondit-il.

Mes sœurs poussèrent des cris de joie, coururent en avant pour rejoindre Nolwe. Je me tournai vers Legolas.

- Vous êtes le bienvenu ici, que ce soit pour échapper à vos devoirs ou simplement pour dire bonjour.

Il sourit.

- C'est très aimable à vous. Vous m'excuserez si je ne vous retourne pas l'invitation.

J'éclatais de rire. Non, c'était clair que moi et ma famille n'étions pas les bienvenus dans son royaume. Ses yeux pétillaient d'amusement. Je ne comprenais pas vraiment comment il pouvait retourner s'enterrer dans ses cavernes, mais après tout, il était prince, et que ne ferait pas un prince pour son peuple. J'en savais quelque chose.

- Vous savez, lançai-je soudain, si nous nous étions connu plus tôt, nous serions presque devenus frère et sœur.

Il me lança un regard, et mon idée se renforça en voyant le bleu de ses yeux.

- Est-ce ainsi que vous me voyez ? Comme un frère ?

- Tout à fait, lançai-je avec assurance. Quoique... Je comprenne que vous refusiez l'offre, ajoutai-je en désignant mes sœurs, bras dessus bras dessous, qui chantaient extrêmement faux pour imiter des pirates ivres.

Il éclata de rire.

- Soit, déclara-t-il. Vous êtes donc ma soeur.

Mon coeur fit un bond dans ma poitrine, je crus que j'allais me mettre à pleurer.

- Oh, je sens que je vais le regretter, maugréa-t-il aussitôt.

- Je peux avoir votre arc ? Demandai-je.

- Absolument pas.

Nous étions arrivés aux écuries, Nolwe discutait avec Tauriel tout en caressant les nasaux d'une jument couleur bai cerise. Ravo se faisait discret ces derniers temps. Targen avait stoppé la main de Nessi alors qu'elle tentait de la glisser entre les barreaux du box d'un cheval, et secouait la tête pour lui indiquer que ce n'était pas l'idée la plus brillante qu'elle ait eu.

Trois paires d'yeux... bleues -Le royaume du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant