Je roulais sur moi-même, dévalant la pente. Les cailloux s'enfonçaient dans mon dos, mon corps me faisait mal en frappant le sol. Je criai, puis me taisai, cherchant de l'air et la fin de ma chute, paniquée. De temps à autres, j'entrevoyai le soleil, la terre, le ciel, puis un enchevêtrement de tissus et de chair.
Enfin, je heurtai un sol recouvert d'herbe, me coupant le souffle. Je poussai un gémissement de douleur, voulus rouler sur le côté pour soulager ma douleur. Seulement, quelque chose, ou plutôt quelqu'un, m'en empêchait.
Earine, le visage strié de larmes, se tenait au-dessus de moi, l'air torturé.
- Qu'est-ce que tu as fait ?! Hurla-t-elle d'une voix aiguë et déchirée.
Perdue, désorientée, je n'eus même pas l'idée de répondre. Ma sœur tenta alors de me frapper, sans savoir vraiment où, tapant au hasard. Je me débattis, me protégeant de ses coups.
- Qu'est-ce que tu as fait ?! Qu'est-ce que tu as fait ?!
Je tentai de m'échapper, de me soustraire à sa poigne, peine perdue. Elle frappait mes bras, mes épaules, mon torse, mon ventre, avec une fureur mêlée à une douleur insupportable.
- QU'EST-CE QUE TU AS FAIT ?!
Du coin de l'œil, j'entraperçus un mouvement, puis ma sœur fut arrachée à mon corps. Je me roulai aussitôt en boule, ramenant mes genoux contre mon front, respirant par la bouche avec panique, me protégeant le visage de mes bras.
Ma sœur hurla, protesta, sembla se débattre. Puis j'entendis la voix du prince Legolas.
- Earine ! Cela suffit !
Une main se posa sans douceur sur mon épaule, je l'écartai de moi. Quelqu'un s'était agenouillé près de moi, alors que le prince Legolas tentait de raisonner ma sœur.
- Elle ne peut plus vous frapper, Laurelin, me dit Targen.
Comment aurais-je pu lui dire ? Que j'avais moins peur de la douleur physique qu'elle pouvait m'infliger, que de la douleur, la terreur, la fureur que j'avais vues et causées dans son regard ?
Pour vérifier la vérité de mes pensées, j'écartai les doigts pour y entrevoir la scène et ce fut encore pire. Earine, ayant remarqué mon regard, gagna en énergie, et même Targen dût rejoindre le prince Legolas pour la retenir. Je me recroquevillai sur moi-même.
- Earine ! S'écria alors la voix lointaine de Nessimelle depuis le haut du rocher. Viens ! On a besoin de ton aide !
Ma sœur sembla brusquement se désintéresser de moi à ces mots et cessa brusquement de se débattre, faisant demi-tour pour remonter la pente sans m'adresser un regard.
Je me crispai une fois de plus lorsque j'entendis les deux elfes s'approcher de moi-même.
- Laurelin. Vous pouvez vous relever maintenant, me dit le prince.
Je secouai la tête. J'avais trop peur qu'Earine revienne à la charge et que je n'y sois pas préparée. Tout mon corps me faisait mal.
- Que s'est-il passé ?
Je me mordis la lèvre, retenant des sanglots en repensant aux précédents événements.
- Laurelin, répéta le prince. Que s'est-il passé ?
- Je n'ai pas réussi à me retenir ! Couinai-je. Je ne sais pas comment marche mon stupide esprit, mais Nessi a demandé ce que le dragon allait faire, et avant que j'ai pu me retenir, j'ai pensé qu'il allait nous brûler. Et ce crétin l'a fait ! Oh, par les Valars, je l'ai tué !
J'enfouis mon visage dans la terre, retenant un hurlement de terreur.
- Hmm, il m'a pourtant l'air bien vivant, nota la voix de Targen. Peut-être pas au mieux de sa forme, mais entier et conscient.
Je me figeai. Au fond de moi, je savais qu'il disait vrai. Je le ressentais, j'aurais été bien plus paniquée si j'avais réellement tué quelqu'un. Et Aggur encore plus. Néanmoins, cela n'appaisa pas mon effroi.
J'étais terrorisée. Qu'avais-je fait ? Je ne pouvais évidemment pas retourner au campement comme si de rien n'était.
- Allez-vous en, dis-je, le nez enfouis entre mes genoux. Laissez-moi. Laissez-moi tranquille.
- Laurelin...
- Partez !
Il y eu un court silence, puis la voix de Targen s'éleva, mais il ne s'adressait pas à moi.
- Je vais rester avec elle.
- Non, partez, insistai-je.
Il y eu un nouveau silence, puis des pas s'éloignèrent. Ceux d'une seule personne. Targen était resté à côté de moi comme il l'avait dit. Je l'ignorai, fermai les yeux et me concentrai sur ma respiration.
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Trois paires d'yeux... bleues -Le royaume du Nord
Fanfiction"Je marche dans la nuit. J'ai froid et j'ai faim. Dans mes bras dort ma petite sœur, si petite et si fragile que j'ai peur de la briser. Elle est plongée dans le sommeil, tout comme mon autre sœur, sanglée dans mon dos. Elle aussi s'est endormie, ap...