Chapitre X

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Je ne sus comment, mais je le sentis arriver bien avant que nous entendimes ses pas précipités. J'avais ce sentiment, je savais qu'il arrivait vers nous.

Je me redressai debout, ma cape encore lâchement posée sur mes bras.

- Finwë ? Qu'est-ce que tu fais ? Demanda Nessi, intriguée.

Ignorant quoi répondre, je ne prononçais pas un mot. Le prince Legolas sembla lui aussi comprendre quelque chose, bien vite suivi de Tauriel puis d'Aggur.

- Quelqu'un arrive, fit remarquer le prince.

Il fit glisser une de ses flèches hors de son carquois, la plaçant sur son arc.

Tout se passa alors en même temps, Targen apparut dans la direction qu'indiquaient les bruits de pas, Legolas pointa son arc droit sur lui, et d'un bond, je m'étais précipitée devant Targen avec un hurlement que je ne contrôlais pas. Aggur était debout sur ses pieds, si vite que je ne l'avais même pas vu bouger, retenant Earine du bras. Legolas abaissa alors son arc, me regardant avec agacement.

- Par les Valars, Laurelin, cessez !

Je l'ignorais délibérément, me tournant vers Targen. Le voile qui dissimulait son regard se dissipa aussitôt qu'il vit mon visage.

- Que se passe-t-il ? Demandai-je, comprenant instinctivement qu'il était revenu au campement pour une bonne raison.

- Wargs, une douzaine, souffla-t-il. Nous sommes repérés.

Derrière moi, les Elfes de la Forêt Noire avaient lancé des exclamations plus agacés qu'effrayées.

- Les Wargs existent ?! S'exclama Nessimelle.

Ne prenant pas la peine de lui répondre, le prince Legolas s'était mis à donner des ordres en sindarin.

- Aggur, ne quittez pas Earine. Utilisez tout ce que vous avez la main, couvrez le côté Est. Tauriel-

- Je m'occupe de Nessi, dit-elle en attrapant le bras de ma benjamine qui me lança un regard confus.

Je me précipitai sur elle, pris son visage entre mes mains.

- Tout va bien, Nessi-jolie. Reste près de Tauriel. Elle sait ce qu'elle fait.

- Je n'ai pas peur, répondit ma petite sœur.

Bien sur qu'elle n'avait pas peur, elle ne comprenait pas le danger qui courait droit sur nous. J'échangeai un regard avec Tauriel, elle hocha la tête puis pris la main de ma petite sœur dans la sienne et s'éloigna. Du coin de l'œil, je vis Aggur déposer un tendre baiser sur les lèvres d'Earine, mais je ne pus entendre ce qu'ils se disaient.

- Laurelin, m'appela la voix de Targen.

Je m'arrêtai dans ma semi-contemplation des mouvements du prince Legolas, qui enflammait la pointe de ses flèches dans notre feu de camp qui nous serait définitivement très utile, pour me tourner vers l'ex-assassin, mes cheveux encore humides bouclant dans le coin de mes yeux. Et ce fut à cet instant que je le vis : ses yeux noirs brûlaient.

- Restez près de moi.

C'était autant un conseil qu'un ordre, mais je hochai la tête tout de même.

- Finwë ! Lança Earine avant de me lancer ma cape, puis une longue dague.

Je nouai la cape autour de mon cou avec précipitation, saisissai la dague de mes deux mains tremblantes. Elle était lourde, mais moins qu'une épée, que je n'aurais même pas pu soulever du sol.

Je me plaçais entre Targen et Legolas, debout sur mes deux jambes, les pieds bien ancrés sur le sol. Tauriel s'était mise devant Nessimelle, faisant barrière de son corps, et Earine bataillait à voix basse avec son amant pour se placer à ses côtés et non pas derrière lui. Elle aurait le dernier mot, comme toujours. Au loin, les Wargs approchaient.

- Je suis heureux de savoir que vous m'auriez tué sans hésiter si mes intentions avaient été mauvaises, dit alors Targen au prince Legolas.

- Et je suis heureux de savoir que vous ne m'en voulez pas, répondit-il en tendant son arc.

- Comme c'est romantique, ironisa Earine non loin. Très bien, bande de poulpes d'eaux douces, c'est le moment de se payer un repas.

Dans un autre contexte, j'aurais sans aucun doute éclaté de rire, mais je me contentais d'étouffer un demi sourire en serrant la dague si fort dans mes mains que mes jointures en devinrent encore plus blanches, si cela était seulement possible. La lame tremblait furieusement devant moi. Legolas sembla le remarquer.

- Ça va bien se passer, Laurelin. N'ayez pas peur.

- Je n'ai pas peur, je suis nerveuse, nuançai-je.

Les Wargs arrivaient droit sur nous.

Trois paires d'yeux... bleues -Le royaume du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant