Chapitre XIII

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Nous avions repris notre marche, nous éloignant le plus possible du champ de bataille que nous avions provoqué. S'éloigner des Wargs était notre priorité. Nous allions vite, plus que d'habitude, et, pour une fois, Earine était silencieuse.

Au bout de quelques heures, nous nous arrêtames dans un bosquet d'arbres qui nous dissimulait aisément. Earine s'assit sur le sol sans un mot, Nessi à ses côtés. Le reste du groupe fit mine de vaquer à des occupations, personne n'osant briser le silence de plus en plus inconfortable à mesure que le temps passait.

Enfin, la voix d'Earine se fit entendre.

- J'aurais quelques questions...

- Moi aussi, ajouta Nessi.

- De même, indiqua Aggur en s'asseyant à côté d'Earine.

- Tout comme moi, intervint le prince Legolas en s'avançant.

- J'en ai aussi, admit Tauriel.

- Des centaines, ajoutai-je en m'asseyant en tailleur.

Comme Targen était le seul à ne pas s'être manifesté, nous nous tournâmes vers lui. Il nous adressa un regard interrogateur.

- Quoi ? Je ne suis pas surpris que vous contrôliez le feu. Elle, dit-il en me pointant du doigt, peut rentrer dans la tête des gens et y déposer des visions, et elle, dit-il en pointant Nessi, peut réciter des poèmes à l'envers !

J'éclatais de rire, car c'était vrai. Nessi rougit violemment, un petit sourire mi amusé, mi embarrassé sur les lèvres. Earine pouffa franchement.

- Et... Nous sommes tous partis, à sept, pour vous rendre un trône qui vous a été volé. Rien de tous ça n'a de sens !

- C'est vrai que dit comme ça, admit Earine, avec une mimique de la tête.

L'atmosphère était à présent bien plus détendue, et un rire jouait dans ma poitrine. Jamais je n'aurais cru que Targen serait capable d'une telle chose.

- Bon, reprit Nessi avec sérieux. Moi, j'ai une vraie question. Personne n'allait me dire que les Wargs existaient ?!

- Vous l'ignoriez ? S'étonna Tauriel.

- Je pensais qu'ils n'étaient que dans les histoires !

- Je suis désolée, Nessi, intervins-je. Je n'ai jamais pensé à te le préciser.

Earine claqua brusquement dans ses mains.

- Ce n'est pas le plus important.

- Non, en effet, acquiesça Aggur. Comment as-tu fait ça ?

Ma sœur poussa un long soupir.

- Je ne sais pas. C'est juste... Le feu ne brûlait pas. Et... Je ne sais pas. Je savais juste comment le faire. Et que je le devais.

- C'était instinctif, dis-je.

- Exactement ! J'avais l'impression d'avoir fait ça toute ma vie. J'ai juste... Pris le feu dans mes mains ?

À voir son expression confuse, je me rappelais que mettre des mots sur ses pensées n'avait jamais été son fort. Les mots ne tenaient pas une même place dans sa vie qu'ils ne le faisaient dans la mienne.

- Je vois ce que tu veux dire, lui assurai-je. Mais tu t'en aies bien sortie. Tu n'as brûlé personne d'autre que ceux que tu voulais brûler.

- En parlant de ça, vous nous avez tous aveuglés, nota Tauriel.

Je bougeais, embarrassée.

- Je m'en excuse, murmura-je, une vague de honte en pensant à l'effroi dans lequel je les avais plongés. Je ne l'ai pas fait exprès, je ne le voulais.

Trois paires d'yeux... bleues -Le royaume du NordOù les histoires vivent. Découvrez maintenant