Chapitre 5

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Savannah

J'ouvre les yeux, plus déterminée que jamais. Je prends une douche rapide et j'enfile un jean, un tee-shirt et les ballerines que je porte tous les jours. Je n'ai pas le temps de prendre le petit-déjeuner. Nous sommes samedi et Thérésa ne travaille pas aujourd'hui, elle ne pourra donc pas me sermonner gentiment.

Première étape  : faire table rase de tout ce qui fait référence à "l'autre moi", en commençant par la garde-robe. J'ouvre le dressing en grand et j'y retire tout ce qui ne me convient pas. Au bout de dix minutes, le lit est remplit d'un énorme tas de vêtements. Je ne garde que deux ou trois pantalons que je juge passables, une jupe en daim marron, quelques hauts qui ont l'air de me correspondre un peu, un manteau noir et un autre bleu foncé mais je garde toutes les robes de soirée. Puis, je fais l'inventaire de toutes les chaussures. Je jette sur le sol les escarpins dont le talon me semble indécent pour ne garder que quelques chaussures à petits talons. Je me sépare également d'une dizaine de sacs dont je ne vois pas l'utilité. Quant aux sous-vêtements, je les garde tous. Ils ne sont ni trop prude, ni trop sexy. Je me retourne vers le lit, les mains sur les hanches, un sourire béat sur les lèvres, pleinement satisfaite d'avoir terminé la première étape. J'ouvre ma porte, bien décidé à faire rentrer tous ces habits dans des sacs, que j'espère trouver dans la cuisine. Au même moment, Alex sort de sa chambre, les cheveux encore mouillés. C'est la première fois que je le vois en jean et basket mais il faut dire qu'il est tout aussi canon vêtu ainsi. Sans laisser paraître mes émotions et en casant notre conversation de la veille dans un coin reculé de mon cerveau, je lui souris d'un air aimable :

— Bonjour ! je lance d'un ton neutre. Je ne savais pas que tu étais là.

— J'ai aussi droit au week-end, répond-t-il en s'avançant d'un pas nonchalant.

Je reste de marbre bien que la courte distance qui nous sépare me perturbe. Il passe sa tête par dessus mon épaule et regarde d'un air sceptique la montagne de vêtements qui jonche mon lit.

— Qu'est-ce que tu fais ?

Je tourne ma tête légèrement pour suivre son regard puis, après avoir inspiré doucement, je me tourne à nouveau vers lui :

— Je mets de l'ordre dans ma vie, je réponds en croisant les bras sous ma poitrine.

Il hausse les épaules et un petit sourire ironique apparaît sur ses lèvres, puis il continue son chemin, me laissant comme une gourde devant ma porte.

— Bon courage ! lance-t-il par dessus son épaule en s'engouffrant dans l'escalier.

Je serre les dents en l'injuriant intérieurement. Quel goujat ! Mais je ne vais pas me laisser piétiner de la sorte. Je respire un grand coup et tout en parant un beau sourire confiant sur mes lèvres, je le suis vers la cuisine. Il se serre une tasse de café et s'installe sur un tabouret tout en me regardant ouvrir portes de placard et tiroirs, à la recherche de différents sacs. Après des recherches infructueuses et sentant son regard sur moi, je me retourne en essayant de garder un air décontracté.

— Peux-tu me dire où se trouvent les sacs, s'il te plait ?

Il me fait un bref signe de tête m'indiquant une porte attenante à la cuisine. Je vois bien qu'il se cache derrière sa tasse pour se moquer de moi. Sans un regard, je prends ce dont j'ai besoin et je file dans ma chambre. Après avoir plié toutes les affaires et les avoir mises dans les sacs, je me sens comme libérée mais je suis loin d'avoir fini. Je redescends dans la cuisine où Alex sirote encore son café. Je m'en sers une tasse et je viens m'installer à côté de lui. J'en bois une longue gorgée pour me donner du courage puis je racle ma gorge avant de lui adresser la parole :

la mémoire ensevelie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant