la mémoire ensevelie

Chapitre 28

Savannah

La première journée sans Alex se termine. Assise sur les marches qui mènent à la plage, je regarde les vagues s'écraser les unes après les autres sur le sable blanc. Je commence à me sentir fatiguée, je ne me suis arrêtée que quelques heures dans un hôtel pour me reposer mais je n'ai pas fermé un œil . Les images du corps d'Alex contre celui de cette garce, tournaient et retournaient inlassablement dans ma tête sans que je puisse les chasser. Finalement, j'ai repris la route à l'aube et sept heures plus tard, j'ai posé ma valise dans cette villa magnifique que j'adore. Les voisins sont assez éloignés et un silence reposant règne tout autour. Seul le bruit des goélands brisent le calme de cet endroit. Je me relève pour rejoindre l'intérieur, la tête à des centaines de kilomètres d'ici.

Je ne cesse de penser à Alex !

A cette heure, il a dû trouver la boîte, à moins qu'il soit trop occupé avec son assistante. Je secoue la tête en me grondant intérieurement d'avoir de telles pensées.

Au fond de moi, je sais qu'il n'a rien fait !

Je suis persuadée que cette ignoble femme a encore mis ce stratagème sur pied pour nous séparer. Je ne peux plus supporter sa présence entre nous, je n'en peux plus de trembler quand je le sais avec elle. Je voudrais seulement qu'elle disparaisse de notre vie.

Mais je sais très bien que c'est impossible !

Je referme la baie vitrée et je longe le salon qui jouxte la chambre dans laquelle je me suis installée. Je me fais couler un bain et j'essaie de me détendre dans l'eau chaude mais mes pensées dérivent encore vers Alex.

Pourquoi ne m'a t-il pas fait savoir qu'il a trouvé la boîte ?

Il a souvent insisté pour avoir un deuxième enfant. Quand je lui ai parlé d'un petit Drumont, son visage s'est illuminé. Je me souviens qu'il prenait son rôle de père très au sérieux. C'était un père adorable et attentionné, il aimait jouer avec son fils, il passait énormément de temps avec lui.

Alors, qu'attend t-il pour m'appeler ?

Je sors de la baignoire et je m'enveloppe dans un peignoir de bain. D'un geste las, je m'allonge en chien de fusil sur le lit, la tête nichée contre l'oreiller et je ferme les yeux. Le visage d'Alex apparaît devant moi, j'aimerais tellement qu'il soit là. Je voudrais me blottir contre lui, me sentir en sécurité entre ses bras, respirer son odeur, sentir son cœur battre contre le mien.

Mais, je lui ai demandé de me laisser respirer et il respecte mon choix !

Je soupire longuement et le sommeil me rattrape déjà, les longues heures de trajet ont raison de moi et je sombre lentement, la main posée sur mon ventre.

Le bruit de la sonnette de la porte d'entrée me fait ouvrir les yeux. Je regarde l'heure sur mon portable, il est presque neuf heures.

Je viens d'enchaîner plus de dix heures de sommeil !

Un nouveau coup de sonnette retentit. Je me lève, les yeux gonflés par ma longue nuit de sommeil, et je resserre les pans du peignoir contre moi tout en me dirigeant, d'un pas lent, vers la porte que j'ouvre. Un livreur se tient devant moi, un vase contenant un énorme bouquet de roses blanches entre les mains :

— Madame Drumont ? demande-t-il en souriant.

Je lui fais un petit signe de la tête tandis qu'il me tend les fleurs avant de  faire demi-tour :

— Ne fermez pas la porte, il y en a d'autres ! annonce-t-il par dessus son épaule en se dirigeant vers sa camionnette.

Je le vois sortir un autre vase tout aussi imposant que celui que je tiens dans les mains. Je le fais entrer dans la maison afin qu'il le pose puis il repart à nouveau. Ce petit manège dure quelques minutes jusqu'à ce que la pièce soit remplie de pas moins de huit vases contenant mes fleurs préférées. Il me tend une petite enveloppe puis, après m'avoir salué, il repart. Je regarde autour de moi, les huit vases qui traînent un peu partout dans la pièce et j'essaie de trouver une ultime place pour celui que j'ai dans les mains. J'ouvre alors l'enveloppe et je reconnais l'écriture d'Alex sur une petite carte. Comment a-t-il su où j'étais ?