Chapitre 8

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Savannah

Je mange de bon appétit car j'ai sauté, une fois encore, le petit-déjeuner. Heureusement que Thérésa n'est pas là, car elle n'aurait pas manqué de me remettre dans le droit chemin en me ventant les mérites d'un bon petit-déjeuner pour bien commencer la journée. J'ai tellement de questions à poser à Alex sur ma famille, mais je n'ose pas, il s'est à nouveau enfermé dans son mutisme et je ne voudrais pas l'embêter avec mon baratin. Pourtant, après avoir inspiré profondément, je ne peux m'empêcher d'ouvrir la bouche :

— Est-ce que tu peux me parler de mes parents ? je prononce timidement.

Il continue de mâcher ce qu'il a dans la bouche, pose sa fourchette puis boit une longue gorgée de vin avant de lever les yeux vers moi :

— Qu'est-ce que tu veux savoir ?

Je ne m'attendais pas à ce qu'il soi aussi coopératif et je reste sur le fait accomplit, la bouche grande ouverte sans qu'aucun mot ne sorte. Il me regarde en levant la main pour me signifier qu'il attend que je parle. Je réfléchis rapidement, je ne sais pas, je voudrais tout savoir :

— Qui étaient-ils, enfin, comment sont-ils devenus si riches ?

Il soupire, fixe un point derrière moi comme s'il cherchait par quoi commencer, puis son regard se concentre de nouveau sur moi :

— Ton père était un ouvrier du bâtiment et ta mère était femme de ménage. D'après ce que je sais, ils travaillaient durs. C'étaient des personnes très courageuses, un peu comme toi, affirme-t-il en me regardant intensément.

Je crois que je rougis. C'est la première fois qu'il me fait un compliment et j'en reste abasourdi. Je baisse les yeux, incapable de soutenir son regard qui me transperce.

— Ils ont joué à la loterie et ont gagné le jackpot. Ce fut le début de leur nouvelle vie. Ils ont fait de bons placements financiers puis ils ont investi dans l'immobilier ce qui leur a permis de faire fructifier leur argent et d'amasser une belle fortune. Ils sont restés néanmoins des gens simples qui n'aimaient pas exposer leur fortune. Ils faisaient beaucoup de dons à des œuvres caritatives. Ça leur tenait à cœur d'aider les autres.

Je souris. C'est comme ça que je les imaginais. Je reste un moment silencieuse, pensant avec regret que j'aurai aimé me souvenir d'eux, mes parents.

— Tu m'as dit que leur avion avait disparu près de l'Amazone, que faisaient-ils là-bas ?

— Ils avaient pour habitude de voyager énormément. Ils apportaient leur aide financière dans des villages où régnait la pauvreté. Cette année-là, ils avaient décidé de retourner en Amérique Centrale dont ils sont tombés amoureux.

— C'est ce qui explique l'originalité de mon prénom, je suggère en souriant.

— Tes parents se trouvaient au Brésil lorsque ta mère est tombé enceinte. Tu es née là-bas. Je suppose que Savannah fait référence à la savane.

Quoi ? Je suis née au Brésil. Je m'attendais à tout sauf à ça.

Je sais que je vais encore abusé de sa patience mais j'ai tant de questions qui me viennent au fur et à mesure que j'apprends des choses sur eux :

— Étaient-ils de bons parents ?

— Tout ce que je peux dire c'est qu'ils t'aimaient. Personne ne te dira le contraire.

Je souris mais des larmes brouillent mes yeux. Je bois une gorgée de vin pour ôter cette boule qui me noue la gorge.

— Ça suffit pour aujourd'hui, décrète Alex en s'emparant de sa fourchette.

la mémoire ensevelie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant