Chapitre 20

3.1K 279 51
                                    

Savannah

La tête appuyée contre ma main, je le regarde dormir paisiblement. Je laisse mon regard vagabonder sur son torse puissant, puis remonter vers sa bouche qui est légèrement entrouverte. Ses cheveux châtains sont décoiffés et portent encore la trace de mes doigts, qui s'y sont emmêlés alors que sa tête remuait entre mes cuisses. Je me mors la lèvre en repensant à cette nuit et je ne peux m'empêcher de  venir me blottir contre lui. Ses bras se resserrent autour de moi, sa gorge émet un petit râle de satisfaction tandis que ses mains se promènent déjà le long de mon dos, faisant naître sous ses doigts, de légers frissons. Nous restons un long moment enlacés, profitant encore de ces quelques instants de plénitude.

— Il faut que je me lève, murmure Alex en caressant mon visage. Je n'ai pas envie de te laisser mais je dois boucler ce fichu dossier.

Je me redresse pour venir poser mon menton sur sa poitrine, le visage levé vers lui :

— Et si je nous préparais un petit dîner en amoureux, ce soir ?

— J'ai déjà hâte d'y être, répond-t'il en déposant un long baiser sur mon front. Je ferai tout mon possible pour être là vers dix-huit heure.

Il quitte le lit et mes yeux suivent son corps nu, outrageusement parfait, s'engouffrer dans la salle de bain. Je souris avant de nicher mon visage quelques minutes dans son oreiller qui embaume ce parfum musqué qui m'enivre tellement. Je ferme les yeux et je m'assoupis sans m'en rendre compte. Une légère caresse sur mon visage me fait ouvrir les yeux. Je plonge dans ces iris bleus qui me fixent avec envie :

— Je dois y aller, prononce-t-il d'une voix suave, sa main dégageant mes cheveux de mes yeux.

— Tu me manques déjà, je réponds en me redressant pour l'enlacer tendrement.

Il enfouit sa tête dans mon cou pour y déposer de petits baisers puis, après un long soupir, il se lève. Un petit sourire sur les lèvres, il me fait un dernier signe de la main avant de quitter la chambre, me laissant seule comme une droguée en manque de sa dose. Je me recouche, le corps encore fatigué par notre nuit tumultueuse et je me laisse emporter par le sommeil qui m'attrape gentiment...


— Maman !

Je m'accroupis, les bras grands ouverts pour accueillir ce petit garçon qui court vers moi. Ses petits bras s'accrochent à mon cou et je me redresse pour venir le faire virevolter dans les airs. Son rire cristallin envahit mes tympans et se mêle au mien. Je le repose et je prends sa main pour franchir les quelques pas qui nous amènent à  la balançoire. Il s'y assoit gauchement, un sourire éclatant sur son doux visage. Je le pousse lentement, éveillant en lui des sensations qui lui font pousser des petits cris de joie. Soudain, il disparaît. La balançoire vide revient vers moi. Je tourne ma tête dans toutes les  directions, à la recherche de ce petit garçon que je ne vois nulle part. Je courre, arpentant le parc, criant à tue-tête :

— Paul ! Paul ! Où es-tu ?


Je me redresse en sursaut sur mon lit, les joues baignées de larmes et la poitrine se soulevant fortement. Je passe ma main dans mes cheveux en essayant de graver le visage de cet enfant dans ma tête. Le souffle court, je me lève tout en essuyant mes joues.

Quel horrible rêve !

Je vais dans la salle de bain et je laisse l'eau chaude de la douche ruisseler sur mon corps, les mains appuyées contre la paroi.

Tout cela me semblait si réel.

Je fais mon possible pour me rappeler chaque détail de ce visage d'ange, mais je sens qu'il s'estompe petit à petit de mon esprit. Sans attendre, je sors de la douche et je passe rapidement un jean, un tee-shirt et ma paire de Converse. Je quitte la chambre en attachant mes cheveux avec un élastique et je passe par la cuisine pour attraper une tasse de café. Je crois que Thérésa me parle mais je suis trop absorbée par mes souvenirs pour lui répondre. Je lui fais un signe de la main pour lui signifier que je vais bien et je sors vers le jardin, ma tasse de café à la main. Je marche à grandes enjambées en passant par le petit bois qui me conduit à mon atelier. J'essaie d'éviter les souches afin de ne pas tomber.

la mémoire ensevelie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant