Chapitre 11*

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Savannah

Je voulais me rendre à ma société, mais je n'en ai pas le courage. Cette matinée a été assez éprouvante et je me sens fatiguée. Je ne comprends toujours pas ce qui vient de se passer sur le parking, mais ce qui m'énerve le plus, c'est qu'il est avec elle en ce moment.

A t'elle droit, elle aussi, à ses baisers ?

Je rentre à la maison, je salue brièvement Thérésa qui est occupée à nettoyer la maison puis je monte à l'étage. Mon regard se pose sur la porte de la chambre "mystérieuse" et je me gronde de ne pas en avoir parlé à Alex. Je retire mes chaussures d'un geste plein de lassitude puis je me laisse tomber sur mon lit, les bras en croix. Les yeux fermés, je repense à notre baiser. Mes doigts effleurent mes lèvres et je soupire longuement. Il embrasse divinement bien et ses baisers dans mon cou raniment toujours cette chaleur entre mes cuisses. Je pivote sur le côté gauche pour serrer mon coussin contre moi et j'y enfouis mon nez. J'essaie de dormir, mais des images de cette bimbo viennent me tourmenter. Je l'imagine dans les bras de mon mari et ça m'énerve à un point, que je pourrais retourner là-bas pour la gifler impunément. Finalement, au bout d'un quart d'heure, le sommeil ne vient pas. Je me relève en pestant puis je chausse ma paire de Converse avant de descendre dans la cuisine. Thérésa n'est plus là, mais une bonne odeur de café envahit les lieux. Je me sers une tasse puis je sors sur la terrasse. Mes pas me conduisent devant mon atelier de peinture. Je pousse la porte et en buvant de petites gorgées , je flâne à l'intérieur de la pièce. Je m'assois sur le tabouret et je fixe la toile blanche qui se trouve devant moi. Je pince les lèvres en regardant les tubes de peinture abandonnés sur la table. Je lève les yeux au ciel en pouffant puis je pose ma tasse pour attraper la palette en bois qui traîne à côté. Je la retourne dans tous les sens en me demandant si l'eau coule encore du robinet. Je me lève pour tenter ma chance. Miracle ! De l'eau s'écoule dans l'évier. J'en remplis un pot puis je retourne m'asseoir. Je prends le tube de rouge magenta mais la peinture est sèche. Je le repose pour m'emparer du bleu cyan qui celui-là fait apparaître une belle coulée quand je le presse. J'en dépose une grosse quantité sur la palette et je fais de même avec le jaune primaire. Je mélange jusqu'à obtenir un joli vert. Je trempe mon pinceau dans la peinture et, le bras suspendu près de la table, je fixe le vide. Soudain, comme si j'avais fait ça toute ma vie et avec des gestes quasi-professionnels, la toile se remplit de feuilles d'arbre dont je nuance la couleur en mélangeant plus ou moins les doses de peinture. Au bout d'un certain temps, je pose mon pinceau et j'attrape la tasse de café mais le liquide est si froid que ma bouche dessine une petite grimace. Une voix que je ne connais que trop bien résonne alors à mes oreilles.

— Tu étais donc là ? Thérésa était à deux doigts d'appeler la police.

— Tu exagères un peu, je réponds, un large sourire sur les lèvres en redressant les épaules et en pivotant mon cou de droite à gauche.

Je sens ses pas s'approcher et mon corps se met à frisonner. Il se poste derrière moi. Je peux sentir son souffle dans mes cheveux et l'odeur de son parfum.

— Tu es déjà rentré ?

— Il est dix-huit heure trente, justifie-t-il en posant ses mains sur mon cou. J'avais envie d'être à la maison, conclue-t-il en pétrissant lentement mes cervicales.

Je remue la tête en poussant de petits soupirs. Sa main repousse mes cheveux qu'ils déplacent sur le côté et je sens ses lèvres se poser sur mon cou pour y déposer de petits baisers.

— Tu aimes me torturer, n'est-ce pas ? je souffle entre deux soupirs.

— Tu es tellement réactive.

la mémoire ensevelie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant