Chapitre 26

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Savannah

Je n'arrive toujours pas à croire ce que je viens de voir. Ma tête tourne alors que j'essaie de me faufiler entre les invités tout en refoulant les larmes qui menacent de tomber sur mes joues. Je franchis enfin les portes et j'expire tout l'air de mes poumons en me tordant en deux.

Quel salop ! Lui qui m'avait juré qu'il n'y avait rien entre eux !

Je me demande bien comment il va faire pour se justifier. Je l'ai vu de mes propres yeux, écraser sur elle contre le mur, les mains de cette garce autour de son cou. Je fouille dans mon sac, à la recherche des clés de la voiture qu'Alex m'a confiées, quand j'entends des bruits de pas précipités s'approchant dangereusement de moi :

— Savannah ! hurle-t-il.

Je le l'écoute pas et je continue ma route tout en attrapant le trousseau que je brandis hors de mon sac. Il me rattrape et me saisit par le bras.

— Savannah, attend ! Je vais t'expliquer !

Je fais volte-face, les yeux exorbités, les mains sur les hanches, la poitrine se soulevant douloureusement à chacune de mes inspirations :

— Tu m'as déjà sorti ce couplet ! je réponds d'un ton sec.

— Ce n'est pas ce que tu crois !

Il fait un pas en avant mais je l'arrête d'un signe de la main en me reculant à mon tour :

— Et qu'est-ce que je suis censée croire ! je hurle, hors de moi. J'en ai assez qu'elle soit toujours entre nous !

Je fais demi-tour, les yeux embués et je franchis les quelques pas qui me mène à la voiture, l'ombre d'Alex derrière moi :

— Elle m'a tendu un piège ! justifie-t-il dans un souffle.

Je redresse les épaules et je me retourne vers lui, une rage immense envahissant l'intérieur de mes veines :

— Tu veux vraiment que je te plaigne ? je crache. Elle n'était pas censé trouver un autre job ? C'est quoi ton problème avec elle ? Tu la baises comme tu le fais avec moi ? C'est pour te venger ? C'est ça ?

Je suis tellement en colère que les mots sortent de ma bouche sans réfléchir. Je le regarde, le souffle saccadé par ma tirade, une boule au fond de la gorge.

Je suis à bout, je veux simplement rentré chez moi !

Sans attendre de réponses, je me retourne et je déverrouille la voiture mais Alex se met devant la portière, m'empêchant d'y entrer :

— Pousse-toi ! je grogne en le repoussant violemment.

Il ne bouge pas d'un millimètre et ses mains attrapent fermement mes épaules. Son visage est fermé, ses mâchoires crispées :

— Dis-moi que tu ne crois pas un traite mot de ce que tu viens de dire ! demande-t-il d'une voix dure, les yeux noirs.

Je secoue la tête, incapable de le regarder dans les yeux, le corps tremblant encore sous le coup de la colère. Il m'attire contre lui et je pose mon front contre son torse, exténuée par cet échange.

Je sais au fond de moi qu'il n'a rien fait mais...!

Des bruits de talons me font lever les yeux. Je la vois, poster à quelques pas de nous, un petit sourire mesquin sur les lèvres et ma rage reprend le dessus. Je le repousse violemment avant de m'asseoir derrière le volant. Je mets le contact sous les yeux surpris d'Alex qui frappe sa main contre la vitre. Je sors la voiture de son emplacement en un temps record et dans un vacarme assourdissant, l'Audi quitte le parking.


J'entre dans la propriété sur les chapeaux de roue. Mes mains tremblent alors que j'introduis la clé dans la serrure. Je retire mes escarpins pour pouvoir monter rapidement les escaliers et je fonce dans notre chambre. Je m'empare d'une valise et j'y fourre tout ce dont j'ai besoin pour parer à ces quelques jours à venir. Car j'ai réfléchi pendant tout le trajet et j'ai décidé de prendre le large pendant un temps que je n'ai pas encore défini. Je fais tomber ma robe sur le sol et je l'enjambe afin d'enfiler des vêtements plus pratique. Je fais aussi vite que je peux.

Je ne veux pas d'une autre confrontation avec Alex !

Si je le vois, je suis pratiquement certaine de retomber dans ses bras et je ne le veux pas. Je souhaite simplement prendre un peu de recul pour pouvoir faire le vide dans ma tête. Tant de choses se sont passées depuis que j'ai ouvert les yeux dans cette chambre d'hôpital que je n'arrive plus à réfléchir correctement. Je dois penser à mon bébé ! Je souris tristement en passant ma main sur mon ventre. Moi, qui me faisait une joie de lui annoncer la nouvelle, me voilà quitter la maison comme une voleuse.

Cette soirée n'a pas été celle que j'imaginais !

Mon téléphone vibre alors que je range mes affaires de toilette dans la valise. Je ne prends pas le temps de le regarder et je descends les marches qui me mènent au rez-de-chaussé à une vitesse folle. Je courre vers le garage et je m'installe à bout de souffle derrière le volant de ma voiture, après avoir rangé ma valise dans le coffre. J'attrape enfin mon portable et je fais glisser mon doigts sur l'écran d'accueil, c'est un message d'Alex.

J'ARRIVE DANS QUELQUES MINUTES ! ON VA DISCUTER CALMEMENT !

Je ne sais pas quoi répondre alors je pose mon téléphone sur le siège passager et je me dépêche de quitter la propriété avant qu'il n'arrive. Je roule plusieurs kilomètres mais j'ai mauvaise conscience. Je m'arrête sur la bas-côté et je me saisis de mon téléphone. Je tapote le clavier et je clique sur "envoyer".

JE VAIS PARTIR QUELQUES JOURS ! J'AI BESOIN DE RÉFLÉCHIR !

Une sonnerie retentit alors que j'allais démarrer.

NE ME QUITTE PAS !

Les larmes que je retenais, coulent désormais, inondant mes joues. Je pose ma tête contre le volant pour laisser libre court à mon chagrin.

Mon cœur est brisé, en miette, piétiné !

Après un long moment, je reprends enfin la route, direction la maison que je possède au bord de la mer. Je dois y aller, j'en ai vraiment besoin mais j'ai mal. Je passe ma main sur mon ventre pour signifier à ce petit être que tout va bien, que tout va s'arranger. Soudain, je trésaille. Dans ma précipitation, j'ai oublié la boîte contenant les chaussons, je l'avais caché sous l'oreiller d'Alex.

Il est trop tard pour faire marche arrière !

la mémoire ensevelie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant