Chapitre 10

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Savannah

Je pousse la lourde porte vitrée de cet immeuble ultra-moderne, qui accueille le bureau d'Alex. Je regarde autour de moi, impressionnée par la beauté des lieux quand une jeune femme aux cheveux de jais s'avance vers moi :

— Madame Drumont ? Votre mari sait que vous êtes ici ? s'enquiert-elle d'un ton affolé qui me fait sortir de mes gonds.

— Je ne savais pas qu'il me fallait une invitation, je rétorque d'un ton sec.

— Oh non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire. C'est que...ça fait bien longtemps que vous n'êtes pas venue.

Elle semble désolée et ses joues virent au cramoisi. Je me sens un peu gênée aussi d'avoir réagit comme ça et tout en posant ma main sur son bras, je lui demande d'un air radoucit où se trouve son bureau. Elle esquisse un petit sourire puis m'indique comment arriver jusqu'à lui. Je prends l'ascenseur qui me mène au cinquième étage. J'inspire longuement quand les portes s'ouvrent, puis j'avance d'un pas mal assuré vers son bureau. Des regards en biais et des murmures m'accompagnent jusqu'à sa porte.

J'ai comme l'impression que je ne suis pas la bien venue ici.

Je marque un temps d'arrêt puis une boule au ventre, je frappe un léger coup à la porte. La voix forte d'Alex résonne me priant d'entrer. Tout en inspirant une énième fois, j'ouvre lentement la porte, un sourire sur les lèvres. Mais le tableau qui se dépeint sous mes yeux fait lentement disparaître ce sourire. Alex est assis à son bureau. Jusque là tout est normal. Mais derrière lui, sa poitrine s'écrasant contre son dos et sa main posée sur son bras, j'aperçois la blonde qui l'accompagnait au centre commercial. Ils semblent absorbés par ce qu'ils voient sur l'écran de l'ordinateur, mais je ressens beaucoup de complicité entre eux. A la façon dont elle est collée contre lui, j'ai peur d'envisager une relation autre que celle de deux collègues. Une once de jalousie coule dans mes veines que j'essaie de cacher sous un sourire forcé :

— Bonjour ! je lance en avançant de quelques pas.

Leurs yeux se lèvent de l'écran. Alex me regarde d'un air surprit quant à la blonde, elle se relève rapidement d'un air gêné. Elle avance vers moi en réajustant sa robe rouge qui enrobe parfaitement ses formes généreuses puis elle me tend la main, un sourire hypocrite sur les lèvres qui me donne envie de lui arracher les cheveux.

— Savannah ! Vous allez bien ?

— Je vais bien, merci ! je réponds poliment sans me soucier davantage d'elle.

Je regarde par dessus son épaule dans la direction d'Alex qui contemple la scène, confortablement adossé à son siège qu'il fait tourner de droite à gauche, en souriant comme un gamin heureux de sa petite plaisanterie. A cet instant, je le hais de s'amuser de moi encore une fois et je n'ai qu'une envie, faire demi-tour :

— Je passais dans le quartier et je voulais savoir si tu avais le temps pour déjeuner, mais manifestement, tu es occupé, je dis en jetant un coup d'œil à la blonde. On se voit ce soir.

Sans attendre sa réponse, je fais volte-face en toute dignité et je sors du bureau en pestant intérieurement d'avoir mis les pieds ici. Je retraverse le couloir sous les coups d'œil et les murmures puis j'appuie sur le bouton de l'ascenseur, les bras croisés contre ma poitrine. Les portes s'ouvrent, j'entre et je m'appuie sur la paroi, la tête baissée. Un moment où les portes coulissent, une main se glisse entre elles, les empêchant de se refermer. Je lève les yeux vers Alex qui s'adosse en face de moi, ce sourire encore sur ses lèvres :

— Qu'est-ce que tu fais là ? je lance d'un air renfrogné. Tu avais l'air occupé.

— Tu es jalouse ?

la mémoire ensevelie Où les histoires vivent. Découvrez maintenant