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Suite à ces mots, Yoongi a bu quelques gorgées. Moi, je le regardais simplement, sans trop savoir quoi répliquer.

- Ok, tu n'es pas un connard à ce point, ai-je fini par admettre. Mais t'es au courant qu'il n'y a aucun prix à remporter à la fin de ta mission humanitaire ?

Yoongi pouffe un peu nerveusement avant de répondre.

- Aucun prix ? Répète-t-il avec sarcasme. Un truc du genre... Ta guérison, par exemple ?

Extrêmement surprise par ce qu'il vient de dire, je suis restée sans voix.

- J'ai beau ne pas t'aimer, ta mort ne sera un cadeau pour personne, Haeri.

___

Touchée par ce simple commentaire, je n'ai pas été capable de lui répondre et me suis contentée de boire. Yoongi imite mon geste, puis soupire en s'adossant dans le canapé.

- Qu'est-ce que tu peux me dire au sujet de ta famille ? S'intéresse-t-il.

- Je peux te dire que je n'ai pas envie d'en parler.

- Pourquoi ?

- Tu as débarqué ici en me demandant de ne pas te poser de questions sur ta mauvaise journée. J'apprécierais que tu fasses de même concernant ce sujet.

- D'accord... Dans ce cas... Je suppose que tu n'as pas de petit-ami ?

Je secoue négativement la tête et pose mon verre avant d'enchaîner.

- Je fréquentais quelqu'un il n'y a pas si longtemps mais... Ce n'était pas vraiment sérieux. Disons que c'était plutôt un sexfriend.

- Sexfriend, pouffe Yoongi. Ah, la jeunesse...

- Comment ça « la jeunesse » ? T'es au courant que j'ai un an de plus que toi ? Le taquinai-je.

- Quoi... ? Non, tu déconnes.

- Bah non...

Je souris en voyant son expression complètement abasourdie. C'est tellement jouissif.

- Je suis ton aînée, le provoquai-je en m'asseyant correctement sur le canapé. Tu me dois le respect et tu devrais m'appeler « Noona », d'ailleurs.

Yoongi reste immobile, puis regarde aux alentours avant de brusquement se lever.

- Qu'est-ce que tu fais ? Demandai-je alors qu'il s'était rué vers mon sac à main pour fouiller dedans. On ne fouille pas dans le sac d'une fille.

- T'es une fille, toi ? Réplique-t-il tandis que je le rejoignais pour l'empêcher de fouiner.

- Puéril.

Je le pousse comme je peux, mais ne parviens pas à l'empêcher de trouver ce qu'il convoitait. Mon porte-feuille...

- Donne-moi ça ! M'exclamai-je alors qu'il tendait le bras en l'air pour que je n'atteigne pas l'objet.

- Pourquoi ? Tu caches quelque chose ? Se moque-t-il en partant se mettre debout sur le canapé parce que je le poursuivais partout.

- Arrêtes ! Me plaignis-je pendant qu'il ouvrait mon porte-feuille, toujours les bras en l'air. T'as pas le droit ! Je suis plus grande que toi je te rappelle.

- En taille ? Hmm... clairement pas.

- En âge, idiot. Fais pas l'innocent ! En plus je fais à peine trois centimètres de moins que toi !

Il sort finalement ma pièce d'identité et la regarde avant de se lâcher sur le canapé pour s'asseoir.

- 1995... lit-il à voix haute. Pas besoin d'être un génie de mathématique pour savoir que t'es plus jeune que moi.

Je lui arrache la carte des mains dès que possible, même si ça ne sert plus à rien de vouloir la cacher.

- Appelle-moi « Oppa », sourit-il fièrement.

- Hors de question.

- Manque de professionnalisme, et aucun respect en plus... Je suis pas étonné.

Je lui fais une grimace et pars ranger mes affaires à leurs places.

- Elle date de quand cette photo ? S'intéresse-t-il.

- Quelques années.

- T'étais jolie avant, il s'est passé quoi ?

- J'ai eu un cancer, ai-je rétorqué juste pour voir sa réaction.

- Hmm... Non. Le problème date de bien avant ça si tu veux mon avis.

- Connard.

Il rigole doucement et je ne peux me retenir de sourire. Sourire que je camoufle une fois que je retourne m'asseoir à côté de lui. Je ne voudrais quand même pas qu'il pense que je le trouve ne serait-ce qu'un peu drôle parfois.

- Finalement, t'es pas si détestable, dit-il en reprenant son verre.

- Je l'ai jamais été. T'as juste jamais cherché à me connaître pour de vrai.

- Si, tu l'as été, affirme-t-il. Tu l'es toujours d'ailleurs, mais... Je te supporte plus qu'avant.

Je souris finement et bois une gorgée après avoir moi aussi repris mon verre.

- Il a fallu que j'ai un cancer pour que tu changes ton point de vue. T'as juste pitié en réalité.

- Il n'y a aucun lien de cause à effet. Ce n'est pas parce que tu as un cancer que je te vois différemment.

- Techniquement si, puisqu'auparavant t'aurais jamais agi comme tu le fais maintenant. Je confirme qu'il y a une part de pitié dans tout ce processus.

- Si on avait pris le temps de se parler comme ça dès le départ, mon avis aurait été le même, que tu aies un cancer ou non.

- Sauf qu'il a fallu que tu apprennes ma maladie pour que ça arrive. On en revient donc au fait que mon cancer est bien au cœur de la situation.

Yoongi ne répond pas tout de suite et je l'entends prendre une grande inspiration.

- Je vais te confier un secret, commence-t-il.

Je lève les yeux vers lui pour le regarder.

- Je t'ai jamais vraiment détesté, avoue-t-il. Disons que je ne t'appréciais pas mais... t'étais littéralement la seule maquilleuse qui osait répondre sans filtre. Ça m'énervait, et ça m'énerve toujours, certes, mais c'était plaisant dans le sens où ça changeait des autres. J'avais pas l'impression que tu te forçais à nous respecter juste pour ce qu'on est. Tu n'hésitais pas à me répondre, et au fond, je pense que ça me ramenait sur Terre.

- Donc tu m'aimes bien ?

- Je viens de te dire que tu m'énerves. Qu'est-ce que tu as mal compris ?

- Tout ce que tu as dit est plutôt contradictoire si tu veux mon avis.

- T'es tellement saoulante, souffle-t-il. J'apprécie juste que tu ne fasses pas l'hypocrite qui est toute gentille et qui dit oui à tout ce qu'on dit ou fait sous prétexte qu'on est célèbre. Je ne dis pas que je t'apprécie en tant que personne pour autant, parce que je n'aime quand même pas ta façon d'être.

Je hausse les épaules et un sourire en coin se dessine sur mes lèvres, anticipant la réaction de Yoongi par rapport à ce que je suis sur le point de dire.

- Ce que je comprends, moi, c'est que tu m'aimes bien.

Best Enemies | Yoongi FFOù les histoires vivent. Découvrez maintenant