Chapitre 38

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Ses jambes manquèrent de se dérober à plusieurs reprises. Elles devenaient plus lourdes à chaque pas. Mitsuru ne savait même pas où elles le menaient. Il n'avait connaissance que d'une seule chose ; il devait courir, courir, courir le plus loin possible de ce funeste bâtiment. S'il était trop lent, il risquait sa peau.

Le produit blotti contre sa poitrine, le bleuté accéléra davantage, autant que sa prothèse métallique le lui permettait. Au début de sa course, il avait eu peur qu'elle le lâche, mais elle tenait bon. Les claquements de ses chaussures contre le trottoir, ainsi que les battements frénétiques de son cœur, étaient les seuls sons qu'il était capable d'entendre. Parfois, quand il faisait un pas trop secouant, le liquide qu'il serrait à s'en craquer les phalanges émettait un petit « blop » qui lui rappelait alors qu'il avait réussi. La mission que les Japonais lui avaient donnée. Que Yuri aurait dû lui transmettre, tandis qu'il était enlevé. Que Lus avait fini par lui confier, à peine une demi-heure.

Une mission qui aurait été un échec sans Diana. Diana, qui était restée dans le bâtiment d'Orion.

Mitsuru voulut jeter un coup d'œil en arrière, mais se fit violence pour se retenir. Ca ne servirait à rien ; il était déjà trop loin pour voir la bâtisse. Et qu'est-ce que ça lui apporterait, à part le risque de percuter quelqu'un ?

Il était terrifié, même si son visage n'affichait absolument rien. Dans les moments de fortes émotions, les habitudes qu'il avait prises en tant que Tayna reprenaient le dessus. Se construire un masque d'une neutralité désarmante en faisait partie. Et puis, il préférait que les autres le croient insensible, plutôt qu'ils connaissent les moindres faiblesses de son cœur. La peur, la peine, la haine, tout ça devait rester enfoui au plus profond de lui-même. Son amour pour Diana ne faisait pas exception.

Elle possédait une gentillesse incommensurable, une générosité et une simplicité à toute épreuve. Elle l'avait materné comme il ne l'avait jamais autant été, même plus que sa propre mère lorsqu'elle était encore en vie. Même si le blocage émotionnel de Tayna l'avait empêché de comprendre ou même de se poser des questions, à présent Mitsuru se demandait pourquoi elle l'avait pris sous son aile comme elle l'avait fait. Par pur altruisme ? Ou il y avait-il une autre raison ? Dans tous les cas, il ne pourrait sans doute plus jamais lui dire à quel point il lui était reconnaissant pour la manière dont elle l'avait traité. Irina considérait Tayna comme un objet, un pion dont elle pouvait se servir puis jeter après utilisation. Yurika le regardait avec dédain. Les autres joueurs l'ignoraient royalement, obéissant aux consignes de faire comme s'il n'existait pas. Quant à Bernard, lui parler aurait été trop risqué pour lui. Seule Diana était allée au-delà des limitations d'Irina.

Enfin, il y avait aussi Alexeï. Mais Mitsuru ne savait jamais si un comportement normal et presque sympathique d'Alexeï – quand on ne le mettait pas en colère, s'entend – était un bon ou un mauvais présage.

Où se trouve l'hôtel de l'équipe Japonaise, déjà ?

Mitsuru s'arrêta un instant, le souffle court. Une goutte de sueur roula le long de sa tempe, et s'écrasa au sol. Une femme qui tenait un petit garçon par la main lui jetait un regard de travers, et s'écarta de lui. Le bleuté n'y fit pas attention et se concentra sur son environnement. Par où Yuri les avait fait passer, quand il les avait mené aux Japonais ?

Décidément, il devait tout à Yuri. Maintenant qu'il était aux mains de l'ennemie, le manque que ça créait se faisait ressentir. Mitsuru prenait conscience de l'utilité non négligeable du garçon aux longs cheveux beiges.

Au bout d'une minute de réflexion, il finit par reconnaître dont la toiture avait une drôle de forme. Il se rappelait que ça l'avait marqué lors de leur premier trajet. Se forçant à espérer, le bleuté reprit la route. Il essaya de calmer son souffle, et se força à ne pas courir. Il se répéta plusieurs fois que ça ne servirait qu'à le vider de toute son énergie, et que de toute façon il était trop loin pour être rattrapé, à présent. Ca faisait déjà une dizaine de minutes qu'il avait pris la fuite, et il y avait beaucoup de monde dans les rues de Berlin. Quand bien même un agent d'Orion se serait discrètement lancé à ses trousses, il n'aurait pas réussi à le suivre.

La Face cachée du FFI 2 - Orion sera libre ! [Inazuma Eleven Orion Fanfiction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant