Partie 3.

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Jour 63 :

« Mm... T-Tu... Tu promets de pas te moquer, hein... » bégaya Aurélien en s'arrêtant devant la porte de sa chambre, se retournant vers Guillaume.

Guillaume lui jeta un regard surpris et Aurélien détourna légèrement le regard, embarrassé. L'autre garçon était devenu en un peu moins de un mois son seul et unique ami. Il avait du mal à aller vers les autres, préférant rester dans son coin pour éviter d'être blessé inutilement. Blessé émotionnellement ou... autre. Mais Guillaume avait été celui qui avait fait le premier pas, qui était venu lui parler la première fois. Et depuis ce jour-là, le plus grand n'avait eu de cesse de venir lui parler, cherchant ainsi à devenir son ami. Au bout d'une semaine à peine, Guillaume était venu le chercher chez lui afin qu'ils aillent ensemble au collège qui se trouvait à dix minutes même pas à pieds et Aurélien, quoiqu'un peu surpris, avait apprécié le geste. Et maintenant, cela ne lui viendrait plus à l'esprit de partir seul au collège sans attendre l'autre garçon, ni d'en partir sans lui. C'était devenu une habitude bien agréable dans sa routine quotidienne et il remerciait silencieusement le plus grand d'être venu lui parler ce jour-là.

« Pourquoi tu veux que je me moques, Aurél ? »

Il releva le visage pour jeter un regard timide au plus grand et lui sourit doucement. Il aimait tellement quand il l'appelait ainsi. C'était plus intime, plus doux... Il avait l'impression de vraiment compter pour lui ainsi.

« Je... J'ai aucune déco dans ma chambre vu que... J'ai pas vraiment le droit de faire des changements... La fille de Mme Nougot revient en juin, il ne faut pas qu'elle retrouve une chambre complètement différente de celle qu'elle a laissé... Et puis, je... continua-t-il en pensant à sa peluche lapin, posée bien en évidence sur son lit. Juste... Te moque pas s'il-te-plaît. »

Il jeta un petit regard hésitant à Guillaume et se demanda, pour la énième fois de la journée, ce qui lui avait pris d'accepter quand ce dernier lui avait demandé s'il pouvait venir après les cours. C'était irréfléchi. Maintenant, il avait peur de se retrouver seul dans un endroit confiné avec lui. Alors qu'il savait pertinemment bien qu'il n'avait aucune raison d'avoir peur de lui. Il ne lui ferait jamais rien, n'est-ce pas ?

« J'te promet, Aurél. J'vais pas me moquer de toi, hein. » lui dit Guillaume en le sortant de ses pensées et il vit le sourire chaleureux que ce dernier lui offrait.

Il se sentit alors un peu rassuré, un poids invisible quittant ses épaules, et il hocha la tête doucement avant de se tourner pour ouvrir sa porte. Ils entrèrent tous les deux et il se décala pour laisser Guillaume balayer la petite pièce du regard.

« Effectivement, c'est un peu vide, déclara ce dernier et il baissa les yeux au sol, gêné. Mais c'est très bien rangé. J'sais pas comment tu fais, moi c'est toujours le bordel dans ma chambre... »

Aurélien se mordit doucement la lèvre tandis que Guillaume faisait le tour de sa chambre pour observer cette dernière et il releva la tête en l'entendant s'arrêter de parler. Il le vit regarder quelque chose sur son lit et il sentit son cœur rater un battement en pensant à sa peluche, avant de voir le plus grand se pencher vers cette dernière et se retourner vers lui, un grand sourire aux lèvres.

« T'as un doudou, Aurél ? »

Aurélien sentit ses joues se mettre à le brûler à la question du plus grand et fit un pas en avant, afin de lui prendre la peluche des mains pour la serrer contre son cœur.

« C'est mon père qui a à tout prix voulu que je la prenne. T'avais promis de pas te moquer... »

Il vit le regard étonné que lui lança Guillaume et son sourire disparaître de son visage.

« Eh, j'suis désolé, Orel... Je voulais pas me moquer, hein. Je pensais pas que tu le prendrais si mal. C'était pas une pique, je te jure. »

Aurélien lui lança un regard hésitant à travers sa frange noire et serra un peu plus fort la peluche contre son cœur avant d'aller la reposer sur son lit. Il s'assit ensuite sur ce dernier et dévisagea Guillaume jusqu'à ce qu'il vienne s'asseoir sur le parquet devant lui.

« Pourquoi tu vis ici, Aurél ? Ta famille habite pas dans le coin ?

— Non, répondit-il en secouant doucement la tête. On habite à Caen.

— Mais pourquoi t'es venu au collège à Paris, alors ? Tu pouvais pas rester chez toi ? Doit y en avoir des collèges à Caen pourtant, non ? C'est pas si petit que ça. »

Aurélien hocha la tête distraitement et se perdit dans ses pensées. Il voyait le meilleur ami de son père s'introduire dans sa chambre le soir après un repas de famille un peu arrosé alors qu'il se mettait en pyjama. Aurélien... Viens, avant de dormir je vais te montrer un jeu rigolo... Ça s'appelle les chatouilles. Tu vas voir, c'est marrant. Il sentit sa gorge se nouer en pensant à ce souvenir datant d'il y a trois ans, la première fois qu'il l'avait touché. Il revint au monde réel en entendant Guillaume l'appeler et il tourna la tête vers lui pour apercevoir un air soucieux sur ses traits.

« Dé-Désolé... Je... J'adore dessiner et ici, on en a plus la possibilité. Y'a des cours spéciaux... C'est pour ça. Même pour l'après-collège, au lycée. Ils sont plus réputés.

— Tu penses déjà au lycée ? rit doucement Guillaume. T'as le temps, hein ! T'es qu'en sixième, encore. »

Aurélien sourit doucement et hocha la tête distraitement. La vrai raison c'était... Qu'il voulait seulement être le plus loin possible de lui. De cet homme. Parce que c'était impensable de dire la vérité à ses parents. Sa mère... Elle, elle ne le croirait jamais. Et son père, il avait trop peur de lui faire de la peine. C'était son meilleur ami après tout. Comment il pourrait accepter ses agissements ? Il ne le pourrait pas.

« Eh Aurél, on fait un jeu ? s'exclama Guillaume en se levant soudainement et il sortit de ses pensées dans lesquelles il s'était encore une fois perdu, afin de le regarder d'un air un peu perdu.

— Euh... Oui, bien sûr. Mais je n'ai rien...

— T'inquiète, j'en ai ramené un de chez moi ! lui répondit Guillaume en se dirigeant vers son sac, posé sur sa chaise de bureau. Et au fait... »

Aurélien écouta plus attentivement encore le plus grand en l'entendant baisser la voix, dos tourné à lui.

« Moi... Je suis content que tu sois là... »

Aurélien se mit à rougir en entendant la déclaration du plus grand et quand ce dernier se retourna, faisant comme si de rien n'était, il le vit lui offrir un grand sourire. Oui, lui aussi il était heureux d'être là, avec lui.

Fiction OrelxGringe - Les chatouilles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant