Partie 25.

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845 ème jour :

Aurélien avait les yeux baissé sur la table, n'osant pas les relever pour les poser sur Guillaume, de peur que ce dernier ne comprenne quelque chose dans son regard. Son père était venu les chercher six jours plus tôt pour les ramener à Caen et il avait été soulagé de ne pas voir Romans dans les parages quand ils étaient entrés dans la maison. Sa mère était venue saluer le basané et son père lui avait dit d'aller montrer la chambre d'ami à Guillaume pour qu'il puisse y déposer ses affaires. Il avait alors paniqué et avait attrapé la main du plus grand dans la sienne, demandant à son père d'une voix tremblante si Guillaume pouvait rester avec lui dans sa chambre. Son père lui avait lancé un regard confus avant de rire et de lui dire qu'il n'y voyait aucun problème et, en se retournant vers le plus grand, il avait aperçut ses joues légèrement rougies. Je ne veux pas que tu t'éloignes de moi, Guillaume, lui avait-il alors dit quand le plus âgé lui avait demandé dans sa chambre s'il était sûr. Pas même la nuit. Surtout pas la nuit. Ils avaient passés les trois derniers jours à jouer aux société avec ses parents, à cuisiner, à se balader... À un moment donné, ils avaient même fait une bataille de boule de neige, la neige ayant particulièrement beaucoup tombé durant la nuit, et Guillaume lui était tombé dessus dans la neige, lui bloquant les bras pour qu'il ne puisse pas se défendre. Avant qu'il n'ait eu le temps de paniquer, le basané s'était penché vers lui pour l'embrasser tendrement et il lui avait rendu son baiser, se noyant dans sa chaleur. Guillaume s'était reculé pour lui lancer un regard d'infinie tendresse et Aurélien lui avait murmuré qu'il l'aimait à demie-voix. Il s'endormait tous les soirs dans les bras du plus grand et redoutait le jour du réveillon où Romans viendrait, inévitablement, avec sa femme et ses filles. Et c'était aujourd'hui.

Il avait fait en sorte de se tenir le plus éloigné possible du plus vieux de toute la journée une fois qu'il l'eut salué à son arrivée. Il l'avait vu sourire à Guillaume en se présentant à lui et ce dernier avait rit en lui disant qu'il avait un peu entendu parler de lui et qu'il était content de le rencontrer enfin. Aurélien avait baissé les yeux au sol en entendant le basané dire cela, ayant peur que Romans ne comprenne autre chose mais en relevant la tête, il avait seulement croisé le regard qui se voulait doux du plus vieux sur lui. Il avait proposé à Guillaume de sortir pour aller se balader et ce dernier avait accepté, avant de lui dire quelques heures plus tard qu'il aimerait bien rentrer pour se réchauffer et peut-être passer un peu de temps avec sa famille. Romans les avait alors intercepté alors qu'ils se dirigeaient vers sa chambre et leur avait proposé de jouer au petit bac avec lui et ses filles dans la salle à manger, ce que Guillaume avait tout de suite accepté.

« Orel, t'as des mots en N alors ? » entendit-il Guillaume lui demander et il releva le visage vers son ami, face à lui.

Le basané était assis en face de lui, entouré des deux filles de Romans qui lui, était assis à côté de lui. Il avait essayé de contenir sa panique à être assis aussi près du plus vieux mais, à un moment donné, il avait sentit ce dernier poser sa main droite comme si de rien n'était sur sa cuisse gauche. Aurélien s'était figé en le sentant remonter sa main le long de sa cuisse par-dessus son pantalon et avait revu dans un flash le moment où le plus vieux l'avait touché ainsi pour la première fois, le jour de ses huit ans. Il avait été dans la piscine avec ce dernier et ses filles, ainsi que d'autres enfants qu'il avait invité pour son anniversaire. Romans s'amusait à les balancer dans l'eau, les enfants riant tous de bon cœur, et quand le plus vieux l'avait approché sous l'eau pour le prendre à son tour dans ses bras et le balancer dans les airs, Aurélien l'avait sentit faire glisser ses doigts le long de sa cuisse droite, remontant jusqu'à son entrejambe. Il avait alors arrêté de rire au contact et moins d'une seconde plus tard, Romans l'avait attrapé et l'avait jeté à l'eau. Il avait bu la tasse, ne s'attendant pas à ce qu'il le jette aussi vite à l'eau, et était sorti rapidement de la piscine en toussant, se précipitant dans sa chambre. Il s'était assis sur son lit, les pieds par terre et essayant de reprendre sa respiration, et une minute à peine plus tard, il avait vu Romans entrer à son tour dans sa chambre avant de fermer sa porte. Je suis désolé Aurélien, je n'ai pas mesuré ma force, s'était excusé Romans avant de poser sa main sur sa cuisse gauche pour la caresser doucement. Tu sais ce que je vais faire pour me faire pardonner ? Des chatouilles... Tu aimes ça, les chatouilles ? lui avait demandé Romans en remontant sa main lentement le long de sa cuisse, jusqu'à venir se poser par-dessus son entrejambe sur son maillot de bain. Aurélien n'avait rien dit, les mots restant coincés au fond de sa gorge alors qu'il regardait d'un air terrifié la main du plus vieux commencer à le caresser par-dessus son maillot de bain, lui faisant ressentir des sensations étranges sur lesquelles il n'arrivait pas à mettre de mots. Et il avait hoché la tête. Aurélien s'en rappelait à présent. Il avait hoché la tête. Bien sûr que tu aimes ça, les chatouilles, Aurélien. Qui n'aimerait pas ça ? lui avait demandé en riant doucement Romans avant de se pencher vers lui pour lui murmurer quelque chose à l'oreille. Ce sera notre petit secret, Aurélien. Il ne faut pas que tu en parles, surtout pas à tes parents, ils se fâcheraient. Et on ne pourrait plus jouer aux chatouilles. Tu as compris ? Il avait hoché la tête à nouveau et Romans s'était levé, retirant sa main de son maillot de bain. C'est bien. Tu es un garçon intelligent. Et grâce à ça, on pourra y jouer autant de fois qu'on le veut. Romans avait tourné les talons et était sorti de sa chambre, le laissant seul, et Aurélien avait pris son lapin en peluche dans ses mains après une petite hésitation. Il avait frotté ce dernier de manière hésitante contre son entrejambe, essayant de retrouver la sensation que le plus vieux lui avait fait découvrir en frottant sa main contre cette dernière, et avait sursauté en entendant son père l'appeler dans le couloir. Il avait jeté la peluche sur son lit et s'était relevé, juste au moment où son père était entré dans sa chambre. Tu viens, mon cœur ? Qu'est-ce que tu fais dans ta chambre tout seul le jour de ton anniversaire ? Il avait pris la main que lui tendait son père et l'avait suivi hors de sa chambre et dans le jardin, les joues rouges et une vague de honte le submergeant alors. Il avait aimé ça.

Il sentit les larmes lui monter aux yeux en se rappelant soudain de cet épisode et comprit alors qu'il ne s'était jamais évanoui ce jour-là, contrairement à ce qu'il pensait. Quand son père avait dit à Guillaume qu'il s'était déjà évanoui, il devait parler de la fois où il était tombé dans les pommes à cause de la chaleur l'année de ses dix ans. Son esprit avait essayé de lui faire croire qu'il s'était évanoui sous les caresses du plus vieux à son anniversaire car il ne supportait pas le fait qu'il ait pu aimer ça. Et pourtant, c'était ce qui s'était passé. Romans avait donc bien raison. Inconsciemment, tu le veux. Tu me pousses à te faire toutes ces choses.

« Aurélien... Guillaume te parle. » entendit-il le plus vieux lui dire alors que sa main caressait doucement son entrejambe par-dessus son pantalon et il se leva précipitamment, revenant au moment présent.

Il jeta un regard effrayé au plus vieux et, en sentant son érection déformer son pantalon en jean, il tourna les talons et s'enfuit dans sa chambre. Il eut seulement le temps d'entendre Guillaume l'appeler dans son dos.

***

« Orel, qu'est-ce qu'il t'arrive ? » lui demanda Guillaume en entrant dans sa chambre une minute plus tard alors qu'il pleurait au pied de son lit, la tête dans ses bras croisés posés sur ses jambes remontées.

Il sentit Guillaume s'asseoir à ses côtés au sol et le plus âgé passa un bras autour de ses épaules pour l'amener à poser sa tête sur son épaule.

« C'est de ma faute... Ça a toujours été de ma faute...

— Qu'est-ce que tu racontes ? De quoi tu parles ? murmura Guillaume en essuyant ses larmes doucement.

— C'est moi qui l'ai poussé... Si je n'avais jamais... Fait ça...

— Orel, mon cœur... De quoi tu parles ?

— Rien, rien... Je ne parle de rien... »

Il entendit Guillaume soupirer contre ses cheveux et il le sentit poser une main sur ses cuisses pour l'amener à étendre ses jambes sur la moquette. Aurélien rougit fortement en voyant son entrejambe déformer son pantalon et n'osa pas relever le visage, de peur de croiser le regard du basané.

« Encore...? murmura Guillaume. Tu as fait un cauchemar pendant qu'on jouait ? lui demanda-t-il et il hocha la tête, se disant que c'était la réponse la plus logique. Comment est-ce que c'est possible déjà... »

Il resta silencieux et sentit Guillaume se lever, le forçant à relever le visage pour le regarder, effrayé de sa réaction.

« Viens avec moi, Orel. Tu vas à la douche, ok ?

— Ne me laisse pas...

— Ne t'inquiète pas, je reste avec toi mon cœur. Je ne te lâche pas. »

Aurélien lui lança un regard hésitant avant de hocher la tête lentement et de prendre la main qu'il lui tendait pour se lever. Il était terrorisé de la suite de la soirée.

Fiction OrelxGringe - Les chatouilles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant