815 ème jour :
Aurélien baissa les yeux en entendant son père poser cette question à Guillaume. Qu'est-ce qu'il avait honte... Le basané allait mal le prendre.
« Ah, je... Non, je n'étais pas au courant...
— Comment ça ? Aurélien ne t'a pas téléphoné pour te proposer de venir cet été ? »
Il se mit à rougir violemment en entendant l'intonation confuse de son père et n'osa même pas relever la tête pour voir la réaction de Guillaume. Un petit silence prit place dans la chambre avant que ce dernier ne reprenne la parole :
« Ah si, bien sûr. Je m'en souviens maintenant. Je lui avais dit que je ne pouvais pas venir car j'allais à la mer avec mes parents pendant une semaine. N'est-ce pas, Orel ? »
Il releva le visage pour lancer un regard confus à Guillaume et celui-ci lui lança un regard entendu, lui demandant silencieusement de rentrer dans son jeu.
« O-Oui... C'est pour ça que je t'avais dit que Guillaume ne pouvait pas venir, papa... »
Ce dernier lui jeta un regard incertain avant de hocher la tête et de s'avancer vers lui.
« D'accord, mon cœur. Je dois y aller maintenant, lui dit-il en se penchant vers lui pour déposer un baiser sur son cuir chevelu. Je reviens te chercher dans trois semaines pour Noël, d'accord ? Et Guillaume, tu es le bienvenu si ça te dit de venir avec Aurélien. Il y a quand même de la place pour un garçon en plus autour de notre table, dit son père en riant.
— Merci, monsieur. Ça me ferait très plaisir de fêter Noël chez vous. Je vais en parler avec ma mère. »
Aurélien vit son père poser une main sur l'épaule de Guillaume afin de la serrer brièvement et le vit lui faire un clin d'œil avant de tourner les talons. Il suivit son père du regard jusqu'à ce que ce dernier ait disparu derrière la porte de sa chambre et il baissa les yeux, redoutant la conversation qui allait suivre.
« J'ai raté quelque chose, Orel ? lui demanda le plus grand en se tournant vers lui et il secoua la tête sans rien dire, trop embarrassé qu'il ait appris qu'il avait mentit à son propos. Oh, Orel. Je te parle, dit Guillaume en s'asseyant à ses côtés dans le lit. C'est quoi cette histoire ?
— Je... Je suis désolé... bégaya Aurélien alors qu'il sentait les doigts de Guillaume remonter son menton pour le forcer à le regarder.
— Donc je ne suis pas fou ? Tu ne m'as jamais proposé au téléphone de venir passer quelques jours chez toi cet été, dit Guillaume en lui lançant un regard méfiant et il secoua la tête, une boule se logeant dans sa gorge. Je peux savoir pourquoi tu as menti à ton père et lui as dit que tu m'avais proposé et que je ne pouvais pas ?
— Je... Je veux pas...
— Qu'est-ce que tu ne veux pas ?
— Je ne veux pas que tu viennes là-bas. »
Il se rendit compte de ce qu'il avait dit en voyant le plus âgé écarquiller les yeux sous la surprise et se reculer de lui.
« Qu-Quoi ?
— Non, attend... C'est pas ce que je voulais dire, balbutia Aurélien en tentant de se rapprocher de Guillaume mais celui-ci se leva pour s'éloigner de lui.
— Pourtant tu l'as dit, Orel ! C'est quoi le problème cette fois ? s'énerva Guillaume en haussant la voix. Tu as honte de moi ? Peur de ce que vont dire tes parents ? Pourtant j'ai plutôt l'impression que le courant passe avec ton père.
— C-C'est pas ça... Je ne veux pas que tu viennes parce que... C'est dangereux, tenta-t-il d'expliquer en se levant et se rapprochant de Guillaume, un nœud dans le ventre.
— Comment ça dangereux ? demanda le basané en lui lançant un regard méfiant.
— C'est... C'est comme deux mondes complètement différents... Je ne veux pas que tu me vois dans celui-ci, j'ai peur de... De ce que tu pourrais voir...
— Les deux sont complémentaires, Orel, dit le plus grand en s'approchant de lui, le voyant se mettre à paniquer. Pourquoi tu ne veux pas que je te vois comme tu es chez toi ?
— Il y a cette personne... dit-il en parlant de Romans, se mettant à pleurer silencieusement. Tu ne pourras pas... Je ne veux pas... Que tu la rencontre... Il ne faut pas, Guillaume, il ne faut pas...
— Orel... Tu parles de toi ? lui demanda le basané en attrapant sa main. Cette autre personne ? Celle que tu veux pas que je vois. Que t'as peur que je rencontre. Ou bien... Est-ce que c'est la personne de tes cauchemars ?
— Non, c'est trop dangereux... Si tu m'aimes... Tu ne viendras pas. Si tu m'aimes, tu resteras éloigné... »
Il plongea son regard dans celui du plus grand et vit l'air d'infinie inquiétude avec laquelle il le regardait.
« Je crois plutôt au contraire... Que si je t'aime, je dois venir, Orel. Si tu as autant peur que ça que je vienne, c'est que tout as commencé là-bas. Tes cauchemars. Cette personne de ton imagination...
— Non, s'il-te-plaît... dit Aurélien en éclatant en sanglots.
— Orel, laisse-moi t'aider. Je veux pouvoir te protéger et il n'y a pas d'autres moyens de le faire que venir avec toi chez tes parents.
— Non... »
Guillaume l'entraîna jusqu'à son lit et se laissa tomber dessus, l'attirant à lui.
« Je t'ai promis de trouver ce que tu ne pouvais pas me dire, Orel. Et même si ça te fait peur, il faut que tu me laisses tenter ma chance. Il n'y a que comme ça que je pourrais t'aider. Il faut que tu me laisses briser tes barrières, mon cœur. Il n'y a que comme ça que je pourrais te sauver de tes cauchemars. »
Aurélien continua de pleurer douloureusement contre le plus grand, sachant pertinemment bien que maintenant qu'il s'était mis cette idée en tête, il n'arriverait pas à la lui enlever. Il était terrifié que Guillaume rencontre Romans. Mais, dans un petit coin de son esprit, il trouva aussi qu'une part de lui était soulagé qu'il insiste autant pour venir. Peut-être que Romans n'oserait pas l'approcher si Guillaume était là avec lui. Il en doutait. Mais il l'espérait.
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Fiction OrelxGringe - Les chatouilles.
FanficAurélien déménage sur Paris afin de rentrer dans un internat et de commencer le collège, loin de sa vie d'avant qu'il essaie d'oublier. Il a onze ans lorsqu'il rencontre Guillaume, son voisin de palier et garçon qui devient rapidement son meilleur a...