Partie 18.

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560 ème jour :

« J'en reviens pas que tu aies raté des cours et tout à cause de ma connerie. »

Aurélien releva la tête du plateau du jeu auquel ils étaient en train de jouer pour lancer un regard surpris au plus âgé, assis en tailleur en face de lui. Il était allongé sur le ventre sur le parquet de sa chambre, sa tête reposant sur ses bras, et était en train de réfléchir à son prochain coup lorsque Guillaume avait sortit ça de nulle part.

« De quoi tu parles ? lui demanda-t-il en fronçant légèrement les sourcils et Guillaume secoua la tête avant de soupirer.

— Ben si t'as raté les cours au final, c'est parce que t'es tombé dans la piscine. Et que t'as attrapé froid. C'est de ma faute.

— Guillaume, je t'ai déjà expliqué...

— Oui, oui, je sais, c'est pas moi, c'est les cauchemars, le coupa le plus grand en faisant un geste désinvolte de la main. Mais c'est pas eux qui t'ont laissé frigorifié dans l'herbe que je sache. C'est pas à cause d'eux que tu as décidé de rentrer chez toi au lieu de dormir chez Claude comme c'était initialement prévu.

— Guillaume... dit doucement Aurélien en se redressant pour se mettre à genoux, regardant tristement son ami.

— Je sais, dit Guillaume en haussant les épaules. Je suis quand même désolé. J'ai le droit de m'excuser.

— Tu as le droit, oui... Mais tu n'as rien à te faire pardonner, vraiment. »

Il vit Guillaume hausser les épaules, n'acceptant de toute évidence pas ce qu'il lui disait mais refusant d'en discuter plus longtemps encore.

« J'en ai marre de jouer. » dit simplement le basané en se levant pour venir s'asseoir sur son lit et Aurélien le suivit des yeux sans rien répondre.

Il vit le plus âgé relever alors le visage et lui offrir un petit sourire :

« Il est super ton cadeau, hein, Orel. C'est juste que j'ai un peu mal au crâne alors je n'arrive pas trop à me concentrer sur les échecs. »

Aurélien hocha la tête et se leva à son tour avant de se diriger vers le basané qui était assis sur le bord de son lit, les pieds par terre, et de s'arrêter devant lui, juste après près pour que leur genoux se touchent :

« Fais-moi voir ça... dit-il doucement en venant poser une main sur le front de Guillaume et il vit ce dernier rougir légèrement au contact, ce qui le fit sourire. T'as presque rien... Ça va partir avec un peu de repos. »

Guillaume hocha la tête lentement, bouche-bée et les joues rouges, et il glissa une main dans ses cheveux en pagaille pour le recoiffer tendrement. En baissant le regard, il croisa celui du plus grand et il y plongea, ayant l'impression de s'y noyer littéralement. Ils restèrent ainsi ce qui lui parut une éternité avant qu'il ne sursaute violemment en entendant trois coups contre la porte de sa chambre. Il se recula précipitamment et juste quand il se tourna vers la porte, il vit Mme Nougot ouvrir cette dernière.

« Aurélien, tu as un appel de tes parents. »

Il acquiesça et dit à Guillaume qu'il ne prendrait pas longtemps avant de suivre la vieille dame au rez-de-chaussée.

***

Quand il revint dans la chambre près de dix minutes plus tard, Guillaume était en train de lire une bd allongé sur son lit et il le vit lui lancer un regard inquiet, semblant comprendre que quelque chose n'allait pas.

« Qu'est-ce qu'ils t'ont dit ? » lui demanda Guillaume en fermant la bd et se redressant sur le lit.

Aurélien secoua la tête et s'effondra en larmes, incapable de lui en expliquer la raison. Il entendit Guillaume l'appeler et ce dernier se leva précipitamment, le prenant rapidement dans ses bras.

« Eh... Qu'est-ce que t'as, Orel ? »

Il sentit Guillaume l'entraîner jusqu'au lit et s'y asseoir, l'attirant contre lui.

« Qu'est-ce qu'ils t'ont dit, Orel ? demanda à nouveau le plus âgé et il secoua la tête, se blottissant plus encore contre lui.

— Rien... Rien du tout...

— Comment ça ? Ils n'étaient plus au bout du fil ?

— Si, si... Ils m'ont dit qu'ils descendaient me voir ce week-end... A-Avec Romans...

— C'est qui Romans ? lui demanda Guillaume et il sentit un long frisson le parcourir en entendant le basané dire son prénom.

— C'est le... Le meilleur ami de mon père... Tu sais, celui qui était venu me chercher l'an dernier au collège une fois...

— Ah oui, lui, dit son ami en se mettant à caresser ses cheveux tendrement. Celui qui t'a amené au resto et tout. Celui qui t'aime bien... »

Aurélien se tendit légèrement en l'entendant décrire ainsi le plus vieux et il sentit Guillaume s'arrêter de caresser ses cheveux en le sentant se tendre contre lui.

« Qu'est-ce qu'il y a, Orel ? Tu ne l'aimes pas ?

— Non... Non... C'est pas ça... bégaya-t-il en se redressant soudainement, ayant peur que Guillaume comprenne tout.

— C'est quoi alors ? Il est pas gentil avec toi ? Je croyais qu'il t'aimait beaucoup, au contraire.

— Non... Si, si... Il m'aime, si... bégaya-t-il en se demandant ce qu'il pouvait dire pour que Guillaume arrête de creuser sur le plus vieux, sentant une boule se loger dans son ventre alors qu'il pensait à lui.

— Ben, alors ? Pourquoi tu pleures ? Qu'est-ce que c'est d'autre si c'est pas Romans ? »

Aurélien resta un instant silencieux, réfléchissant à n'importe quel mensonge qu'il pourrait dire, tant que ça éloignerait Guillaume de la piste Romans.

« Ils devaient venir... avec mon chien. Mais ils m'ont annoncé qu'ils avaient dû le faire piquer. »

Il vit Guillaume écarquiller les yeux, ne s'attendant sûrement pas à ça, et il rougit sans pouvoir s'en empêcher devant son mensonge.

« Tu avais un chien, Orel ? Je ne savais même pas... »

Il hocha la tête et il sentit Guillaume le prendre dans ses bras avant de se laisser chuter en arrière sur son lit. Il remonta ses mains sur le torse du plus grand et ferma les yeux, implorant son cœur de calmer ses battements erratiques. Il sentit Guillaume caresser ses cheveux tout en lui murmurant des paroles réconfortantes et il se mordit la lèvre pour s'empêcher de pleurer. Ses parents venaient le voir ce week-end, avec Romans. Il ne savait pas ce que ce dernier avait inventé comme excuse pour qu'ils lui disent qu'il pouvait venir avec eux et il s'en fichait. Tout ce qui lui importait maintenant c'était qu'il allait revoir le plus vieux et qu'il n'y avait aucun doute sur le fait que ce dernier allait le forcer à faire des choses avec lui. Il ne l'avait vu qu'une fois durant les vacances de Noël dû au fait qu'il était malade la première semaine et cette seule fois lui avait suffit. Romans lui avait demandé de le lécher à nouveau, après le repas du réveillon alors qu'il était partit se coucher sous la demande de ses parents, et il n'avait eu d'autres choix que de s'exécuter devant l'insistance du plus vieux. Quand celui-ci en avait eu assez, il avait entouré son cou de ses doigts sans serrer ce dernier, juste pour le forcer à se rallonger sur le ventre, et il l'avait pénétré de nouveau de ses doigts après l'avoir forcé à lécher ces derniers de sa langue. Cette fois-ci, Romans avait mis deux doigts et il avait cru mourir littéralement sous la douleur qu'il avait ressenti à l'intrusion. Il lui avait demandé à maintes reprises d'arrêter, lui disant qu'il avait mal, mais le plus vieux ne l'avait pas écouté, insistant sur le fait que la douleur finirait par passer et qu'il finirait bien vite par aimer cette sensation. Il n'avait pas aimé. Romans était finalement parti, en le laissant ainsi sur son lit, après lui avoir murmuré de rien dire à ses parents car ceux-ci seraient fâchés contre lui s'ils venaient à l'apprendre. Aurélien en était sûr. Ses parents ne le supporteraient pas si jamais ils venaient à apprendre la vérité et il s'était endormi, tombant à moitié inconscient sous la force de ses larmes. Comme maintenant, alors qu'il était dans les bras de Guillaume, complètement exténué d'avoir tant pleuré. Il était terrorisé.

Fiction OrelxGringe - Les chatouilles.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant