Chapitre 10

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Comme prévu, ils étaient passés chez Sandrine pour que Peter s'excuse de son départ précipité et rende l'argent qu'il avait volé. Évidemment, il ne lui restait plus la totalité, mais la femme apprécia le geste. Quand il lui signifia qu'il ne resterait pas chez elle, elle l'accepta et le prit dans ses bras en lui souhaitant un bon rétablissement.

Gérard ensuite accompagna Peter chez lui, à plusieurs kilomètres de là.

"Voilà ta chambre si tu l'acceptes, lui dit-il une fois au fond du couloir de la maison de plain pied. Je vais te faire le lit, et tu pourras utiliser l'armoire, le bureau et je vais t'apporter un ordinateur avec internet pour que tu puisses faire des recherches tranquillement."

La chambre était d'une taille raisonnable et accueillait, effectivement, un lit double, une vieille et belle armoire et un bureau simple. Peter se sentit gêné de toutes ces attentions mais ne dit rien excepté "merci" avant d'entrer et de s'installer.

"Je te retrouve tout à l'heure pour manger. Je t'appellerai, termina le médecin en souriant, avant de partir en refermant la porte derrière lui."

Une fois seul, Peter observa un peu plus en détail la chambre modeste. Elle n'était pas personnalisée, il n'y avait aucun tableau, aucune marque d'une ancienne vie. Puis, sans réfléchir, il se dirigea vers la porte, la ferma à clé, et il entreprit de fouiller toute la pièce à la recherche de caméra ou de micros. Il lui paraissait étrange que d'un seul coup ce médecin accepte de ne plus rien savoir sur lui et l'héberge sans contrepartie.

Quand il eut terminé son tour de chambre qui ne l'avait mené à rien, il s'assit sur le lit. Et soupira. Il se rendait compte à quel point il lui était difficile de faire confiance à quelqu'un...

Après quelques minutes à regarder ses chaussures en silence, la poignée de la chambre s'abaissa mais elle ne s'ouvrit pas. Le médecin buttait sur la porte. Réveillé dans sa rêverie, Peter se leva d'un bond et alla déverrouiller.

"Pardon !

-J'apportais seulement les draps pour faire le lit, dit-il avec un petit rire amusé."

L'adolescent prit les affaires, confus, pour aider son hôte à faire le lit. Le médecin observa l'adolescent, un sourire attendri sur les lèvres. Finalement, il savait faire bien autre chose que rejeter tout le monde autour de lui.

Ils terminèrent de mettre les draps puis le médecin apporta une tour et un ordinateur fixe, et s'attela à le brancher pour qu'il puisse capter internet. Puis, il le laissa de nouveau seul avec, pour seule indication, que le repas serait prêt une vingtaine de minutes plus tard.

Alors, Peter resta sur le lit, à regarder l'ordinateur, à contempler la chambre qui lui avait été offerte contre presque rien. Il avait eu de la chance. Cet homme semblait réellement être honnête, et ne lui vouloir que du bien. Un sanglot monta dans sa gorge, signe que la fatigue et le stress étaient toujours là. Il se sentait ingrat. Le médecin ne savait pas ; il avait simplement voulu l'aider, lui sauver la vie, et la seule chose que lui trouvait à faire, était s'enfuir sans un mot et voler de l'argent, comme une vulgaire canaille. Il soupira. Il avait envie de se mettre des claques. Il ne méritait pas tout ce qu'il avait et toute la gentillesse que lui donnait cet homme très sympathique.

Son ventre se mit à gronder, comme si le fait d'être dans une chambre, sous un toit et entre quatre murs, indiquait certainement qu'il mangerait à sa faim. Et alors, comme une réponse à cet appel au secours, une odeur alléchante monta du rez-de-chaussée.

Pour une fois depuis ces deux mois et demi, il oublia ses problèmes, et descendit voir le médecin pour l'aider à faire à manger.

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant