Chapitre 15

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Les papillons noirs avaient disparu. Ce voile noir opaque qui les remplaçait.

Le souffle court, étouffé, coupé.

Ce corps qui souffre. Dans un silence implacable.

Ces yeux, qui pleuraient des larmes inconnues.

Ces silhouettes, qui s'approchaient. En noir, ou en blanc ? Des sauveurs, ou, des ravisseurs ?

Des géants face à ce corps. Mort.

Une voix lointaine. Extérieure. Autoritaire.

Ces liens, détruits. Un sentiment, un bond du coeur, étranger.

Des bras forts. Un hoquet incontrôlé.

Le corps qui s'écroule.

Ces bras, toujours, protecteurs.

Cette douleur, aiguë, répandue.

Ce gémissement habituel, impersonnel.

Et cette couleur, noir, encore. Toujours.

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Ils arrivèrent très vite au niveau de l'appartement d'Alexandre. Gérard connaissait l'itinéraire par coeur pour y être venu tous les jours pendant deux semaines. Il savait qu'ils ne croiseraient ni le propriétaire ni les voisins proches. Ils auraient beaucoup de mal à se faire repérer.

Devant la porte, Gérard demanda quand même, par précaution, à Peter de surveiller les environs, puis il s'accroupit pour avoir son regard au niveau de la serrure. Il sortit un passe-partout à la surprise apparente de l'adolescent, et se mit à faire jouer la serrure de la porte en tentant de faire le moins de bruit possible.

A un moment, les gonds tournèrent, et le médecin se releva. Il ne paraissait pas triomphant, mais plutôt stressé. Il rangea immédiatement son outils dans sa poche et s'engouffra dans l'appartement rapidement, suivi de Peter, puis referma la porte.

"Bon, dit-il en considérant la pièce dans laquelle ils étaient. On ne sait pas vraiment ce qu'on cherche, quelle forme cela peut prendre, ni même par où commencer."

Il consulta sa montre avant de relever la tête sur l'appartement. C'était un joli duplex, spacieux, avec plusieurs pièces et sûrement autant de cachettes potentielles.

"Nous avons jusqu'à la fin de la journée qu'il revienne, cela signifie que nous avons sept heures, mais il faudrait être reparti dans cinq heures pour éviter d'être vu par les voisins."

Le médecin semblait ne pas réussir à maîtriser la panique qui commençait à le prendre. Pour une fois, ce fut Peter qui essaya de le calmer en lui posant une main dans le dos.

"On va chercher pendant cinq heures, puis on s'en ira. Si on ne trouve rien, on reviendra demain, et s'il n'y a toujours rien, on tentera autre chose. Pour aujourd'hui, ça va bien se passer, puisque tu as pris toutes les précautions qu'il faut. Je commence par la pièce là-bas."

Peter s'en alla dans une pièce au fond, laissant le médecin stupéfait de son petit discours, qui le fit, malgré lui, sourire. Il allait mieux, et cela se sentait. Pourvu qu'ils trouvent quelque chose ici !

"Ne te démène pas trop quand même, lui dit-il de loin. Tu n'as pas totalement récupéré."

Peter lui répondit d'un signe de main et s'engouffra derrière la porte de la pièce qui semblait être un bureau.

Aucun des deux ne s'attarda sur le luxe de l'appartement, mais cet homme était incontestablement riche. Et ce fut entre marbre et dorures qu'ils fouillèrent consciencieusement le logement.

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant