Chapitre 16

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Il était si tard qu'il s'imaginait que son protégé avait perdu patience, qu'il s'était réveillé bien plus tôt, et qu'il était sur le pas de la porte, voire, et cette idée ne lui plaisait pas, déjà parti. D'ailleurs, il faisait encore sombre dans le salon, et un silence pesant se faisait sentir. Avant de paniquer, il entreprit d'aller voir s'il n'était pas encore dans le canapé mais il n'y avait plus personne. Il avait laissé la couverture mais lui s'était volatilisé. Encore une fois.

Il soupira. Il était désespéré, et il s'en voulait presque de s'être réveillé à cette heure-ci. Mais il n'avait pas le coeur à partir le chercher à moitié réveillé, encore torturé par ces horribles cauchemars. Il s'assit pesamment sur une chaise.

Sans doute était-il parti poser des questions à l'hôpital, ou bien avait-il fait la folie de partir à Lille, avec son argent sûrement... Peut-être devrait-il vérifier son porte-monnaie pour connaître sa destination...

Il posa une main sur son front et secoua la tête. Et dire qu'il avait voulu lui faire confiance. Il est de ces personnes-là qui ne changent jamais et qui n'apprennent jamais de ce qu'on leur dit.

Il décida de ne plus penser à cela. C'était fait, il était parti, et lui n'était pas encore bien réveillé. Ne pas s'inquiéter ne serait pas chose facile, mais il décida que pour oublier il devait se préparer un bon petit-déjeuner. Et il songea à une excuse pour annuler le congé qu'il avait pris à l'hôpital. Il détestait être inactif.

Il retourna dans le salon pour nettoyer les tasses de la veille. Il se surprit à regarder la tasse vide de chocolat chaud avec mélancolie. Qu'avait-il fait pour qu'il s'attache tant à lui...?

Puis son regard se posa sur les documents qu'ils avaient aussi laissés là, et il ne put s'empêcher de les relire, s'asseyant sur le canapé et oubliant tout le reste. Il relut la lettre, ses notes, et c'est à ce moment-là que l'odeur du café chaud se répandit dans la pièce. Il se servit une tasse et prit de quoi manger.

Alors, il se posa et relut tranquillement la lettre à voix haute.

"Bonjour mon amour !

"Ce long moment sans avoir de nouvelles ! Alors voilà, tu reçois une lettre romantique comme celle-là !

"Comment ça va, Majesté ?

"Pour ma part, en tous ces beaux jours, j'ai beaucoup imaginé et l'équipe est déjà penchée sur la maquette. Gros projet encore ! Déjà mon deuxième ouvrage ! Encore ces histoires de singes qui pillent les hommes que tu sous-estimes tant ! Mais je deviendrai riche avant toi !

"Emmanuel est passé me voir ! Et il m'a vendu une toile ! Je remonterai te voir pour te la montrer !

"La visite de ta chère et tendre t'enchanterais ? Te revoir me ferait plaisir ! Je peux avoir quelques jours pour toi. Dans une semaine ça te va ?

"Ah ! En juillet, j'aurais un petit chien ! Un toutou très aimant et joueur ! J'ai hâte ! Imagine ! Une boule de vie,, avec nous. Le rêve.

"

"Penses-tu régulièrement à te marier ? Moi oui. J'entends de ce vacarme dans mon coeur frêle ! Le 3 du mois. C'est grave si je suis comme ça, héhé ?"

Gérard s'arrêta à ce moment-là de la lettre, relisant plusieurs fois la phrase. Il n'avait pas fait jusqu'ici attention au sens des phrases. Et celle-ci lui paraissait bien plus incompréhensible que les autres... Il ne pouvait pas s'ôter de la tête que des phrases si décousues étaient la preuve même que la lettre entière était un message codé. Mais peut-être qu'après tout il avait tort. Il haussa les épaules, nota quelque chose sur une feuille et continua.

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant