Chapitre 12

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"Bonjour monsieur, j'ai entendu dire que vous aviez retrouvé mon patient."

Gérard était arrivé au commissariat. L'adolescent, dans sa cellule, trépignait et tapait du pied. Il se doutait que le médecin viendrait, mais il commençait à perdre patience et à croire qu'il lui avait menti.

Dans un mouvement de désespoir, il l'avait appelé, et Gérard lui avait dit de ne pas s'inquiéter, qu'il le rejoindrait. Mais il ne savait pas ce qu'il allait faire, ni quand il le reverrait.

Le médecin sortit un papier à l'officier en charge de l'accueil et discuta un moment avec lui. Le policier ne semblait pas vouloir le laisser aller plus loin.

Finalement, le garde s'avoua vaincu et, prenant le papier du médecin, s'absenta, signifiant à Gérard de l'attendre là où il était.

Il revint un instant plus tard avec un collègue qui parlait avec verve et jetait des regards désapprobateurs vers la cellule de l'enfant.

Il rejoignit le médecin, lui fit comprendre qu'il n'était pas d'accord avec ces méthodes et l'emmena devant les cellules de garde-à-vue.

Il fit sortir Peter qui les observa, intrigué, avant de lancer à Gérard, de mauvaise foi :

"La prochaine fois, faites en sorte de ne pas perdre vos patients..."

Gérard hocha la tête avec un sourire et posa une main ferme sur l'épaule de Peter pour lui signifier de le suivre.

Peter ne dit rien et le suivit, même s'il ne comprenait pas réellement ce qu'il se passait. Aucun des deux ne prononça un mot, et Gérard ne relâcha son emprise qu'une fois hors de vue du commissariat. L'adolescent l'interrogea du regard.

Comme il n'obtint aucune réponse, il demanda :

"Qu'est-ce que tu leur as dit ?

-Que tu étais un fou qui s'était échappé de l'hôpital, et que tu étais assez malin pour berner le médecin de la police. Je leur ai donné un acte officiel."

Un lueur de rage passa dans les yeux de Peter mais rien d'autre n'en transparut que son poing qui s'était crispé.

"Je ne, suis pas, fou, murmura-t-il le plus calmement qu'il put.

-Tu m'as demandé de t'aider, c'est ce que j'ai fait. Je n'aurais pas pu te faire sortir d'une autre manière."

Peter bougonna, mais le dévisagea, encore surpris. Le médecin paraissait trop indifférent pour l'être.

Le silence s'imposa sur le reste du chemin.

Une fois la porte de la maison franchie, Gérard prit une chaise et s'assit, face à l'adolescent étonné.

"Alors, que s'est-il passé ?

-Rien."

Peter fit volte-face et se dirigea vers sa chambre. Le médecin ne prit pas la peine de se lever et répliqua, ferme :

"Je suis censé être à l'hôpital cet après-midi. Pour venir te chercher, j'ai dû donner une excuse bidon, et abandonner mes patients de l'après-midi. J'attends une explication. Si tu ne voulais pas m'en donner, tu n'aurais pas dû m'appeler."

Peter s'arrêta dans son chemin, il l'écouta mais ne se retourna pas. Il se demandait s'il devait lui dire, ou pas.

"Je veux bien attendre le temps qu'il faut pour que tu me fasses confiance, j'ai bien voulu ne pas poser de questions sur tes agissements, et j'ai bien voulu t'aider sans demander d'explications, mais aujourd'hui, tu as décidé de m'appeler pour que je vienne t'aider. Je suis venu t'aider, encore une fois sans poser de questions sur ce qu'il s'était passé, et sans te connaître. Je risque ma profession pour quelqu'un qui ne me dit rien de lui, jamais, qui peut-être compte abuser de mon hospitalité, et que j'héberge sans aucune contrepartie. Tu m'as mêlé à ton histoire, que tu l'aies voulu ou non, alors il me semble que te demander de m'expliquer la situation n'est pas un prix trop lourd à payer."

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant