Chapitre 33

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La voix faible et tremblante provenait de l'intérieur du cabinet.

Le psychiatre y entra et trouva l'enfant par terre, les bras et les jambes toujours attachés. Tout son corps était secoué de tremblements. Il semblait redevenu inoffensif et même complètement vulnérable. Les dernières minutes marquaient encore son visage crispé, mais il semblait exténué.

Le psychiatre fit signe à ses collègues d'attendre plus loin, entra et referma la porte. Il se baissa sur son patient. Il s'assura qu'il était calme et le détacha pour discuter.

Encore une vingtaine de minutes. On informa gentiment le prochain patient qu'exceptionnellement, le médecin ne pouvait pas le recevoir. Qu'il le verrait dans la soirée.

Il jaugeait l'état de l'adolescent. Pouvait-il le laisser sortir ? Ou était-il encore dangereux ? Il savait que le forcer à se rendre en clinique ne ferait qu'aggraver les choses.

Il décida de lui donner des calmants, pour être certain que tout se passerait bien, et lui donna rendez-vous le lendemain. A présent, il fallait qu'il le surveille bien plus régulièrement, et qu'il trouve ce qui le calmerait, pour éviter le pire.

Il lui avait expliqué en détail ce qui s'était passé et lui avait dit qu'il était un danger pour les autres lorsqu'il était dans cet état. Qu'il devait se tenir à carreau pour ne pas avoir droit à un aller direct pour la clinique. Il lui recommanda de sortir prendre l'air, une fois par jour, dans un endroit qui l'apaisait. Peter ne dit rien, mais il avait écouté, et le mot clinique avait réveillé une peur lancinante.

Alors, le lendemain, dans la matinée, il sortit.

Il ne savait pas vraiment où aller. Il ne voulait pas croiser le regards des autres, alors il avait enfilé la capuche de son sweat. Il déambulait dans les rues, et ses pas l'amenèrent près d'un pont.

Une silhouette, à l'ombre d'une ruelle, attira son attention. Elle était debout sur un muret jouxtant l'édifice routier. La silhouette penchait en avant.

"T'es fou de vouloir te baigner par ce temps. Puis c'est haut d'ici."

Ce n'était pas une blague, ce n'était pas naïf. Mais il n'aurait pas aimé, pour lui, qu'on s'alarme et qu'on lui saute dessus. Il avait choisi l'approche qu'il aurait le plus écouté. Heureusement, ses mots avaient touché sa cible. L'autre se retournait, ahuri.

Peter était arrivé un peu plus près. L'endroit était dissimulé aux regards. Il se rappelait y être déjà venu avec Clément. Ici, peu de chance d'être dérangé. Deux bâtiments à l'abandon encadraient le passage de la ruelle. Elle, menait à une enclave, plus basse que la route et presque enfermée entre quatre murs, la seule ouverture donnait sur le fleuve. Le pont, juste à côté, sur lequel la circulation automobile ne tarissait pas, était surélevé. Aucun automobiliste voyait ce qui se passait pourtant à quelques mètres.

En voyant la silhouette se retourner, Peter s'arrêta, surpris.

"Euh... pardon, j'avais pas vu que t'étais...

-Rien du tout... Je ne suis rien du tout."

La personne baissait la tête, toujours debout, mais elle avait désormais le dos au fleuve. Peter n'était pas tranquille, son cerveau travaillait en arrière-plan, son entretien encore récent avec le psychiatre lui trottait dans la tête, mais il restait là. Il ne voulait pas laisser la personne à son sort. Il sentait que s'il partait immédiatement, l'autre sauterait. Il n'aurait fait que retarder le moment. Peter s'approcha du muret et observa par-dessus, pour jauger la hauteur.

"Je sauterais bien avec toi, mais j'ai peur d'en réchapper.

-Ici ? C'est peu profond. C'est sûr que..."

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant