Chapitre 27

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"Alexandre, cesse de le regarder avec ce sourire et concentre-toi. Ce que l'on s'apprête à faire est très important."

A demi mort, il entendait les conversations.

Alexandre...

Mais il ne voyait rien. Uniquement ce voile noir qu'il avait l'habitude de côtoyer.

On le lâcha. Sa tête frappa le sol. Poupée cassée. Même plus un râle ne sortait de sa bouche. Exténué.

"Oui, oui, répondit Alexandre, agacé. De toute façon, je n'ai rien à faire, si ? Juste à tendre mon bras et à attendre.

-Ce n'est pas anodin, Alexandre. Ne prends pas cela à la légère. Ce sont d'immenses conséquences qui peuvent se produire si ça fonctionne. Grandis un peu. On peut marquer l'Histoire !"

Un soupir. Des pas qui s'éloignent.

"De plus, il faut que je te parle de quelque chose."

Les voix qui s'évanouissent. Enfin ce râle. Grognement mort.

Il a froid. Son corps trouve la force de trembler. La solitude ? le béton du sol ?

Peter... Peter... Peter....

L'espace de quelques secondes, ou de plusieurs heures... Avait-il dormi ?

"Allonge-toi là."

Pas destinée à lui, cette phrase. Il ne pouvait même pas se lever. Animal vulnérable. On l'attrapa par le col du lambeau de vêtement qu'il avait et on le posa sur la table froide. La même. Il ne l'aimait pas. Elle était froide.

Flou. Tout était flou. Et le visage de ces deux hommes avec. Le visage âgé se penchait sur lui. Il était terne et inexpressif.

"Peter..."

Comme une prière du fond des abysses. Et uniquement ces lettres, ce nom, rien que lui. Qui tournait en boucle.

"Peter ? c'est lui, non ?"

Une gifle. Un coup. Il vacille. Et sombre. Encore. Tête trop lourde.

Le nom sur le bout des lèvres.

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Comme convenu, les trois compagnons s'étaient séparés sur le parking de l'aéroport. Ils avaient tous les trois passés plus d'une heure à se maquiller dans le cas où on les poursuivait. Peter et Gérard étaient dehors, et Anton se promenait aux alentours de l'entrée de l'aéroport, à l'intérieur. L'appel était lancé et tous trois avaient leurs écouteurs vissés sur les oreilles.

Peter était sur l'allée la plus à gauche du parking, Gérard sur la droite. Ils se déplaçaient un peu partout pour éviter de se faire remarquer, pour couvrir le plus de surface possible et espérer ne pas rater leur cible.

Le médecin était extrêmement concentré. Il scrutait chaque voiture, qu'elle arrive ou qu'elle parte.

Après un long moment, chacun avait déjà répété plusieurs fois "toujours rien" aux deux autres, et l'espoir faiblissait. Surtout pour Gérard.

Il avait relâché son attention. "Comment voulez-vous...?" voguait dans sa tête. Trouver une voiture, une seule parmi ces milliers, à eux trois, alors qu'ils n'avaient aucun moyen technique pour repérer quoi que ce soit et qu'il ne savait même pas si elle allait véritablement arriver. Ils n'avaient même pas le droit de surveiller quelqu'un ainsi ! Il commençait à douter qu'il apparaîtrait qui plus est.

La veille, ils avaient noté les plaques d'immatriculation des deux voitures qui dormaient sur le parking du couple, leur marque et leur couleur. Gérard continuait de douter que cela leur soit véritablement utile, même si ces voitures étaient peu banales. Mais il n'avait rien dit, il s'était prêté au jeu. Ce qui l'inquiétait était de voir l'enfant déçu, une nouvelle fois, de le sentir impuissant et de le voir s'agiter sans savoir quoi faire. Et avec leur cambriolage chez le couple, il craignait que la police ne leur soit plus d'un grand secours.

Ils avaient épuisé toutes leurs cartes, et il lui semblait bien que s'ils manquaient ce rendez-vous, qui avait pourtant peu de chances d'aboutir, ils devraient attendre un long moment avant d'avoir une nouvelle fenêtre de tir.

"Dites, il y a quelqu'un qui lui ressemble, rangée deux, couloir en face de l'entrée, vous pouvez confirmer ?"

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant