Chapitre 14

6 0 0
                                    

"Je peux te le prêter si tu veux. Il a l'air de te happer. Tu comprendras mieux mon raisonnement."

La voix familière parvenait aux oreilles de Peter qui se réveillait à peine. Ses yeux voyaient flou, sa bouche était pâteuse, tout son corps semblait au repos. Il se sentait si lourd dans le canapé dans lequel il était installé. Il avait la désagréable impression de s'y sentir attaché, très serré.

Il essaya de bouger, mais il ne parvint qu'à faire de petits gestes avec ses doigts. Tout son corps paraissait avoir abandonné.

Il tenta alors d'y voir un peu mieux. Il cligna des yeux, mais sa vision ne voulut pas devenir plus nette. Il avait toujours l'impression d'avoir un nuage de vapeur devant ses yeux.

A ce moment-là, des pas se rapprochèrent de lui. Il se souvenait de ce qu'il s'était passé juste avant qu'il s'évanouisse, et il se doutait bien qu'il était chez le médecin. Mais la deuxième personne qu'il devinait, il ne la connaissait sans doute pas. Quand ils passèrent non loin de lui, il voulut la voir, mais ses yeux l'en empêchaient. Il n'eut aucun indice sur l'identité de la deuxième personne. Il était si las qu'il ne pensa même pas à avoir peur.

Le médecin congédia son interlocuteur, et lorsque la porte d'entrée fut refermée, il vint vers lui.

"Comment te sens-tu ?"

Peter voulut répondre que ça n'allait pas trop mal mais ce n'était que des sons inintelligibles qui sortirent de sa bouche, ce qui tira un léger sourire à son hôte qui tenta une autre approche.

"Bon, je vais te demander ça d'une autre manière. Est-ce que ça va ?"

Il continua une fois que l'adolescent lui répondit par un hochement de tête.

"Je t'ai fait quelques injections pour que tu reprennes des forces. Si tu t'en sens capable, il faudrait que tu boives et manges un petit peu."

Peter sentait qu'il avait repris un peu plus ses esprits et, alors que Gérard allait continuer, il secoua la tête et bougea dans l'intention de se mettre debout.

D'un geste ferme, le médecin le retint et l'obligea à rester allongé.

"Non, tu ne te lèves pas et tu ne vas nulle part. Tu n'as pas assez de force. Et que cherches-tu à vouloir fuir tout le temps ? J'allais te parler de ce que tu m'as dit dans ta lettre.

-Je... commença-t-il, s'interrompant, surpris d'entendre sa voix si éraillée et faible. Il faut que je continue à chercher.

-Comment ? Où ça ? Dis-moi, je pars immédiatement faire les recherches que tu attends, maintenant que tu m'as mis dans la confidence, je peux bien faire cela."

Il avait pris un air naïf, et semblait attendre sincèrement une réponse, mais quelques secondes passèrent et Peter ne lui répondit pas, il baissa les yeux, vaincu. Et Gérard soupira.

"Peter, si tu savais où tu allais, si tu avais quelque chose qui pourrait t'éclairer, tu aurais très certainement avancé pendant ces trois jours et tu ne m'aurais jamais recontacté. Tu as osé - et c'est une force - demander de l'aide, te confier, sur un évènement grave, maintenant, explique-moi clairement, et fais-moi confiance, comme tu as déjà commencé à le faire. Je te garantis que je ne trahirai jamais cette précieuse confiance."

Tout en parlant, le médecin s'était relevé, était allé fermer la porte d'entrée à clé, mettre son téléphone en silencieux, puis avait pris une chaise pour l'apporter près du canapé et s'y asseoir.

Alors qu'il attendait une explication, ce fut autre chose qui sortit de la bouche de son protégé.

"Ca fait combien de temps que je dors ?

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant