Chapitre 3

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"Aucune disparition, pas d'enquête, rien du tout. Il faut croire qu'il ne manque à personne, affirma le médecin, méditatif.

-Tu penses vraiment que personne ne pense à lui ? Il a bien des amis, une famille, au moins quelqu'un... s'enquit la femme, inquiète.

- Sandrine, ça fait une semaine qu'il est là. J'ai cherché dans les journaux, on a regardé tous les journaux télévisés possible, je suis même allé voir au commissariat.

-...Ce serait un fugitif... J'héberge un délinquant ? demanda Sandrine, grave mais indécise.

-Ou peut-être qu'il habite très loin d'ici. Mais ça me paraît étrange. Ta théorie serait sans doute la bonne... Et ceci expliquerait pourquoi il ne voulait pas que tu l'emmènes à l'hôpital...

-Mais, il est si jeune, et blessé. Il n'aurait pas pu faire grand mal... finit-elle par avancer, s'accrochant à sa bonté naturelle.

-Oui... justement. On ne sait pas non plus comment il s'est blessé. Et il ne veut rien nous dire. Ca aggrave son cas... Et puis, je t'ai dit, sa blessure ressemble beaucoup à un coup de couteau. Quel jeune homme se prend un coup de couteau s'il ne traîne pas avec des personnes peu recommandables et dans des quartiers louches ?"

Cette dernière question rhétorique imposa le silence. ils ne savaient pas quoi penser de ce jeune homme arrivé de nulle part, blessé et muet, qui ne voulait rien expliquer, et ne voulait avoir aucun lien avec le monde extérieur. De plus, le médecin avait essayé de pister les recherches, les pages internet que leur invité consultait mais il faisait tout en navigation privée et il n'avait retrouvé aucune donnée personnelle.

Il commençait à l'inquiéter sérieusement, et il se mordait les lèvres pour ne pas lui reposer les questions. Mais s'ils se trompaient et qu'il n'était qu'un gamin des rues malchanceux, ils le feraient fuir et il risquerait sa vie à n'être pas encore vraiment rétabli. Il devrait attendre encore un peu.

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Ce jet de lumière aveuglante.

Ces murs blancs. D'un blanc trop éclatant.

Le contact gelé d'une table en métal.

Ces muscles raidis et faibles. Ce corps qui n'était plus le sien.

Cet esprit qui tournait dans un autre monde que celui-ci.

Ces pensées qui vacillaient et dégringolaient.

Ce sang qui s'échappait de son bras. Sans qu'il puisse l'en empêcher.

Ces paupières lourdes et meurtries.

Ce réveil pénible, piqué de trop d'aiguilles.

Ces visions troubles et fantaisistes.

Ce coeur qui se vidait, perdait son énergie, de plus en plus lent.

Et ce souffle qui se ralentissait.

Cette vue qui s'opacifiait.

Ce regard qui s'éteint, encore une fois.

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Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant