Chapitre 4

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Cela faisait deux semaines, presque trois, qu'il était là, sans pouvoir faire un mouvement, interdit de sortir ou de se lever. Il bouillonnait intérieurement. Ce médecin l'empêchait de vivre, de repartir. Il pensait devoir faire usage d'une autorité de père, mais il n'en était pas un.

Il perdait son temps là, dans ce lit à ne rien faire.

Les recherches qu'il avait faites ne lui serviraient pas à grand chose s'il ne pouvait pas bouger ni se lever. Il fallait qu'il se dépêche. Il n'avait pas tout son temps comme semblaient le penser ces deux hôtes.

Il referma son poing sur ce qu'il avait entre les doigts, comme pour se l'imprimer sur la paume de la main. Il serra les dents. Il n'avait vraiment pas le temps.

Il s'était promis qu'à l'aube de la troisième semaine, il partirait. Quoi qu'il arrive. Et si on l'en empêchait, il pousserait et s'énerverait.

Le médecin bouillonnait lui aussi. Il n'avait pas trouvé d'où venait cet enfant, ni qui il était. Et il ne les aidait pas, il était complètement muet et refusait d'ouvrir la bouche si quelqu'un entrait dans la chambre.

Plus le temps passait, plus il croyait à l'hypothèse du délinquant en fuite. Et, tout ceci inquiétait la propriétaire de la maison, qui n'avait aucune envie d'héberger un jeune désabusé, qui profitait de sa gentillesse pour continuer de faire ses petits caprices d'enfant mal éduqué.

Ca ne pouvait plus durer comme ça. Il s'était promis qu'au premier jour de la troisième semaine, il irait lui parler. Quoi qu'il arrive. Et s'il ne voulait rien lui dire, il reposerait les questions, et resterait tant qu'il n'aurait pas de réponse.

Les jours passèrent, longs et monotones. L'enfant s'acharnait à chercher, dans l'hypothèse de trouver toujours plus de détails, et d'endroits à aller visiter.

Il examinait chaque fois plus le bouton d'ornement qu'il avait tiré de sa poche et auquel il tenait tant, espérant découvrir un nom gravé, ou une simple lettre, invisible aux premiers coups d'oeil, et qui aurait pu être dissimulé dans les entrelacs marins de l'objet. Mais il ne trouvait rien.

Heureusement, c'était un bouton particulier, qui ne se trouvait pas dans n'importe quel magasin. Il avait plusieurs hypothèses qui pourraient lui permettre de remonter jusqu'aux personnes concernées. Mais deux entreprises avaient également attiré son attention, arborant des dessins similaires à ceux du bouton pour leur logo. Il brûlait d'envie de se lever, de marcher, de leur rendre visite sur place pour faire son enquête et voir par lui-même si elles avaient un quelconque rapport avec son histoire.

Alors, plus la semaine avançait, plus il se préparait. Il bougeait les pieds et les jambes pour reprendre de la vigueur. il se relevait contre le coussin pour faire des exercices. Il tentait de réveiller son corps, par petits moments dans la journée. Il ne voulait pas, encore une fois, tomber comme un débutant dès le pied sorti du lit. Et puis, il semblait en bonne voie de guérison. même le médecin semblait en être satisfait. Il avait bon espoir qu'il soit rétabli rapidement. Il lui retirait au fur et à mesure quelques traitements, changeait des médicaments par d'autres moins puissants. La nuit passée, il serait assez en forme pour partir.

Le lendemain matin, le blessé paraissait de bonne humeur. La douleur l'avait quitté au fur et à mesure, sa blessure commençait à cicatriser, et il était prêt à sauter du lit pour s'évader. Mais il n'irait pas tout de suite. Il entendait quelqu'un préparer le petit-déjeuner dans la cuisine. Il se préparait seulement.

Il bougea un à un les orteils, replia doucement ses jambes sur lui, étira les bras, s'assit dans le lit, et soupira de bonheur. Enfin, il avait retrouvé son corps, sans fourmillement, sans douleur, sans vertige.

Ce matin-là, le médecin était prêt. Il avait préparé un discours, retourné les questions dans sa tête pour qu'elles ne paraissent pas agressives, ni blessantes. Il ferait comme d'habitude. Il irait le voir après son petit-déjeuner, avant d'aller travailler. Et, ce jour-là, Sandrine ne risquerait pas de lui faire peur ; elle dormait encore profondément.

Il mangea tranquillement et alla vers la chambre quand son téléphone sonna.

"Oui ? l'entendit répondre le blessé juste devant la porte. ... Vraiment ? ... Et vous n'avez personne d'autre pour le remplacer ? ... Oh, ça me flatte. J'arrive. Si tout va bien, je suis à l'hôpital dans vingt minutes. Gardez-le au chaud."

D'un pas, il fit demi-tour et sortit de la maison, laissant les deux autres occupants seuls dans la maison silencieuse.

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant