Chapitre 31

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"Peut-être que vous serez mieux au chaud, vous voulez venir vous reposer un peu chez moi ? J'habite dans...

-Non ! s'exclama Anton alors qu'elle tendait son doigt vers le coin d'une rue. Non, non, ça ira merci, on va se débrouiller, ne vous inquiétez pas. Vous, rentrez chez vous. C'est gentil d'avoir demandé."

Il s'était réveillé de sa torpeur et s'approchait de son ami qui levait des yeux interrogateurs sur la vieille dame. Anton prit le couteau dans la main de Gérard, le replia et le mit dans sa poche, puis le prit par l'épaule.

Il sourit à la femme qui n'avait pas bougé, pour l'encourager à retourner chez elle. Ce qu'elle fit, marmonnant un "Comme vous voudrez alors" après avoir détaillé leurs blessures.

Le regard du médecin se promena sur les façades des bâtiments en pierre autour d'eux. Une dizaine de lumières étaient allumées, et plusieurs personnes, à travers les persiennes, ou des rideaux opaques, les observaient.

"Anton... Il faudrait peut-être qu'on parte..."

Anton leva les yeux lui aussi, et acquiesça. Il le gardait contre lui, et l'emmena plus à l'intérieur du village. Il était hors de question qu'ils prennent le même chemin que le fou.

Par hasard, ils trouvèrent un hôtel qui avait une chambre de libre, ils en profitèrent pour demander à manger.

A un peu plus de deux heures du matin, dans une chambre d'hôtel inconnue, une assiette fumante devant eux, les deux amis étaient hébétés par le silence qui régnait.

Ils laissèrent le plat refroidir. Le reliquat d'une peur cauchemardesque repoussait la faim.

"Demain on s'en va, suggéra Anton d'un ton pourtant ferme."

Le médecin hocha la tête. Il commença à manger sans dire un mot, par bouchées timides. Son ami fit de même au moment où Gérard se leva, son assiette à peine vide, retira son manteau et s'installa dans le lit.

"On parlera demain d'accord. Je ne veux plus penser à ce qu'il s'est passé pour le moment.

-Bonne nuit, dit son ami en hochant la tête et terminant son repas."


"Pour le cambriolage, on risque cinq ans d'emprisonnement et 75000€ d'amende."

C'était les premiers mots de Gérard, au réveil, alors que Anton sortait, habillé, de la salle de bain. Ce dernier le dévisagea. Pourquoi lui disait-il cela ?

"Je crois avoir compris qu'on risque moins si on se dénonce."

Un frisson secoua Anton. Le cauchemar n'était vraiment pas terminé. Il avait fait un cauchemar pendant leur courte nuit, et il avait réussi à se persuader, pendant sa douche, que la situation n'était pas si désespérée...

"D'accord, dit-il malgré tout. On va le faire alors, laisse-moi juste quelques minutes."

Il prit son téléphone, puis son manteau. Il comptait tout expliquer à sa femme, immédiatement. Ils avaient tourné une page de leur histoire, malheureusement ils devraient en payer les conséquences. Il voulait être honnête avec elle, et le plus tôt possible. Il ouvrit la porte d'entrée, mais il se heurta à des uniformes le poing tendu vers la porte.

"Bonjour, monsieur. Police nationale. Officier Hugues."

L'homme, devant deux autres uniformes, lui montrait une carte de police. Anton avait lancé son appel, trop tôt, les sonneries résonnaient dans le vide. Gérard s'approcha. La voix féminine à l'autre bout du fil fit raccrocher son propriétaire, interloqué.

L'officier salua formellement Gérard en le voyant et continua :

"On aimerait contrôler vos papiers s'il vous plaît.

-Pourquoi ? tenta Anton, cherchant à jouer au plus innocent.

-On recherche deux hommes suspectés de vol. Et ils vous ressemblent.

-Tenez."

Gérard avait anticipé. Il n'avait pas envie, lui, de discuter. Il voulait que tout se passe le plus vite possible. Il était fatigué et s'il fallait qu'il ne revoie jamais Peter, il voulait enterrer le plus rapidement possible cette histoire absurde. Il tendait ses papiers et ceux d'Anton au policier. Ce dernier jeta un coup d'oeil aux cartes d'identité et fit un signe de tête affirmatif à ses collègues en arrière avant d'entrer dans la chambre d'hôtel, les informant qu'ils étaient mis en examen, en explicita la raison, et énuméra leurs droits.

Aucun des deux délinquants ne rétorqua, mais Anton semblait moins coopératif que son ami.

"Je tiens à dire qu'on allait se dénoncer, lança Anton alors qu'ils fermaient la porte de leur chambre."

Il n'eut aucune réponse.

Les agents les escortèrent jusqu'en bas de l'hôtel. Là, étaient garées trois voitures de police.

Ils en dépassèrent deux, et dans l'une d'elles, Gérard reconnut Peter, qui avait levé la tête en les voyant arriver. Il avait l'air étonnamment résigné. Le médecin, sans y prendre garde, lui avait sourit, comme pour le rassurer.

Parce que je t'aimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant