And everybody hurts, sometimes

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Hello everyone,

Bienvenue dans le second opus de ma duologie, qui débute par l'œuvre "A la semaine prochaine". Si tu arrives ici par hasard, rebrousse chemin, tu ne comprendras sans doute rien, et file lire ce premier ouvrage. Tu le trouveras sur mon profil.

Pour les autres, accrochez vos ceintures et embarquez pour ce voyage qui promet quelques secousses, mais aussi, je l'espère, de beaux paysages.

Love you all.

***

[R.E.M]

Simon

L'été est presque là. On peut déjà le humer. Il fait chaud, beaucoup trop chaud, pour la chemise et le pantalon en toile que j'enfile néanmoins. Il s'agit de ma tenue de travail. Celle dans laquelle je me sens psy. Or, plus que jamais, j'ai besoin de sauver les apparences.

Même si ces dernières s'avèrent trompeuses.

Nous ne sommes qu'à la moitié du mois de juin et le thermomètre affiche vingt-cinq degrés à 7h30. Les semaines à venir promettent d'être caniculaires. Je redoute tout autant la pollution qui va s'abattre sur nous d'ici peu que le métro bondé et aussi étouffant qu'un sauna.

Appuyé contre le bar entre le salon et la cuisine, je regarde la ville qui s'étale sous mes yeux en terminant mon café. J'aime Paris. J'aime sa culture, sa vie grouillante, ses rues pleines d'histoire et d'odeurs ainsi que ses petits coins cachés connus seulement de quelques rares habitants. Je n'y ai pas toujours résidé. Originaire de Savoie, je m'y suis installé en première année de licence de psychologie. Mes parents, désespérés par mon choix de carrière, m'avaient soutenu à leur façon en s'assurant que j'intègre la meilleure faculté dans ce domaine. C'est comme ça que j'ai atterri à la capitale. Comme ça que j'ai connu Raphaël. Comme ça que j'ai rencontré Alice.

Un sourire plein de mélancolie et de joie mêlées se greffe sur mon visage tandis que je me dirige vers l'évier pour y déposer ma tasse. Instinctivement, mon regard se pose sur le magnifique faire-part que mon meilleur ami m'a donné hier et qui trône sur mon frigo. Elizabeth est née il y a trois jours, avec un petit mois d'avance, en parfaite santé. Raphaël m'a appris la grossesse de Tania début décembre. J'ignorais qu'il se lançait dans ce projet, mais je suis ravi sincèrement pour eux. À bientôt 33 ans, je suppose qu'il est logique de fonder une famille.

Je porte un dernier regard attendri sur la photo du bébé avant de jeter un énième coup d'œil à ma montre. 7h35. Je suis à l'heure. Parfaitement à l'heure. Sans un mot, j'attrape ma sacoche et quitte l'appartement de mon habituel pas lourd.

Comme toujours, la légèreté me fuit.

Comme toujours, j'occulte mes sentiments, me concentrant sur mes rendez-vous à venir.

Si cela ne suffit pas, un livre m'attend lorsque j'aurais regagné le métro. Tout est bon pour ne pas penser. Travailler, courir, bricoler, redécorer le salon. Tout, plutôt que songer à elle.

Dehors, l'air printanier me saute aux narines, atténuant quelques instants ma morosité. Mon emploi du temps défile dans mon esprit. Consultations. Sport. Consultations. Maternité.

Demain, ce même programme recommencera, à une différence près. Je me rendrai chez Anthony plutôt qu'aux Bleuets. J'honore mes séances avec le psychiatre chaque semaine. Il constitue l'ultime fil qui me maintient en vie. Lui, et ses petites pilules qu'il me prescrit depuis les vacances d'automnes. Je suis risible. Totalement risible. Un psychologue qui se bourre de cachetons, quoi de plus ridicule ?

Soudain, un léger frisson parcourt mon échine. J'en reconnais immédiatement la vibration.

Je songe à elle tout le temps. Jamais consciemment, je ne me l'autorise pas, mais elle se niche dans mon esprit, chaque seconde de chaque minute. Je ne cherche plus à me défaire de son âme qui colle à la mienne. Anthony et moi avons travaillé là-dessus. Anna fait partie de moi. Elle se cache dans chacun de mes pas, chacun de mes gestes, chacune de mes pensées. Discrète, mais inexorablement ancrée.

A cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant