Reviens-moi, tu partiras mieux comme ça

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[Tryo]

Anna

En dépit de mes craintes, Simon et Chris se sont finalement bien entendus. Mon voisin a même réussi à le convaincre de participer à mon cours de surf. Bien que j'imagine mal mon psy en équilibre sur une planche, ce projet me ravit. Passer du temps à ses côtés, peu importe les occasions, me comble de bonheur.

Depuis son arrivée neuf jours plus tôt, Simon et moi ne nous sommes quasiment pas quittés. À vrai dire, en dehors des nuits qu'il passe dans son propre logement et de mes séances avec Marc, il ne me lâche pas d'une semelle. Cette proximité me plaît, et bien que je commence à me languir de contacts plus intimes, elle nous offre l'opportunité d'échanger. Beaucoup de sujets difficiles ont été abordés, pour autant, si notre complicité ne cesse de s'épanouir, quelques blessures encore vives nous empêchent de poser des mots sur notre relation. Ni Simon ni moi n'avons osé évoquer l'avenir. J'imagine que cette discussion s'accompagne de deux questions fondamentales toujours en suspens : vais-je rentrer à Paris et affronter Peter ?

Ma thérapie m'a permis d'avancer sur ces deux points. Si je ne suis toujours pas prête à reconquérir ma vie d'avant, je ne redoute plus autant de regagner la capitale. Cela étant, si j'envisage un jour de me battre contre ce connard d'avocat, il me reste quelques vérifications, à réaliser.

— Tu es magnifique !

La voix rauque de Simon, qui vient de tout juste d'arriver, interrompt mes pensées. Au moment où je pose mes yeux sur lui, je manque de m'étrangler. Vêtu d'un tee-shirt blanc ajusté et d'un short de bain qui lui tombe sur les hanches de manière presque indécente, le jeune homme n'a rien à envier à Chris Hemsworth. Rien du tout.

Ces derniers jours, le désir, que nous parvenions jusqu'à présent à contenir, s'avère de plus en plus difficile à réprimer. Chaque fois que nos peaux se frôlent, que nos prunelles s'épousent ou que nos souffles s'enlacent, il nous faut convoquer tout notre sang-froid pour ne pas céder l'un à l'autre.

— Tu peux parler !

Il ne répond pas. Ses pupilles dilatées indiquent que le spectacle de mon corps moulé dans un bikini bleu ciel minimaliste ne le laisse pas indifférent non plus.

— Je...j'ai pris des serviettes et de l'eau, ajouté-je en baissant les yeux pour me soustraire à son regard de braise.

Avec une rapidité étonnante, Simon s'approche de moi jusqu'à ce que sa peau effleure la mienne. Je tressaille. J'ai envie de dévorer sa bouche, putain.

— J'ai de plus en plus de mal à te résister.

Son aveu, débité de sa voix chaude au creux de mon oreille, manque de me faire défaillir. Mon ventre se creuse et mes cuisses se resserrent, tentant désespérément de soulager la tension que je sens croître.

— Personne ne te le demande.

Un silence torride envahit le salon, brusquement brisé par le claquement sec d'une porte qui se referme.

— Ah, vous êtes là ! Qu'est-ce que vous foutez ! Dépêchez-vous, on va être à la bourre !

Chris se fige net devant mon regard noir. Si mes prunelles avaient été des flingues, le beau surfeur reposerait dans une mare de son propre sang.

— Enfin, si ça vous va toujours, tente-t-il de se rattraper avec maladresse.

— Non, non, c'est parfait, on était seulement en train... d'ajuster quelques détails, assure Simon en passant la main dans ses cheveux, signe chez lui d'une certaine nervosité.

A cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant