[Thérapie Taxi]
Simon
Quelques coups secs contre la porte de ma chambre me tirent d'un sommeil dans lequel j'ai plongé sans m'en rendre compte. Tandis que je tente de chasser l'épais brouillard qui a obscurci mon esprit, les cognements s'intensifient, plus brefs et plus rapides.
Anna ?
Mon cœur s'emballe à l'idée que ma belle se trouve dans le couloir. Elle ne m'a donné aucune nouvelle depuis notre dispute hier matin, soit un peu plus de vingt-quatre heures. Si je comprends son besoin d'espace, son silence commençait très sérieusement à m'affoler.
— Oui, réussis-je à coasser.
Mes espoirs sont réduits à néant lorsque la petite tête ronde d'Anthony apparaît dans l'entrebâillement.
— Je peux entrer ?
J'acquiesce poliment, essayant de cacher ma déception et ma colère. Anthony est parvenu, par je ne sais quel tour de force, à rester mon psychiatre référent. Si je lui suis reconnaissant d'avoir accouru à mon chevet, m'épargnant ainsi des tonnes de confrontations avec des internes incompétents, la décision thérapeutique qu'il a prise à mon sujet me fout en rogne.
D'un geste vif, Anthony attrape une chaise et s'assoit à côté de mon lit. Son visage est grave, malgré le sourire qu'il affiche, et je sens que la conversation à venir ne sera pas des plus plaisantes.
— Je vois qu'on t'a enlevé ta perf, remarque-t-il.
Son paraît anodin, mais je ne suis pas dupe. Il me sonde avant d'entrer dans le cœur du sujet.
— Apparemment, je suis transféré demain matin, lâché-je avec froideur. C'est drôle, je ne me rappelle pas avoir accepté un truc pareil.
Anthony grimace devant ma réponse pour le moins directe et abrupte, toutefois, il ne se départit pas de son calme olympien. Je dois le saluer pour cette performance.
— Bref, l'unité psychiatrique du coin n'autorisant que les traitements per os*, il fallait bien m'ôter le cathéter.
— Bon, je constate qu'on ne va pas passer par quatre chemins.
J'esquisse une moue satisfaite. Il a opté pour l'honnêteté. Tant mieux. Je ne souhaite pas perdre de temps en simagrées idiots destinés à minimiser ses actes. Je comprends pourquoi le choix de m'envoyer en hôpital psy a été effectué et je ne m'y opposerais pas, même si j'en ai le droit. Toutefois, j'aurais préféré que nous échangions sur le sujet plutôt qu'il organise les choses sans me concerter.
— Cette idée ne t'enthousiasme pas, poursuit-il posément.
Je pince les lèvres. Tout, dans mon expression, suinte le mépris. Il me prend pour un con ou comment ça se passe ?
— On va dire que j'ai connu mieux comme programme de vacances. Quoi que, le club Med l'année de mes onze ans s'est avéré presque aussi ignoble.
— Tu peux te montrer autant cynique que tu le désires, Simon, mais tu sais qu'il s'agit de la seule solution pour le moment. J'ai agi dans le but que tu récupères le plus vite possible !
— Et alors ? Cette sollicitude touchante t'empêchait-elle de m'en parler ?
Anthony écarquille les yeux, surpris et agacé.
— Tu fais la gueule pour ça ?! Enfin, je t'ai juste réservé une place ! J'allais t'en parler ce matin, mais je n'avais pas anticipé que les infirmières aborderaient le sujet avant. La coordination n'est pas toujours simple, quand on ne connaît pas le service.
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A cœur perdu
RomanceATTENTION SPOILERS si vous n'avez pas lu le tome 1 Ravagé par le départ soudain et inexpliqué de la femme sa vie, Simon se remet difficilement. Affronter la perte de la belle Anna sans aucune explication à laquelle se raccrocher lui semble une monta...