Tour à tour, on se tourne autour, sans jamais avoir basculé

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[Brigitte]

Simon

Mon alarme me réveille à 8h30 tapantes. Fatigué, je grogne une bonne minute sous les draps, flanqué d'une érection comme je n'en avais pas eu depuis des lustres. Tandis que j'émerge peu à peu d'un sommeil réparateur, mes pensées se dirigent vers Anna, ce qui n'arrange rien à la situation sous ma ceinture. Au contraire. Dans un grondement sourd témoin de ma frustration, je chasse les fantasmes qui s'accumulent derrière mes rétines et me lève, ma queue toujours dure et dressée. Moi qui voulais garder mes distances le temps que nous réglions nos problèmes, j'admets que la tâche s'annonce plus difficile que prévu.

Après avoir calmé mes ardeurs sous l'eau glacée, j'enfile un short, un tee-shirt et des baskets puis rejoins la maison de ma belle journaliste. Devant le portail, elle effectue des étirements qui mettent en avant les courbes de son corps joliment musclé par son entraînement quotidien.

Les bienfaits de la douche froide sont subitement loin derrière moi.

Comme si elle avait senti ma présence, Anna redresse son regard et ses pupilles s'illuminent de la même joie qui anime mon cœur.

— Salut ! lance-t-elle avec enthousiasme. Bien dormi ? Prêt pour une bonne suée ?

Malgré moi, je dévisage ses formes que les tissus épousent. Ne surtout pas penser à sa peau luisante de transpiration. Surtout pas.

— L'air marin épuise, répliqué-je en détournant mon attention de sa silhouette tentatrice. J'ai ronflé comme un bébé et j'ai hâte de me dégourdir les jambes !

La mine taquine, la jeune femme passe devant moi, me gratifiant au passage d'une légère tape sur l'épaule.

— C'est parti !

Sur ces mots, elle s'élance avec rapidité et je la suis bon an mal an, remerciant intérieurement Anthony de m'avoir poussé à poursuivre la course. En silence, nous effectuons un parcours sur les hauteurs du village avant de nous arrêter, au bout de quarante-cinq minutes, sur un petit banc face à la mer. Là, au sommet d'une falaise, nous contemplons l'océan s'étendant à perte de vue.

Bouche bée, je me repais de ce paysage aux allures de carte postale paradisiaque. J'ignorais que le Finistère regorgeait d'endroits aussi somptueux.

— C'est beau, n'est-ce pas ?

Je pose mes yeux sur Anna, dont le regard transpire la sagesse. Je ne l'avais jamais vue si sereine. La femme qui se tient à mes côtés ne se cache pas, ne lutte pas, ne fuit pas. Elle ne s'excuse pas d'exister. Cette paix mêlée d'assurance lui confère un charme redoutable.

— C'est magnifique, approuvé-je doucement.

Et je ne parle pas que du panorama.

Nous regardons la mer en silence pendant un long moment, sans la moindre trace de gêne. Nos corps semblent se réhabituer à la présence de l'autre. Je me sens étrangement bien et, même si j'aimerais la serrer contre moi, je n'en fais rien. Je m'en voudrais de briser la quiétude de ce moment.

— J'aurais voulu que tu me fasses confiance.

Cette phrase fuse hors de ma bouche sans ma permission. Paniqué, je me tourne vers Anna pour jauger sa réaction. Comme si elle s'attendait à une manifestation de ce genre, cette dernière esquisse un fin sourire et m'invite à poursuivre. D'une voix teintée d'hésitations, je m'exécute, soulagé de pouvoir lui exposer ce que j'ai sur le cœur.

— En fait, je crois que c'est ça, le plus dur. Tu n'as pas voulu m'écouter concernant la nécessité d'une thérapie, tu es partie sans me prévenir... Tout ça revient au même point. Tu ne me fais pas confiance.

A cœur perduOù les histoires vivent. Découvrez maintenant