Chapitre 9 ~ Le temps, ce traître

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Bonjour tout le monde ! Nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture !

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    Le soleil était haut dans le ciel. La chambre d'Anya était baignée dans la lumière de ses rayons flamboyants mais rien ne pouvait la détourner de ses pensées noires. Des reliques ? Si ce n'étaient que des objets, ça n'aurait pas posé de problèmes. Mais il fallait que le sort s'acharne, il fallait que ces monstres pourtant brûlés vifs les défient encore, comme s'ils étaient toujours là, tapis dans l'ombre, attendant le moment opportun pour se révéler. Là, dans son lit aux draps de soie, vêtue d'un petit morceau de ce tissu qu'elle seule portait si bien, Anya tremblait à la fois de rage et de peur. En vérité, elle n'était plus que ça. Elle n'arrivait plus à penser à autre chose, à réfléchir correctement. Des reliques ? Des Deus ? Une guerre ? Il lui semblait retourner à cette nuit de chaos, dont elle n'avait aucun souvenir, seulement des sensations imaginées. Des frissons remontèrent comme des serpents affamés le long de ses bras, de son dos, un sentiment vivace d'angoisse la saisit. Des reliques ? Que pouvait-elle faire face à ça ? Rien, absolument rien. Il n'y avait aucune solution, aucun moyen de sortir la tête de l'eau, aucune chance. Elle voyait déjà son armée se faire massacrer, ses hommes et ses femmes sacrifier leur vie pour un royaume qui n'y survivrait pas. Que pouvait-elle faire face aux Deus ? Vikachev ne possédait rien qui puisse les arrêter, aucune stratégie ne pouvait être élaborée, aucune force supplémentaire pourrait ne serait-ce que les ralentir. Ils allaient se faire massacrer, parce qu'il n'y avait rien à faire militairement, parce que rien ne serait efficace.

    Elle ne voulait pas s'y résoudre. Elle ne voulait pas accepter sa défaite sans rien dire, sans ne rien pouvoir faire. Mais tout était vain. On ne cessait de lui répéter que le ciel n'était pas si noir, qu'un espoir subsistait. Etait-elle la seule à voir la flamme mourir, emprisonnée dans une cage de verre, privée de quoi vivre ? Etait-elle la seule à voir son reflet, blanc comme la mort, dans le verre qui la priverait de tout ? Militairement, il n'y avait rien. Un rien si profond et vibrant de désespoir qu'elle semblait y chuter constamment, sans rien à quoi se raccrocher.

    Elle bougea enfin, après des heures assise là, à voir le ciel se transformer sous l'épreuve du temps. Ce même temps qu'elle n'avait jamais craint, sauf aujourd'hui. Ses jambes flageolantes se dérobèrent sous elle alors ses mains se rattrapèrent aux draps. Elle s'infligea mentalement une claque, la dignité étant la dernière chose qu'elle possédait encore, seule survivante de la cage de verre. La Princesse enfila une jolie robe parme et des collants noirs puis accorda ses chaussures, toujours aussi hautes, à sa tenue. Elle se coiffa d'un de ces diadèmes qui n'avaient pas leur place sur sa tête.

    Pour la première fois en deux ans, elle voulait renoncer à son titre, renoncer aux conséquences qu'aurait leur défaite, sa défaite. Mais peu importait, pour l'instant, ce qu'elle voulait. Elle releva le visage et sortit de sa suite.

    Elle incarnait ce que chacun souhaitait devenir, elle était l'Idéal que chacun voulait atteindre. Etait-elle la seule à voir ses défauts, ses faiblesses ? Sûrement. Ils la rongeaient de l'intérieur, présentaient une carcasse incapable de faire plus que d'acquiescer à chaque remarque un peu moins débile qu'une autre de ses ministres pour sauver son peuple. Ce même peuple qui n'était pas au courant, ces mêmes familles qui envoyaient leur père, leur mère, leurs frères, leurs sœurs au combat en pensant sauver le royaume.

    On s'inclinait à son passage, on murmurait des compliments à sa vue. Elle, elle n'entendait que la rumeur des joyaux décorant son buste qui chuchotaient dans une langue inconnue, renforçant ce sentiment de gloire volée, d'honneur bafoué. Pourquoi ne voyait-elle pas la même chose que les autres ? Pourquoi son reflet n'était-il pas aussi brillant que ce que croyaient les autres ? Etait-elle si différente de l'image qu'elle renvoyait ?

Anya Nina Letsov [en cours de réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant