Anya Nina Letsov [en cours de réécriture]

Chapitre 10 ~ Puisse l'amour triompher de la guerre

Bonjour tout le monde ! Nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous plaira !

Bonne lecture !

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    On rédigea une lettre, une lettre d'excuses. On se plia face à Abratchev, on capitula. Puis, les mots décisifs furent posés sur le papier au sceau du royaume : ''Nous espérons pouvoir pardonner nos erreurs envers votre si beau royaume en offrant en mariage notre Princesse, Anya Nina Letsov, à son Altesse le prince. Que ce cadeau symbolise désormais la paix éternelle entre nos deux puissances et puisse l'amour triompher de la guerre.'' Le Roi signa et tendit la feuille à la Reine. La main de cette-dernière, tremblante, se suspendit au-dessus sans que le stylo ne se pose. Elle leva le regard vers sa fille et, après des secondes aussi longues que des heures, sa signature royale cela la proposition. La famille royale, rassemblée ce matin pour l'écriture à huit clos de la lettre, n'esquissa plus le moindre geste, n'osa plus parler. Adrien sortit sans rien dire et, enfin, le Roi adressa ces quelques mots à sa fille adoptive :

« La lettre partira ce soir. Tu peux changer d'avis, tu sais.

- Envoyez-la tout de suite, votre Majesté. Je ne reviendrai pas sur ma décision.

Il acquiesça gravement et se leva de son bureau personnel. Il congédia sa femme pour ne rester plus qu'avec elle.

- Je suis désolé, pour tout ce que je t'ai fait. Tu t'es occupée de Vikachev comme Adrien l'aurait fait. Sache que tu auras toujours ta place parmi nous.

Sa voix, tremblante d'émotion, ému Anya. Elle allait partir la tête haute, sans aucune rancune envers son royaume d'origine, sans aucun reproche. Si le prince d'Abratchev souhaitait la voir en colère d'avoir été sacrifiée, il allait être déçu. Jamais elle ne montrerait ses émotions, jamais elle ne se laisserait avoir par ce monstre. C'était là la promesse qu'elle formulait devant son Roi, l'unique qu'elle considèrerait jamais comme telle : elle ne se montrerait pas, quoi qu'il en coûte.

    Il la congédia et elle quitta le bureau, orientant ses pas vers le jardin. Il n'y avait personne malgré le soleil et la chaleur qu'il apportait, aucune tête qui s'abaisserait face à elle. La Princesse s'assit sur un banc au hasard et laissa ses pensées vagabonder. Elles n'étaient plus que chaos, s'entremêlaient indéfiniment, changeaient sans cesse. Mais peu importait finalement, non ? Elle n'avait pas à penser, juste à suivre. C'était difficile à accepter mais quelque part, c'était un soulagement. Elle n'avait rien à faire.

    Dans quelques jours, elle serait là-bas avec lui. Malgré le dégoût qu'il lui inspirait, elle dormirait dans le même lit que lui. Malgré la haine qu'elle éprouvait, elle devrait sourire et l'embrasser en public. Elle n'était pas sûre d'y arriver, son corps la trahirait forcément à un moment ou un autre. A elle de se contenir quand ça arriverait.

    Au loin, elle vit passer le Prince. Leurs yeux s'accrochèrent, le temps sembla se suspendre. Elle avait l'impression de le trahir, à passer à l'ennemi. N'avait-il pas tout fait pour qu'elle reste avec lui ? Ne l'avait-il pas défendu face au Roi ? Un jeune homme vint le trouver, faisant rompre leur échange muet. Il sembla lui tendre quelque chose mais elle ne vit pas quoi. Dans un murmure, Adrien le congédia puis disparut dans les couloirs.

    Anya rentra travailler un peu. Bientôt, elle n'occuperait plus ce bureau. Bientôt, elle n'aurait plus rien à faire. Peut-être que dans quelques années, quand elle aurait assez joué pour convaincre, son mari l'autoriserait à s'intéresser aux affaires d'Abratchev ? Mais combien d'années ? Deux, dix, vingt ? Cet homme était un psychopathe, qui pourrait prévoir ce qu'il lui ferait subir ? Allait-il la frapper ? Ou allait-il l'insulter ? Ou bien les deux ? Peu importaient les traitements, elle allait garder les lèvres scellées, ne se plaindrait jamais. Sinon, c'était son arrêt de mort qu'elle signerait. Peut-être même celui de Vikachev.